Accueil > Decouvertes > Thessalie > Magnissia > Skiathos

Moni Evangelistria

Le monastère d'Evangelistria (Annonciation de la Vierge, XVIIIe) ou Vangelistrias comme l'appelle les Skiathiens, est situé à 4 km au Nord de Hora en surplomb des gorges de Lekhounio à plus de 450m d'altitude, à côté de sources au lieu-dit Agalianos, au pied du Karaphlytzanakia, le plus haut sommet de Skiathos. La construction du monastère a été lancée en 1794 par un groupe de moines kollyvados qui furent forcés de quitter le Mont Athos suite à des perturbations issues de litiges sur la célébration des messes de Requiem canoniques le samedi plutôt que le dimanche dont l'objectif était un retour à la tradition de l'Eglise orthodoxe antique. Achevé en 1806, il est devenu l'épicentre des kollyvados lors de la dispute et les années suivantes. C’est un des monuments les plus remarquables des Sporades du nord.

Le plan du monastère est de forme rectangulaire de 60 mètres sur 38. De style byzantin, la principale église est située au centre du complexe, en forme de croix de 20 mètres sur 8 avec trois niches, une nef, un transept et trois coupoles couvertes de schiste gris. Elle abrite une iconostase en bois sculpté et des icônes portatives datant des XVIIe et XVIIIe siècles. La nef a été décorée d’hagiographes en 1822, le reste de l'Église étant sans plâtre. Les matériaux et l’étonnante manière de construire l’église et les autres bâtiments du monastère montrent que c'est le travail d’artisans hautement qualifiés, expérimentés, avec bonne humeur et une aspiration à la perfection. Du monastère il existe encore les cellules, le réfectoire, l’infirmerie, les maisons d'hôtes, la cuisine, la boulangerie, la presse d'olive, la bibliothèque et les chapelles de Saint Jean (Ioannis) et St. Déméter (Demetrios), les entrepôts, les écuries, les citernes et les réservoirs. Le monastère a été restauré et reconstruit. Il est toujours utilisé de nos jours comme monastère et l'esprit de kollyvados a profondément influencé la vie des insulaires Skiathien ainsi que l'écrivain le plus important de la prose grecque (moderne), Alexander Papadiamantis et l'auteur Skiathien Alexander Moraitidis.

Le monastère a fourni une assistance morale et matérielle significative aux mouvements prérévolutionnaires et durant la révolution de 1821. C’est ici qu’en 1807, le premier drapeau grec avec la croix blanche sur fond bleu fut conçu, tissé, béni et hissé. C'est sur ce drapeau que le Père Niphon a fait jurer les chefs de la guérilla suite à la grande assemblée qui s'est tenue au monastère d’énoncer des plans pour libérer la Nation (grecque).

Un grand nombre de reliques sacrées sont sous la garde du monastère. Dans la bibliothèque se trouvent des sceaux et des lettres, des manuscrits des cinq derniers siècles, des livres imprimés des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, des lettres de Saint Nicodème du Mont Athos, de Constantine Oikonomos, Théophile Kairis et bien d'autres. Des reliques sont conservées dans la sacristie : calices d'argent, plateaux, corbeilles à pain, pinces, croix de bénédiction en argent et en bois, chérubins et un exceptionnel manuscrit de l’Evangile avec de l'or, de l'argent et des pierres précieuses datant de 1785... Dans la sacristie de l'église principale se trouve un grand nombre d'icônes portables du IXe, XIIe et du XVIe au XIXe siècles. Un musée du folklore a également été installé dans l'ancien pressoir à olives monastère où de nombreux outils domestiques sont exposés, avec des outils d'agriculture et de construction tels que charrues, balances, broyeurs à main, faux, métiers à tisser et de nombreuses autres choses plus utilisées de nos jours.

Chaque litanie attire beaucoup de monde, surtout des jeunes, avec comme point d’orgue la Résurrection célébrée avec la Flamme sacrée de Jérusalem arrivant quelques heures plus tôt par un avion spécial affrété par l'armateur Andreas Potamianos. Des milliers de pèlerins affluent pour le 15 août. La veille, l'Épitaphe de la Vierge est amenée dans une atmosphère de dévotion unique avec des louanges à la Mère de Dieu chantées par les Skiathiens tous ensembles, coutume très peu fréquente en Grèce.