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CULTURE

 

Introduction, Arts, Identification culturelle, Karaghiozis

Pages sur l'Architecture

Pages sur El Greco et Ioannis Pagomenos

 

Les Grecs entretiennent une ancienne tradition culturelle, dans leur pays comme à l'étranger. S'ils se distinguent dans le domaine littéraire et brillent par leur passé antique et byzantin, leur patrimoine architectural récent, celui de l'habitat traditionnel, n'est pas négligeable. Les éléments de permanence culturelle sont la langue grecque - qui constitue le facteur principal de continuité culturelle de l'hellénisme (60 % du vocabulaire actuel étant celui d'Homère) - et l'orthodoxie.

 

Introduction

La culture grecque trouve ses débuts au troisième millénaire av. J.-C. Les cultures cycladiques et archaïques créèrent des formes d'art (sculpture et peinture) considérées comme modèles des formes d'art moderne. Lors de sa domination en Grèce, la civilisation romaine fut profondément influencée par l'héritage culturel Grec. C’est au XVIIème siècle que voit poindre en Grèce, alors dominée par les Turcs, la culture populaire Grecque moderne. Des oeuvres uniques illustrent la civilisation grecque antique tant dans les domaines de l'architecture et de la sculpture que des lettres. Le monument le plus impressionnant qu'elle nous a légué est le Parthénon se dressant avec d'autres chefs d'œuvre sur le rocher de l'Acropole d'Athènes.

La civilisation de la Grèce moderne puise ses racines dans la tradition populaire et ses brillantes oeuvres d'art. Les artistes grecs du XIXème siècle et du XXème siècles produisirent des oeuvres d'art contemporaines et d'un niveau égal aux réalisations artistiques du reste de l'Europe.

 

Les chansons démotiques (populaires) constituent des exemples d'une poésie de haute qualité faisant l'objet d'études littéraires et esthétiques. Elles n'étaient pas écrites mais chantées, musique et paroles formant un tout indissociable. Grâce à la tradition, nombre d'entre elles ont pu être conservées.

 

L'architecture grecque populaire présente également de l'intérêt. Mais l'œuvre du temps, les tremblements de terre et l'indifférence de leurs propriétaires ont fait disparaître un grand nombre de spécimens. Toutefois, des efforts sérieux ont été entrepris récemment visant à sauver ce qui reste et le conserver.

 

Le théâtre populaire dont les racines plongent dans le moyen âge néo-grec, a fourni un important répertoire utilisé encore régulièrement de nos jours par des troupes. Un spectacle d'un genre particulier est le «Théâtre d'ombres» portant le nom du personnage central, Karaghiozis. Ce dernier est l'antihéros populaire dont les facéties et singeries réjouissent les spectateurs - grands et petits - non sans toucher en même temps à des problèmes d'ordre social.

 

Arts

C’est dans l’archipel des Cyclades qu’ont été retrouvées des idoles en marbre datant de l’âge du bronze. Dès l’Antiquité, marchands, colons et militaires propagèrent l’art grec reconnaissable par l’ordonnance de son architecture ou ses statues ornant les temples.

La littérature grecque date de 500 ans av. J.-C., lorsque Athènes domine la Grèce. Les philosophes, comme Aristote, Platon et Socrate apportent de nouvelles idées. En théâtre, Eschyle est considéré comme le fondateur de la tragédie grecque tandis que Sophocle livre ses célèbres pièces « Antigone » et « Electre ». Enfin, Homère conte l’Illiade et l’Odyssée qui rendirent immortel le nom d’Ulysse. Plus récemment, le poète contemporain Odysseas Elytis a reçu un Prix Nobel.

Le cinéma grec est surtout connu à travers Théo Angelopoulos, palme d’or à Cannes en 1997 pour « l’éternité et un jour ».

Enfin, deux chanteurs ont dépassé en renommée les frontières de la Grèce. Il s’agit de Nana Mouskouri et Georges Moustaki.

 

Identification culturelle

La tradition architecturale grecque exprime par sa diversité le morcellement de l'espace et les diverses influences culturelles qui s'y sont entrecroisées. Dans les régions de montagnes, en Épire et en Macédoine, l'architecture balkanique se caractérise par ses constructions massives mettant en valeur les toitures en pente, comme dans le village de Zagoria. Dans le sud du Péloponnèse, dans le Magne, de magnifiques maisons-tours en pierre (pyrgospita) expriment le besoin de défense dans une société dominée par la vendetta. Dans les Cyclades, les maisons, dont le toit en terrasse permet de recueillir l'eau de pluie, forment, par leurs dessins géométriques, des paysages qui rappellent les tableaux cubistes. Dans l'Heptanèse, les influences italiennes prédominent, tandis qu'on perçoit le passage des Vénitiens et des Turcs dans certaines villes portuaires, comme Réthymnon en Crète. L'architecture ecclésiastique est plus uniforme; ses nuances expriment l'évolution du style byzantin plutôt que de véritables oppositions régionales. La Grèce moderne a réalisé une double rupture avec son passé architectural. Dans un premier temps, elle adopte le style néoclassique de rigueur en Europe pendant la première moitié du XIXe siècle; Athènes a été construite selon un tel schéma, ce dont témoigne encore le centre de la ville actuelle. À côté du néoclassicisme officiel des grands monuments, un courant d'obédience populaire s'est concrétisé par la construction d'un grand nombre de petits immeubles et de maisons d'un charme spécifique. Après 1945, une seconde rupture, celle du modernisme et des constructions en béton armé, produit un paysage urbain uniforme et de qualité médiocre.

 

Dans les domaines de la peinture et de la sculpture, la Grèce moderne suit l'évolution de l'Europe et surtout de la France, notamment pour le romantisme, le cubisme, l'art abstrait et le surréalisme. Quelques noms se dégagent, comme ceux du sculpteur Akhilleus Aperghis et des peintres Constantin Parthénis et Iannis Tsarouchis. Le cinéma grec, peu connu à l'étranger à l'exception des films de Theodoros Angelopoulos (le Voyage des comédiens, 1975 ; le Pas suspendu de la cigogne, 1991 ; Lumière et compagnie, le Regard d'Ulysse, 1995 ; l'Éternité et un jour, palme d'or au Festival de Cannes en 1998), a surtout produit des comédies reflétant les mœurs d'une société athénienne en mutation.

 

La longue tradition d'émigration des intellectuels et des artistes de talent s'exprime au travers de quelques grands noms: ceux de Maria Callas pour l'opéra, de Melina Mercouri et d'Angelique Ionatos pour la chanson, de Costa-Gavras pour le cinéma, de Iannis Xenakis et de Georges Aperghis pour la musique, de Cornelius Castoriadis et de Kostas Axelos pour la philosophie.

 

Karaghiozis

Le Karaghiozis (Yeux noirs) est un spectacle souvent nocturne de théâtre d’ombres, populaire et, dit-on, originaire de Chine. Les figurines articulées, construites en peau de veau transparent, sont animées par un « montreur d’ombres » les faisant bouger devant un écran blanc éclairé. Karaghiozis est aussi l’héros de ces pièces. C’est un Grec toujours affamé, vivant misérablement dans sa cahute, avec une ribambelle de gamins turbulents alors que le pacha (turc évidemment) a un sérail luxueux. Heureusement, il est ingénieux et a un grand bras (chez les Turcs, c’était un phallus démesuré...) qui lui permet de se défendre. Ce style d’art est malheureusement à classer dans les chefs d’oeuvre en péril.

 

Une légende raconte que Hatziavat était un chef de chantier à Bursa et qu'il construisait le palais du pacha. Karagioz, un de ses ouvriers, travaillait sur le chantier en tant que chef menuisier et amusait ses ouvriers en leur racontant beaucoup d histoires drôles. Les ouvriers passaient tellement de temps à écouter les histoires de Karagioz avec beaucoup d'admiration que les travaux du palais n'avançaient pas. Lorsque que le pacha découvrit la raison du délai non respecté, il ordonna la mort de Karagioz. Mais ayant eu un tel remord d'avoir ordonné cette mise à mort qu'il tomba dans une mélancolie terrible. Le chef de chantier Hatziavat eut alors l'idée de monter un théâtre de lumière en découpant dans un morceau de carton la silhouette de Karakgioz et en imitant sa voie, raconta les mêmes histoires. Les ouvriers finirent le palais du pacha dans la bonne humeur et ainsi naquit la légende de Karagkioisis. Cette légende arriva en Grèce en 1841 par l'intermédiaire d'un journal de Nafaplion relatant où qu'il aille cette histoire. John Vrahalis était le premier marionnettiste grec très populaire. En 1890, le marionnettiste Mimaros réussit à supprimer le langage grossier de mise auparavant par une version plus familiale et satyrique telle que nous la connaissons maintenant pour le plaisir de tous. Il y a peu de personnages féminins tout simplement parce que ce sont des hommes qui animaient les marionnettes. Dans les personnages principaux on retrouve le pacha, sa fille et un personnage appelé Derven-aga.

Pour être Karaghiosis il n'y a pas d'école. On doit apprendre sur le tas en commençant comme apprenti auprès d'un Karaghiosis et devenir plus tard maître. Un bon Karaghiosis doit savoir tout faire : il construit son propre théatre, son décor, fait lui même ses marionnettes dans du cuir d'ânes et invente lui même ses textes sans jamais les écrire. Il fait aussi ses arrangements musicaux et les effets spéciaux. C'est un homme à tout faire. C'est un art populaire et traditionnel à part entière.

Pour la petite histoire le personnage en carton du théâtre d’ombres grec fut utilisé comme premier support publicitaire. Il invitait les spectateurs avec la malice qui le caractérise, à consommer tout ce que la Grèce de l’époque du roi Othon avait à offrir de nouveau et de meilleur. Au début quelques restaurateurs, timidement, confièrent la publicité de leur établissement aux bons soins de Karaghiozis : «Avec cinq paras (monnaie de l’époque) tu remplis ton estomac pour deux jours, avec la meilleure «fassolada» (haricots cuisinés) et la moins chère, seulement au restaurant de Christidis». Fortuné, Christidis!! Il lui fallut peu de temps après cette formule de publicité pour louer le magasin d’à côté et doubler sa clientèle. La réussite de Christidis donna le coup d’envoi à une publicité massive et illimitée. Les bureaux matrimoniaux, en passant par les écoles de danse, les agences immobilières, les fleuristes et les pharmacies, tous sollicitaient la publicité miraculeuse de Karaghiozis.

Monsieur Kassimis, chausseur déjà très réputé, ne peut rester apathique devant des résultats si convaincants. Monsieur Kassimis a appris le métier de chausseur à Paris. Pendant trois ans il s’initia aux secrets de la mode parisienne. A son retour à Athènes, il ouvrit le plus luxueux magasin de chaussures rue «Hermaiki» (Ermou). Au départ il confectionnait uniquement des chaussures pour hommes mais rapidement une clientèle féminine l’obligea à faire appel à deux célèbres artisans français, Lassale et Betinau, que les Athéniens appelaient «messié Petinos» (coq en grec). Même Karaghiozis vantait son savoir faire : «Les mains de messié Petinos font pour vous mesdames, les plus beaux souliers». «Si tu veux acheter des bottines françaises, va vite chez Kassimis, qui se rend deux fois par an à Paris pour ramener la mode à Athènes» continuait Karaghiozis dans sa foulée publicitaire.

Avec de tels arguments il est aisé d’imaginer l’impact de l’annonce sur les élégantes Athéniennes. Karaghiozis, continua à faire de la publicité jusqu’à l’époque du roi Georges Ier (1863-1913). Les journaux et plus tard le cinéma remplacèrent la pittoresque marionnette en carton.