On célèbre les fêtes de Pâques depuis la nuit des temps. Le peuple juif commença à fêter Pâques en souvenir de sa fuite vers l'Egypte. Les premiers chrétiens continuèrent à célébrer ce jour saint et gardèrent le nom de « Pâques » en souvenir de la résurrection, symbole du passage de la mort à la vie. Ils conservèrent ainsi certaines coutumes juives : l'agneau pascal et la tradition des œufs peints en rouge. Célébration de la Résurrection du Christ, de la victoire de la vie sur la mort coïncidant de manière significative avec cette éternelle renaissance de la nature qu'est le printemps. Pâques est, pour les Orthodoxes, la fête religieuse la plus importante et la plus émouvante, un des moments les plus forts en Grèce. Un grand nombre de manifestations sont organisées dans toute la Grèce et c'est ce jour-là que l'on mange l'agneau à la palikare, c'est-à-dire rôti à la broche tout d'une pièce.
Joyeuses Pâques se dit "Kalo Paska".
La période pascale débute par toutes sortes de réjouissances, dont un carnaval (correspondant au Mardi-Gras) appellé apokries. Ensuite vient un carême de 40 jours souvent très suivi. L'office religieux commémorant la résurrection du Christ a lieu en Grèce, le samedi soir veille de la fête. Les fidèles s 'y présentent avec un cierge non allumé à la main. L'église est plongée dans les ténèbres, symbole du tombeau du Christ. Lorsque retentit le 12ème coup de minuit, annonçant la naissance d'un jour nouveau, le prêtre apparaît sur l'autel, porteur d'un cierge allumé, et entonne un cantique. Les fidèles se passent le feu en allumant leurs bougies les uns après les autres et l'église s'illumine. A la fin de la cérémonie les fidèles se dispersent et rentrent chez eux pour déguster le festin préparé par la maîtresse de maison, souvent ce repas est une soupe copieuse appelée mayeritsa, faite à partir des abats de l'agneau pascal. Comme dessert on déguste le pain brioché appelé Tsoureki, cuit avec des oeufs colorés en rouge.
Le rituel des oeufs (dont la couleur rouge symbolise le sang du Christ) peut commencer. Demandez à votre enfant d'offrir ses oeufs aux invités (chacun doit avoir le même nombre d'oeufs). Les duels se font deux par deux, le gagnant étant celui qui parvient à garder un oeuf intact. Chaque participant tente de casser l'oeuf de son adversaire en le frappant avec son propre oeuf. En frappant l'oeuf de son adversaire chacun prononce "Christos Anesti" (Le Christ est né). Tout l'art du jeu est de jouer avec les points de résistance des oeufs. A la fin des duels, gagnants et perdants mangent ensemble les oeufs ! Pour teindre les oeufs, des colorants alimentaires (en sachets) sont trouvables dans des épiceries spécialisées.
Le lendemain les hommes se lèveront tôt pour cuire l'agneau pascal à la broche tandis que les femmes prépareront les plats de légumes. Ce sera l'occasion de festoyer, de se régaler et fêter Pâques.
LE LUNDI PUR
Après avoir festoyé pendant toute la période du carnaval, la période du Carême orthodoxe débute le jour du Kathari Deftera, littéralement « Lundi pur ». Ce premier jour de Carême est appelé Lundi pur parce que, jadis, les ménagères passaient la matinée à laver les ustensiles de cuisine et à nettoyer leur cuisine après les préparations des repas de carnaval. Le jour du Lundi pur marque la préparation à une période de jeûne durant 40 jours. A cette occasion, les amis se regroupent pour se rendre à la campagne, à la montagne ou au bord de mer, où l'on dresse la table pour déguster salades fraîches, oignons frais, radis, poulpe grillé ou en ragoût, olives, taramosalata, dolmades (feuilles de vigne farcies), haricots blancs, pommes de terre bouillies, le traditionnel lagana (pain plat sans levain, cuit uniquement ce jour-là). Ce jour-là le ciel s'emplit de cerf-volants multicolores que petits et grands prendront plaisir à faire voler. Les adultes fêtent l'événement un verre de vin à la main.
Dans de nombreuses communes, les mairies organisent de grandes réunions où l'on déguste une traditionnelle soupe aux haricots blancs cuisinée dans de gigantesques marmites accompagnée du lagana, de quelques olives et d'une tranche de halva. Et comme partout en Grèce, le vin coule à flots. Les Orthodoxes pratiquants entament alors une période de jeûne qui durera les 40 jours du Carême et se prolongera le temps de la Semaine sainte, soit un total de 47 jours. Ce jeûne appelé nistia obéit à des règles très strictes. On ne consomme aucun produit d'origine animale (viandes, volailles, poissons) parce qu'ils contiennent du sang, ou dérivés de l'animal (œufs, lait, fromages). Ceci a donné lieu à l'élaboration d'une cuisine maigre mais variée, et aux saveurs exquises comprenant surtout des féculents (lentilles, haricots blancs), des légumes de toutes sortes, des mollusques et des crustacés (poulpes, sèches, calamars, crevettes…). Il faut cependant insister sur le fait que cette nistia est exempte de tout esprit d'exagération, d'intolérance ou de prosélytisme, et que chacun est libre d'adapter plus ou moins souplement ces règles à sa convenance. Jeûner ne relève en rien d'un esprit de privation ou de mortification, mais participe plutôt d'une volonté de s'élever au dessus des contingences matérielles qui peuplent notre quotidien, pour se consacrer plus librement au recueillement, à la prière et à la réflexion. Ce jeûne sera rompu à deux reprises, le jour de l'Annonciation, le 25 mars, coïncidant avec la commémoration du début de la insurrection contre les Turcs, et le jour des Rameaux. En raison de l'importance religieuse de ces fêtes, on consomme exceptionnellement du poisson.
La célébration des fêtes pascales débute le samedi précédant la Semaine sainte, le jour de la Saint Lazare. A cette occasion, dans quelques villages, les enfants font du porte à porte en chantant des kalanda et ramassent de l'argent et des œufs. Le lendemain, les fidèles se rendent à l'église où leur est donné une croix bénie faite de rameaux qu'ils placeront près des icônes de la famille afin qu'elle les protège toute l'année. Le lundi suivant débute la Semaine sainte, Megali Evdomada, qui se déroule au rythme des cérémonies religieuses relatant scrupuleusement les évènements importants de la condamnation à mort du Christ jusqu'à sa Résurrection, destinées à préparer les fidèles à vivre la Victoire de la vie sur la mort, la Purification (catharsis) du monde ancien, et à accueillir la Lumière Nouvelle. Les Grecs assistent massivement aux cérémonies religieuses.
LA SEMAINE SAINTE
Numéro 1 au hit-parade des fêtes religieuses grecques, la Semaine Sainte est traditionnellement plus importante que Noël.
Le Lundi Saint est consacré au nettoyage de la maison. On se prépare aux festivités prévues à la fin de la semaine.
Le Mardi Saint, on assiste aux vêpres où se déroule la sainte-onction. Comme le Christ qui bénit le pain, l'huile et le blé, les trois éléments fondamentaux et vitaux, le prêtre bénit à son tour les fidèles avec de l'huile sainte.
Le Mercredi Saint, les femmes confectionnent des biscuits secs, koulouria, ainsi que la brioche nationale, tsoureki, à l'occasion des fêtes pascales.
Le Jeudi Saint correspond, dans les évangiles, au dernier repas pris par Jésus avec ses disciples avant son arrestation, jour du procès du Christ par Ponce-Pilate et de sa mise en croix. A cette occasion, le pain et le vin furent bénis. Le prêtre lit des extraits des douze évangiles et pendant l'office, il simule le parcours du Christ portant sa croix, effectuant ce trajet autour de l'église. Après la messe du jeudi soir, les femmes et les jeunes filles pieuses se rendent à l'église pour préparer, en vue de l'enterrement du Christ, un cercueil en forme de lit à baldaquin en bois, décoré d'une multitude de fleurs, «l'épitaphe», devant lequel les fidèles viendront s'incliner. C'est aussi le jour où la maison est décorée avec soin et les œufs sont teint en rouge. En Grèce, les œufs teints en rouge font partie intégrante de la tradition pascale, ils ont gardé leur importance, ils sont présents dans tous les foyers et l'on en place souvent un au centre des brioches, tsourékia. Dans certains villages, on accroche aux portes des maisons un voile rouge, symbole des vêtements du Christ. A cette occasion on offre également aux enfants une lambada (cierge de couleur décoré d'un petit jouet) et une paire de chaussures ou une tenue neuve.
Le Vendredi Saint, jour de deuil, les chrétiens commémorent la passion et la mort du Christ par « l'adoration de la croix ». Ce jour est celui du jeûne austère : personne ne mange de mets sucrés et le repas se compose de lentilles et de vinaigre, dont la signification respective sont les larmes du Christ et le vinaigre ayant servi à humecter ses lèvres asséchées. On n'utilise ni marteau, ni clou ou aiguille, en souvenir du martyr du Christ. Après la messe de 11 heures, le Christ est descendu de la croix par le prêtre et il sera enveloppé dans un linceul. Le prêtre le portera sur son dos et durant un rituel le tournera trois fois autour de l'autel. Les croyants grecs se prosterneront alors devant l'épitaphe et recevront la bénédiction en même temps que quelques brins de fleurs qu'ils conserveront tout au long de l'année en guise de porte-bonheur. Le vendredi soir, après l'office, chaque église sort son épitaphe, précédé de la croix de laquelle on a descendu le Christ, et entame une procession accompagnée par une fanfare jouant un chant funèbre que l'on pourrait assimiler à une sorte de reconstitution symbolique de l'enterrement du Christ, laquelle sera suivie par une multitude de fidèles dans un recueillement intense. Tout au long de la procession, les fidèles jettent des fleurs et parfument l'épitaphe, tout en tenant dans leurs mains des cierges de couleur jaune-orange et en psalmodiant pendant toute la durée de la procession.
Le Samedi Saint, à l'obscurité se substitut la lumière, c'est la grande messe de la Résurrection. La sainte Lumière arrive de Jérusalem par avion et est accueillie par l'archevêque de Grèce pour être ensuite distribuée dans toutes les églises de Grèce continentale et insulaire. Les prêtres l'utiliseront lors de la messe de Résurrection. A minuit, le pope allume un cierge et apporte la Lumière en annonçant la Résurrection du Christ : « Christos anesti » (le Christ est ressuscité) et les fidèles massés devant l'église lui répondent : « Alithos anesti » (il est vraiment ressuscité) et les cloches carillonnent sans relâche. On bénit aussi l'eau qui devient à son tour eau nouvelle. Le cierge du pope sert lui-même à allumer les lambades (cierges pascaux) de couleur blanche des fidèles et les autres lumières de l'église, célébrant ainsi la sortie des ténèbres et le retour de la «Lumière» symbolisant «la Vie éternelle, le renouveau, le pardon universel et la Rédemption». Les fidèles s'embrassent et un feu d'artifice clôture la célébration. Après l'office, tard le soir, les fidèles rentrent chez eux avec leurs cierges allumés. Avant de pénétrer dans leur demeure, ils tracent une croix à l'aide de la flamme de la bougie sur le linteau de la porte d'entrée puis allument la mèche d'une veilleuse espérant qu'elle restera allumée tout le reste de l'année. Enfin, on se retrouve à table autour de la mayiritsa, soupe d'entrailles d'agneau et de laitues, plat pascal par excellence. On distribue à chacun un œuf peint en rouge. Tenu dans la main droite fermée, en laissant dépasser de moitié, le but est de ne pas le briser à son extrémité lorsqu'on le cogne avec un autre. Celui qui réussit à garder son œuf intact aura de la chance.
Le Dimanche Pascal se déroule dans une ambiance bonne enfant et les familles se retrouvent autour de l'agneau pascal entier rôti à la broche accompagné de kokoretsi (abats d'agneau enveloppé dans un boyau), de koulouria et du tsoureki. Dès le matin, dans les jardins, les cours ou sur les trottoirs, les hommes s'activent et se relaient mutuellement autour de l'agneau, tournant inlassablement la broche du barbecue en trinquant un verre de vin à la main. En fin de journée, les fidèles assistent à l'office de la «seconde résurrection» : celle d'une résurrection symbolique de l'amour humain.
Ce jour-là, beaucoup de commerces sont fermés.