La période des fêtes de fin d'année en Grèce débute la veille de Noël et se termine à l'Épiphanie. Elle s'étend sur une période de 12 jours appelée Douzaine. Durant cette Douzaine, de nombreuses coutumes (variant d'une région à l'autre) sont célébrées à travers tout le pays. Elles résultent de fêtes chrétiennes et de croyances païennes que le Christianisme a tenté en vain de balayer. Ainsi les saints ont pris la place des héros et des dieux, protégeant et aidant selon leurs particularités. La persévérance et l'attachement d'une population, pour la plus grande partie agricole, à des coutumes ancestrales, ont obligé l'Église d'accepter les manières, les actions et les comportements contraires à ses dogmes. Au point que vers la fin de l'époque romaine, l'Église a remplacé toutes les fêtes païennes chères à la population comme les saturnales, les calendes et autres, en les transformant en fêtes chrétiennes. Dans les temps anciens, la période de Noël n'était pas la période de fête et d'allégresse qu'elle est aujourd'hui, elle représentait la victoire de la lumière sur les ténèbres. Pour ajouter foi à ces croyances, il faut avoir en mémoire que le 25 décembre est célébré quelques jours après le solstice d'hiver du 22 décembre, époque où la nuit est plus longue que le jour. Ainsi la fête de la naissance du dieu Mithra (dies natalis solis invicti), l'invincible soleil, le 25 décembre, est devenu au milieu du IVe siècle (354 ap. J.-C.), le jour anniversaire du Christ, la nouvelle lumière du monde.
Traditionnellement, chaque maison s'ornait d'une maquette de bateau, en bois, plus ou moins grande, décorée d'une guirlande lumineuse ou de petites bougies. A l'époque de l'antiquité classique à Athènes mais aussi dans les îles Ioniennes, un bateau sur une plate-forme faisait le tour de la ville pendant la fête des fleurs pour montrer à tout le monde la fin de l'hiver. Pendant les premières années chrétiennes, des groupes de jeunes gens allaient de maison en maison, en tenant un petit bateau entre leurs mains et en chantant les « Kalanta » pour annoncer l'arrivée de Saint-Basile.
Le sapin de Noël remplace aujourd'hui la traditionnelle maquette de bateau, toutefois, cette tradition a perduré dans certaines îles. On assiste néanmoins à un retour progressif de la maquette dans les vitrines et les foyers grecs, le sapin de Noël n'était pas une tradition grecque. Dans certaines provinces comme en Asie Mineure, les grecs, le soir de Noël, posaient sur la table un pain en forme de croix autour duquel ils disposaient des fruits secs et dans lequel ils plantaient une branche d'olivier qu'ils décoraient avec des pommes, des oranges et des figues. Toute la famille réunit autour du pain, le saisissait et le levait trois fois de suite en récitant « Le Christ est venu au monde, et cette table est celle de la Sainte Vierge ». Ainsi décoré, il était conservé devant l'iconostase jusqu'à l'Épiphanie avant d'être mangé.
En fait, le sapin de Noël est une tradition bavaroise, il a fait son apparition en Grèce en 1839 avec l'installation à Athènes de la cour bavaroise accompagnant le roi Othon Ier, monté sur le trône de Grèce libérée du joug ottoman. Très vite, le sapin décoré de cadeaux et de bougies a envahi tous les salons de l'aristocratie, il faudra attendre le grand essor économique de l'après Seconde Guerre Mondiale pour qu'il soit adopté par l'ensemble des foyers grecs.
NOEL
Le 24 décembre, veille de Noël, dans tout le pays, les enfants vont de maison en maison chanter les « Kalanda » (mot latin Calendae signifiant les premiers jours du mois de janvier célébrés avec pompe sous l'Empire Byzantin) en s'accompagnant d'un trigone (triangle métallique que l'on frappe à l'aide d'une tige métallique). Autrefois, les maîtresses de maison leur donnaient des sucreries, des fruits secs et des petits gâteaux mais aujourd'hui, dans les grandes villes, les enfants reçoivent de l'argent. Ce soir là, un repas frugal de réveillon clôt une période de jeûne de 40 jours. La table de Noël est dressée pour le lendemain et on se couche tôt pour assister à la messe commençant à quatre heures du matin et se terminant juste avant le lever du soleil, généralement les enfants portent des vêtements neufs et communient. Au retour de l'église, toute la famille mange du miel, des fruits secs et le « Christopsomo » (littéralement « le pain du Christ ») sorte de galette aux noix que la maîtresse de maison a préparé la veille et où elle a pris soin de laisser l'empreinte de sa main. Aux enfants découvrant l'empreinte sur le pain, la mère dit « Regardez le Christ est né. Il a touché le pain. Regardez les empreintes de ses doigts ». Le partage du pain du Christ répond à un rituel très important. Ainsi avant de le découper, le maître de maison fait le signe de croix avec un couteau sur le dos du pain. Il souhaite ensuite le « chronia polla » (nombreuses années) à toutes les personnes réunies autour de la table. Puis, il coupe les parts de pain, la première est réservée au Christ, la seconde à la maison et la troisième au pauvre, puis aux personnes présentes par ordre d'âge. Dans les régions rurales, on prépare communément des pains de la forme d'animaux de la ferme, tels que la vache, le mouton... Un ce des pains est même réservé au bétail : une fois celui-ci découpé, c'est la fille aînée de la famille qui se chargera de lui donner.
Le repas de Noël est constitué de dinde farcie et/ou de cochon de lait farci, de kourabiédès (sablés en forme de croissant de lune et nappés de sucre glace), de mélomakarona (gâteaux à base de semoule, huile d'olive, sirop de miel et recouverts de noix pilées) et de diples (sorte de crêpes frites enrobées de miel et saupoudrées de cannelle).
Dans certaines régions toutefois, comme par exemple à Lemnos, Noël est synonyme de sobriété : on se contente de placer, au centre de la table, quelques grenades et du miel. Pour les autres, les habituelles dindes farcies (à la viande, tomate et groseilles) ou le cochon de lait farci, sont suivis de nombreuses pâtisseries.
Le jour de Noël, la famille se rend au cimetière pour visiter les défunts, un prêtre chante un psaume à la mémoire du disparu, puis la maîtresse de maison offre le « kollyva », met composé de blé, de raisins secs, d'amandes, de graines de grenade, de sésame et de sucre glace qu'elle a préparé, à la famille et aux personnes présentes au cimetière. Néanmoins, Noël reste un jour de joie et d'allégresse que l'on passe en famille.
Le 25 décembre, les « Kalikantzari » font leur apparition jusqu'au 6 janvier, jour de l'Épiphanie.
Joyeux Noël se dit "Kala Christouyenna" en Grec.
Dans différentes régions de Grèce, un certain nombre de coutumes ancestrales sont toujours observées. Nous vous proposons quelques unes de ces traditions où l'on commémore encore les trois éléments fondamentaux à savoir le feu, l'eau et la terre.
Le feu, élément magique et purificateur, est célébré durant la nuit de Noël. Il doit rester allumé douze jours de la veille de Noël à l'Épiphanie. Dans l'île de Chios, le maître de maison coupe une grosse bûche, la place au centre de la pièce principale et répand des noix et des amandes tout autour afin que les enfants les ramassent et les mangent en chantant des chants de Noël. La maîtresse de maison dépose ensuite la bûche, appelée bois du Christ, dans la cheminée, et l'allume en ajoutant du bois épineux pour écarter les démons et les mauvais esprits. Les cendres seront répandues aux quatre coins de la maison la protégeant ainsi pour l'année à venir. De Noël à l'Épiphanie, autrefois, on plaçait dans la cheminée 12 fuseaux pour qu'en les apercevant les Kalikantzari ne descendent pas par la cheminée.
Dans l'île de Lefkade et à Parga, le maître de maison verse par trois fois du vin et de l'huile sur le foyer en croisant ces éléments.
Dans de nombreuses régions, on « marie » le feu en prenant du bois ayant un nom féminin et du bois ayant un nom masculin (il faut savoir que dans la langue grecque tous les noms de choses, d'animaux, de végétaux, etc. ne sont pas tous du genre neutre) et la maîtresse de maison dit : « je marie le feu pour le bien de la maisonnée ».
L'eau tient également une place très importante dans les coutumes grecques. Selon une croyance populaire, sources et fontaines sont visitées la nuit de Noël par les Nymphes et les Néraïdes leur donnant le pouvoir de guérir et de satisfaire tous les désirs.
En Épire, dans la nuit de Noël, les villageois offrent à leur fontaine du beurre et du fromage avant de lui « voler » son eau, en priant : « Ma petite fontaine, fais couler mes biens en abondance comme tu fais couler ton eau ». Ensuite, elles jettent dans leur cruche une branche de ronces et trois cailloux et rentrent chez elles silencieuses. Elles bénissent avec cette eau les quatre coins de leur maison et y éparpillent les trois cailloux. Toujours en Épire, dès l'aube, les jeunes filles vont chercher de l'eau à la fontaine pour préparer le levain de toute l'année, sans prononcer un mot à l'aller comme au retour. On appelle cette eau « l'eau muette ». Après avoir mélangé l'eau à la farine, elles allument une bougie en disant trois fois : « La lumière apparaît, le Christ est né. Ainsi que ma pâte soit bonne ».
Dans d'autres régions, la nuit de Noël, les enfants et les jeunes filles vont offrir du sel, du blé cuit et une branche d'olivier à la fontaine avant de puiser de l'eau.
Dans les régions maritimes, l'eau de la fontaine est remplacée par de l'eau de mer. La veille de Noël, presque tous les habitants des îles jettent dans leur maison une poignée de sable en souhaitant connaître autant d'années de bonheur pour leur maison et leur famille que de grains de sable lancés.
La terre nourricière, est représentée sur la table de Noël, dressée la veille. Après quarante jours de jeûne, il est bien compréhensible qu'une attention toute particulière soit apportée à la préparation du repas de Noël. Là aussi, de grandes similitudes existent avec les coutumes ancestrales. Dans presque tous les villages, on tue le porc qui est ensuite accompagné de choux frais ou salés surtout dans les régions de la Grèce du Nord.
A Redestos, la veille de Noël, les femmes préparent neuf repas différents symbolisant les 9 mois de grossesse de la Sainte Vierge.
A Chios, les filles du quartier se réunissent chez un voisin, ouvrent une fenêtre orientée à l'Est et plongent une branche de basilic sec dans un récipient d'eau, posé à côté de l'icône de la Vierge. Elles prient toute la nuit en attendant un signe du ciel. Parfois, un éclair traverse le ciel ou bien le basilic reverdit dans l'eau.
NOUVEL AN
Le 31 décembre, les enfants reprennent leur trigone et vont de maison en maison chanter les « Kalanda » dédiés à Agios Vassilis (Saint Basile). Ils reçoivent de l'argent ou des friandises en remerciement de leur chant. Les enfants accrochent leurs chaussures et leurs chaussettes aux fenêtres ou à la cheminée pour que le saint les remplisse de cadeaux.
Sur l'île de Chios, spécifiquement, les marins de l'île promènent dans les rues principales, des maquettes de bateaux mesurant 2 à 3 mètres, ornées de lumières et de petits drapeaux, tout en chantant des « Kalanda » d'un genre particulier. Ils se dirigent enfin vers la place centrale où a lieu une procession suivie de la remise des prix aux quatre plus beaux bateaux.
Le 1er janvier, fête d'Agios Vassilis, les traditions ce jour-là sont liées à l'heureux commencement de l'année nouvelle à travers tout le pays. A minuit, de retour de la grande messe, le maître de maison ou bien l'aîné des enfants, avant de pénétrer le premier dans la maison, jette sur le sol à l'intérieur de la maison une grenade avec vigueur afin qu'elle éclate en 1000 morceaux et chante « Nombreuses Années ! Heureux l'an nouveau ! » puis il entre du pied droit dans la maison. Si les personnes se trouvent dans la maison avant minuit, un peu avant le changement d'année, la personne désignée sort sur le seuil de la maison et attend le premier coup de minuit pour procéder au rituel de la grenade. La tradition de la grenade est une coutume ancestrale, ce fruit est un symbole d'abondance, de fécondité et de bonne chance. Dans de nombreuses maisons, on suspendait dans chaque maison une grenade dès l'automne.
Dans l'île d'Amorgos, la personne choisie par la famille fait le chemin de l'église à la maison en tenant à la main une icône. A minuit, elle fait deux pas dans la maison en disant : « qu'entre la chance! » puis fait deux pas en arrière en disant : « dehors la guigne ! ». Elle recommence trois fois ce cérémonial. La troisième fois, en pénétrant dans la maison, elle jette la grenade sur le sol dans la maison. Puis, tous les membres de la famille trempent un doigt dans du miel puis le sucent en disant que « l'année soit aussi douce que le miel ».
L'année se termine aussi joyeusement qu'elle avait commencé. À minuit, Agios Vassilis apporte des cadeaux aux enfants, les adultes échangent leurs cadeaux et tentent leur chance aux cartes, on joue au « 31 ». On coupe la vassilopita, sorte de quatre-quart rond aux amandes ou parfumé à l'orange, où l'on cache une pièce de monnaie portant bonheur toute l'année à qui la trouve. Les parts de vassilopita sont attribuées par ordre à Saint Basile, à la maison, à chaque membre de la famille, sans oublier la part du pauvre qui est la plus grosse. Dans les régions du littoral, la deuxième part est attribuée au bateau ou à la caïque et la troisième au pauvre.
Brun, mince, plutôt maigre, le visage anguleux, sourcils épais et barbe noire, vêtu comme un pèlerin byzantin, voici l’image que la tradition populaire donne au Père Noël grec, Saint Basile, (Agios Vassilis). En 356, un des plus grands Père de l’église, renonce à la carrière de rhéteur et opte pour la vie monacale. Il est nommé évêque de Césarée en Cappadoce (370) et décède le 1er Janvier 379. «Notre» Saint Basile, bâton de pèlerin à la main, visite villes et villages, portant la bonne parole et sa bénédiction épiscopale. Pour saluer le Nouvel An qui coïncide avec la célébration de sa fête, les enfants, très tôt le matin, font le tour des maisons en chantant la nouvelle de son arrivée. «Saint Basile arrive de Césarée pour visiter votre maison majestueuse Dame...» Les tables préparées dès la veille, sont abondamment garnies de victuailles pour que Saint Basile «puisse manger». Partout en Grèce, la veille du jour de l’An, nous prenons soin de Saint Basile en lui offrant le bien être de l’hospitalité grecque. Mais le Saint de Césarée ne rend pas seulement visite aux humains. Les animaux, que l’on a savamment parés, font également partie de son périple, tout comme les moulins, les fontaines et les bateaux dans lesquels on dépose des friandises. On dit que du temps de Saint Basile, le gouverneur de Cappadoce décida de se déplacer lui-même afin de collecter les taxes impayées, montrant ainsi son mécontentement et sa colère à ses sujets. Effrayée, la population demanda la protection de son évêque. Celui-ci conseilla que tous les habitants donnent un objet de valeur afin de l’offrir au gouverneur et ainsi apaiser sa colère. Effectivement ce geste lénifia le courroux du gouverneur qui, ému par l’éloquence de Saint Basile défendant la cause de ses ouailles, refusa les présents offerts. Chacun fut soulagé de pouvoir conserver son bien mais nul ne pouvait rendre chaque objet à son propriétaire. Une fois de plus, Saint Basile trouva la solution. Il demanda à chaque famille de faire une grande galette à l’intérieur de laquelle on dissimulerait un objet précieux. Saint Basile distribua les galettes et comme par miracle chacun a pu retrouver son bien. Depuis, en souvenir de cette belle histoire nous fêtons Saint Basile en préparant une galette sucrée qui porte son nom et à minuit, on sert le gâteau rituel du Nouvel An.
De belles coutumes se perpétuent dans certaines régions de Grèce, en voici quelques exemples :
Dans les Eptanissa, entre la mer Ionienne et la mer Adriatique, les habitants fêtent les derniers jours de l'année, en allant à l'église, mangeant, buvant mais surtout en se faisant des blagues. La veille du jour de l'An, les habitants descendent dans la rue avec une bouteille d'eau de Cologne et, en s'aspergeant les uns les autres, chantent : « Nous sommes venus avec des grenades et des fleurs pour vous souhaiter Bonne Année ! »
Les anciens athéniens attendaient Saint Basile la veille du jour de l'An, les portes de leurs maisons grandes ouvertes. Selon la tradition, il arrivait fatigué et affamé de son long voyage alors qu'ils dressaient sur une grande table de nombreux mets et gâteaux pour le recevoir. Toute la famille se réunissait autour de la table et attendait pour commencer à dîner. À minuit, ils éteignaient les lumières et ils chassaient sous les huées l'année passée en jetant sur la route une vieille chaussure.
Dans les Cyclades, si le vent du Nord souffle le premier de l'An ou si un pigeon survole la cour de la maison, les habitants le considèrent comme un excellent présage. Au contraire, si un corbeau vole au dessus de la maison , les habitants deviennent mélancoliques en pensant aux malheurs qui les attendent.
Dans certains villages, le matin du jour de l'an, les villageois, lors de leur toilette, effleurent leur visage avec un morceau de fer pour avoir la santé toute l'année.
Ce jour-là les gens évitent de payer leurs dettes, de prêter de l'argent, de travailler ou de donner du feu. Cela provient d'un vieil adage : « ce que tu fais et subis ce jour-là, se reproduira toute l'année ! ».
A Lassithi, le premier étranger venant en visite apporte une large pierre qu'il dépose au centre de la pièce, il s'assied dessus et souhaite : « bonne journée et bonne année à tous, et que de l'or entre dans la maison en quantité égale au volume de cette pierre ! ».
AGIOS VASSILIS, LE PERE NOEL GREC
En 356, un des plus grands Père de l'Église, renonce à sa carrière de rhéteur et opte pour la vie monacale. Durant cette période, il rédige les deux règles monastiques dont s'inspireront les deux grands législateurs du monachisme en Occident, Cassien et Benoît. Au plus vif des querelles ariennes, il est nommé évêque de Césarée en Cappadoce (370) et contribue à l'apaisement des esprits et au retour à l'unité de la foi. Il décède le 1er janvier 379.
Brun, mince, plutôt maigre, le visage anguleux, sourcils épais et barbe noire, vêtu comme un pèlerin byzantin : voici l'image que la tradition populaire donne au Père Noël grec, Agios Vassilis (Saint Basile). Nous sommes très loin du Père Noël potelé aux joues roses, à la barbe blanche, habillé de son costume rouge garni d'hermine, parcourant le monde la nuit de Noël sur son traîneau tiré par les rennes et plein de cadeaux. Bâton de pèlerin à la main, Agios Vassilis visite villes et villages, portant la bonne parole et sa bénédiction épiscopale. Pour saluer le Nouvel An qui coïncide avec la célébration de sa fête, les enfants, très tôt le matin, font le tour des maisons en chantant la nouvelle de son arrivée. « Saint Basile arrive de Césarée pour visiter votre maison majestueuse Dame ! » Les tables préparées dès la veille, sont abondamment garnies de victuailles pour que Saint Basile « puisse manger ». Les habitants d'Agiasso (Lesbos) posent même une grosse bûche dans l'âtre en guise de marchepied pour qu'il « puisse descendre par là ». Partout en Grèce, la veille du Jour de l'An, nous prenons soin de Saint Basile en lui offrant le bien être de l'hospitalité grecque. Mais le Saint de Césarée ne rend pas seulement visite aux humains. Les animaux, que l'on a savamment parés, font également partie de son périple, tout comme les moulins, les fontaines et les bateaux dans lesquels on dépose des friandises.
L'histoire de cette coutume remonte aux fins fonds des siècles. On dit que du temps de Saint Basile, le gouverneur de Cappadoce décida de se déplacer lui-même afin de collecter les taxes impayées, montrant ainsi son mécontentement et sa colère à ses sujets. Effrayée, la population demanda la protection de son évêque et celui-ci conseilla aux habitants de donner un objet de valeur afin d'apaiser sa colère. Effectivement ce geste lénifia le courroux du gouverneur qui, ému par l'éloquence de Saint Basile défendant la cause de ses ouailles, refusa les présents offerts. Chacun fut soulagé de pouvoir conserver son bien mais nul ne pouvait rendre chaque objet à son propriétaire. Une fois de plus, Saint Basile trouva la solution. Il demanda à chaque famille de faire une grande galette à l'intérieur de laquelle on dissimulerait un objet précieux. Saint Basile distribua les galettes et comme par miracle chacun put retrouver son bien. Depuis, en souvenir de cette belle histoire nous fêtons Saint Basile en préparant une galette sucrée portant son nom et mangée à minuit. Une pièce d'or cachée à l'intérieur de cette galette devient présage de bonheur pour toute l'année à celui qui la trouvera.
LES KALIKANTZARI
Kalikantzari, quelles créatures se cachent derrière ce nom mystérieux ?
Ce sont des esprits démoniaques décrits comme étant noirâtres, très laids et très maigres. Extrêmement grands ou parfois très petits, selon les légendes, ils ressemblent à des nains aux visages sombres et aux cheveux longs et raides. Leurs ongles sont crochus, sales et d'une longueur égale à la taille de leurs mains. Leurs pieds sont de travers et quand ils marchent, ils semblent boiter. Ils portent des chaussures faites d'une semelle en bois ou en fer, ressemblant ainsi à des pieds de bouc. Ces esprits, habillés de vieilles guenilles et même parfois nus, portent un bonnet en poil de cochon sauvage.
D'où viennent-ils ?
Les récits relatant les exploits des Kalikantzari remontent à des temps très éloignés. Les Anciens croyaient que les âmes trouvaient la porte de l'Hadès ouverte et profitaient pour monter dans le monde d'en haut, courrant partout sans contrôles ni interdits.
Beaucoup plus tard, les Byzantins fêtaient la Douzaine en musique, chansons et mascarades. Les hommes, le visage masqué, en profitaient pour commettre toutes les vilenies possibles en faisant preuve de beaucoup d'audace et sans éprouver la moindre honte. Ils importunaient les gens sur les routes, envahissaient les maisons et chamboulaient les ménagères. A ceux qui avaient fermé portes et fenêtres, ils réclamaient des saucisses et des gâteaux afin de les épargner. Cependant, ils trouvaient toujours un moyen pour pénétrer dans les maisons même s'il fallait pour cela passer par la cheminée. Cela durait douze jours jusqu'à l'Épiphanie où avec la grande bénédiction tout s'arrêtait et les hommes se calmaient. Au fil des années, des croyances restées vivaces et de l'imagination populaire sont nées des créatures forcenées que l'on appelle les Kalikantzari.
Selon la tradition, de Noël à l'Épiphanie, on les voit apparaître dans les campagnes, sur les routes et dans les maisons. Ils surgissent des entrailles de la terre où, durant l'année entière, en jalousant le monde d'en haut, ils emploient tous leurs efforts pour tenter de scier les colonnes en bois qui soutiennent la terre afin qu'elle s'effondre. Et au moment où ils touchent au but, Noël arrive, le Christ naît, et miraculeusement le bois se reconstitue. Fous de colère, ils s'enfuient alors et envahissent la terre pour tyranniser les gens.
Que font-ils ?
Ils se livrent à toutes sortes de folies. Ainsi, les Kalikantzari courent les chemins, grimpent sur les toits et entraînent les humains ayant commis l'imprudence de sortir en pleine nuit et les obligent à danser jusqu'à l'épuisement. Si par malheur, ils réussissent à s'introduire dans une maison par la cheminée, au cours de danses diaboliques, ils cassent la vaisselle et gâtent les plats préparés. Voilà pourquoi, les humains calfeutrent les conduits de cheminée et y font également brûler de l'encens dont les Kalikantzari ne supportent pas l'odeur. On accuse les Kalikantzari de provoquer tous les maux survenant dans la maison pendant cette période. Sorte de Père Fouettard, les mères menacent les enfants désobéissants de laisser entrer les Kalikantzari pour qu'ils les emmènent avec eux.
Par exemple, on peut raconter l'histoire rapportée par une femme. À la veille d'un Noël, alors qu'elle avait achevé la préparation de ses gâteaux, elle s'aperçut que la nuit était tombée. Elle avait été abusée par la lune car selon le dicton « Avec la lune de janvier, la nuit, il fait presque jour ». Elle courût tout de même réveiller ses enfants afin qu'ils aillent porter les gâteaux à cuire chez le boulanger. Les enfants se levèrent et se mirent en route mais l'aurore tarda à se lever et soudain au détour d'un croisement, ils entendirent des rires et des voix. En un instant, les Kalikantzari envahirent la rue, s'emparèrent des moules et renversèrent leur contenu sur le sol en dansant diaboliquement. À l'heure du chant du coq, les Kalikantzari épuisés abandonnèrent les plats sur les toits des maisons et s'enfuirent en tirant leurs langues rouges comme les flammes de l'enfer et en agitant leurs queues comme des soufflets. Les enfants évanouis n'avaient aucune force pour se relever, on les secoua et les aspergea d'eau bénite. Ils reprirent leurs esprits et racontèrent leur malheureuse rencontre avec les Kalikantzari. Après leur récit, plus personne n'osa s'aventurer au dehors à la nuit tombée, durant cette Douzaine de jours.
Comment les empêcher d'agir ?
Chaque région de Grèce possède ses propres méthodes afin de se protéger des Kalikantzari. Ici, on suspend aux portes des passoires, ainsi, les Kalikantzari attirés vont commencer à compter les trous, et absorbés par leur tâche, la nuit s'écoulera et le jour se lèvera sans qu'ils n'aient eu le temps de commettre leurs forfaits. Là, les maîtresses de maison tentent d'amadouer les Kalikantzari en accrochant dans la cheminée, la veille de Noël, une saucisse puis la veille de l'Épiphanie elles disposent sur les toits, des gâteaux qu'elles ont spécialement préparé pour les Kalikantzari. Ailleurs, les maîtresses de maison laissent à l'intention des Kalikantzari une assiette pleine de gâteaux et de miel, dans l'espoir qu'ils restent collés dans le miel. En d'autres endroits, les habitants brûlent de vieilles chaussures dans les cheminées, une épaisse fumée se dégage qui tient éloignés les Kalikantzari de la maison ou bien encore, les hommes jettent du sel dans les flammes qui, en crépitant, effrayera les Kalikantzari.