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Delphi
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L'histoire de Delphes se perd dans la préhistoire et dans les mythes des anciens Grecs. Selon la mythologie, Zeus envoya deux aigles des extrémités de l'univers pour trouver le centre du monde, l’endroit où ils se rencontraient. Ce fut à Delphes que cela se passa. L’histoire raconte aussi qu’après son arrivée sur le mont Olympe, le premier soin d'Apollon fut de fonder un oracle afin de révéler aux hommes les décisions et les désirs de son père Zeus. Il quitta donc l'Olympe et après avoir visité plusieurs sites, s'arrêta près de la ville de Krissa au pied du Mont Parnasse, montagne sauvage et boisée. Il traça les limites de son sanctuaire, qui devait devenir par la suite l'un des lieux sacrés les plus importants de la Grèce. Selon la tradition, la région appartenait à la déesse Gaïa ou Gê (déesse de la terre, très ancien oracle connu depuis le VIIIe siècle av. JC), qui avait le don de prophétiser. Son sanctuaire était gardé par le serpent Python que dut tuer Apollon pour prendre la place de Gé, d'où le surnom de Pythios attribué au dieu et de Pythia attribué à la prêtresse de l'oracle. Après cela, Apollon se rendit à Tempé pour laver la souillure de son crime. C'est pour commémorer cet événement qu'avaient lieu à Delphes, tous les huit ans, des fêtes lyriques appelées Pythia auxquelles participaient non seulement des athlètes, mais aussi des poètes, des musiciens, des philosophes, etc. Le sanctuaire d'Apollon fut construit par les Crétois arrivés à Kirrha, le port de Delphes, accompagnés du dieu sous la forme d'un dauphin. Ce mythe a survécu dans les pièces présentées lors des différentes fêtes delphiques, comme le Septerion, la Delphinia, la Thargélia, la Théophanie et, bien sûr. la célèbre Pythie, qui célébrait la mort de Python et comprenait des compétitions musicales et sportives. De génération en génération et durant plusieurs siècles, les Grecs sont venus prier la divinité et poser à sa prêtresse, la Pythie, d'angoissantes questions sur l'avenir. Sous la protection et l'administration de l'Amphictyon, le sanctuaire a continué à être autonome après la première guerre sacrée et, par conséquent, a augmenté son influence religieuse et politique panhellénique. Les jeux pythiens ont été réorganisés et le sanctuaire agrandis et enrichi de nouveaux bâtiments, de statues et d'autres offrandes. Au IIIe siècle av. JC, il a relevé de la domination des Étoliens et plus tard, en 191 av. JC, a été conquis par les romains. Sous l'occupation romaine, le site a parfois été pillé mais également favorisé par certains empereurs. Avec la diffusion du christianisme, le sanctuaire a perdu sa signification religieuse et a été définitivement fermé par un décret de l'empereur Theodosius le grand. Les ruines de Delphes ont été découvertes par des fouilles systématiques dès 1893. Nous pouvons y visiter le musée archéologique, un des plus importants de Grèce et le site archéologique de Delphi, le sanctuaire d'Athéna Pronaea, le sanctuaire d'Apollon Pythien, le théâtre, le stade antique, le trésor des Athéniens et la fontaine/source de Castalia dans une gorge resserrée. Pour permettre les fouilles, les habitants du village de Kastri, situé à la place du site archéologique, ont été déplacés vers un nouveau village appelé Delfi. Son rayonnement fut immense dans toute la Grèce antique, mais aussi jusqu’en Asie centrale à près de 5.000 km de là, et le site vous réservera l’une des plus fortes impressions de votre voyage. Le site s'accroche à flanc de montagne au-dessus d’une gorge profonde, surplombant le jardin sacré, tapissé d’oliviers s'étalant jusqu’à la mer. En saison, visitez le site dès l'ouverture, avant que les cars déversent leur flot de touristes, ou vers 13/14h quand ils sont partis, le site est assez ombragé. Depuis l'antiquité le site de Delphes a toujours connu des foules dans les allées du sanctuaire et déjà à cette époque, on percevait un tribut de ceux qui se rendaient au sanctuaire.
Histoire de Delphes Les premières découvertes dans la région de Delphes, qui datent de la période néolithique (4000 av. JC), proviennent du Korykeion Andron, une grotte du Parnasse, où se déroulaient les premiers rituels. Le site de Delphes fut occupé dès l'époque mycénienne comme l'ont montré des vestiges d'habitat et des tombeaux datés d'environ 1400. Les traces d'habitation sont peu nombreuses et très fragmentaires jusqu'au VIIIe siècle av. JC, période où le culte d'Apollon finit par s'imposer et où commence le développement du sanctuaire et de l'oracle. Le culte d'Apollon semble y avoir supplanté des cultes plus anciens rendus à des divinités qui continuèrent par la suite à être honorées à Delphes en tant que premières « occupantes » du site. Ainsi Eschyle, dans le prologue des Euménides, qualifie Gè, la déesse terre de Protomantis, de « première prophétesse ». Elle eut par la suite son lieu de culte dans le téménos sacré d'Apollon. La tradition veut qu'elle ait confié la garde de l'antre où elle prophétisait à un dragon. Celui-là même que tua Apollon. Peu de jours après sa naissance dans l'île de Délos, le jeune Apollon aborda au pied du Parnasse et tua le dragon gardant l'antre prophétique. Le corps de l’animal fut condamné à pourrir (pythesthai d'où découle pythô) sous les fondations de son temple. Le dieu de Délos se transforma ensuite en dauphin pour capturer des marins de Knossos qu'il contraignit à être les premiers prêtres de son temple. Dans ce mythe de l’« usurpation apollonienne », certains historiens ont voulu voir l’instauration d'un culte rendu à un dieu insulaire adoré sous la forme d'un dauphin. Selon les mêmes spécialistes, l’événement n'aurait pu avoir lieu avant la fin du VIIIe s. av. JC. De fait, la première inscription mentionnant Apollon sous la forme d'Apelon a été datée du VIe s. av. JC. Les premiers temples en pierre d'Apollon et d'Athéna, qui était également officiellement vénérée sous le nom de « Pronaia » ou « Pronoia » et possédait son propre sanctuaire, furent construits vers la fin du VIIe siècle av. JC. Selon des preuves littéraires et archéologiques, d'autres dieux étaient associés au sanctuaire ; ceux-ci comprenaient Artémis, Poséidon, Dionysos, Hermès, Zeus Polieus, Hygie et Eileithyia. Le sanctuaire est associé à l'institution de l'Amphictyonia, la fédération de douze tribus de Thessalie et de Sterea, qui était à l'origine une union religieuse, mais qui a ensuite acquis une signification politique. L'Amphictyonia de Delphes avait le contrôle sur la propriété et le fonctionnement du sanctuaire, puisqu'elle nommait les prêtres et autres fonctionnaires, les élisant toujours parmi les habitants de Delphes. Sous sa protection et son administration au VIe s. av. JC, le sanctuaire consolida son autonomie face à ses prétendants (Première Guerre Sainte), augmenta son influence religieuse et politique panhellénique, s'agrandit et réorganisa les Pythias, les deuxièmes jeux panhelléniques les plus importants après les Jeux olympiques, qui avaient lieu tous les quatre ans. Entre le VIe et le IVe siècle avant JC, l'oracle de Delphes, considéré comme le plus fiable, était à son apogée. Il était prononcé par la Pythie, la prêtresse, et interprété par les prêtres d'Apollon. Les villes, les dirigeants et les individus ordinaires consultaient l'oracle, exprimant leur gratitude par de grands cadeaux et répandant sa renommée dans le monde entier. Le sanctuaire désormais connu sous le nom de Delphes prit alors un essor considérable, grandement lié à la période d'expansion des cités qui vit les Grecs s'en aller fonder des colonies sur les rives éloignées de la Méditerranée. Avant toute expédition, l’on dépêchait à Delphes des envoyés pour interroger le dieu venu de la mer et s'en concilier les faveurs. Les cohortes de pèlerins débarquaient le plus souvent à Kirrha (aujourd'hui Itéa), le port des Phocidiens de Krissa tirant grand profit de cette affluence. Un profit éhonté aux yeux des autres Grecs : ligués dans l’Amphictyonie (« ceux qui habitent autour ») delphique, ils marchèrent contre eux sous l’impulsion de Solon d'Athènes. Ce fut la première Guerre Sacrée autour du sanctuaire d'Apollon. Elle dura 10 ans (600-590 av. JC) et se solda par la défaite des Phocidiens. Krissa fut rasée et son territoire maudit à jamais. Delphes est avant tout une cité, comme les autres cités grecques, régie par ses lois et dirigée par son Assemblée et son Conseil exécutif. A la tête de la polis se trouve un archonte aux attributions peu claires, élu pour une année à laquelle il donne son nom. On possède ainsi la liste complète des archontes, le plus souvent choisis dans les mêmes familles aristocratiques, sur une période de près de 10 siècles (590 av. JC -315 ap. JC). Toutefois la dimension panhellénique du sanctuaire d'Apollon imposait une structure fédérale pour en assurer la gestion. Elle fut confiée aux représentants des peuples de l’Amphictyonie, une fédération de peuples grecs qui, avant de prendre en charge le sanctuaire de Delphes, assurait la gestion de celui de Déméter à Anthéla près des Thermopyles. A l’époque classique, ces peuples étaient au nombre de douze et déléguaient deux représentants chacun, les hiéromnémons, aux assemblées bisannuelles qui se tenaient à Delphes chaque printemps et chaque automne. Ce Conseil de l'Amphictyonie, ou Synédrion, détenait un pouvoir souverain sur l'ensemble des peuples qui y étaient représentés. C'est ainsi qu'il vota une forte amende aux Phocidiens, qui la refusèrent avec les conséquences que l’on sait : le déclenchement de la première Guerre Sacrée. De même, la condamnation d'Amphissa pour impiété fut à l’origine de la quatrième Guerre Sacrée. Les attributions courantes du Synédrion concernaient l’organisation des fêtes et des jeux, de plus en plus nombreux au fil des siècles, l’entretien et la restauration des sanctuaires : par deux fois, le Conseil de l’Amphictyonie se chargea de collecter les fonds et de diriger les travaux pour reconstruire le temple détruit accidentellement. Pendant la période de domination romaine (après 168 av. JC), Delphes fut tantôt favorisée, tantôt pillée par les empereurs, comme à Sylla en 86 av. JC. Le déclin de l’oracle s’est accompagné du mouvement philosophique du rationalisme au IIIe siècle av. JC mais ses rituels sont restés inchangés jusqu'au deuxième siècle ap. JC lorsqu'il a été consulté par Hadrien et visité par Pausanias qui a enregistré en détail de nombreux vestiges de bâtiments, inscriptions et sculptures. Sa description approfondie a contribué de manière significative à la reconstruction de la région. En 394 ap. JC le fonctionnement de l'oracle fut définitivement mis fin par décret de l'empereur byzantin Théodose Ier et les Slaves détruisirent l'enceinte. Avec l'avènement du christianisme, Delphes devint un siège épiscopal, mais fut abandonnée aux VIe-VIIe siècles. Peu de temps après, au VIIe siècle, un nouveau village, Kastri, s'est développé sur les ruines de l'ancien sanctuaire, attirant dans les temps modernes plusieurs voyageurs intéressés par les antiquités. Les recherches archéologiques à Delphes commencèrent en 1860.
Delphes : place des Jeux Pythiques Le stade (IVe siècle av. J.-C.) se trouvait sur une esplanade artificielle entourée d'un bois de pins. Au IIIe siècle av. J.-C., des gradins furent rajoutés sur trois côtés, de la terre soutenue par un muret au sud, en hémicycle à l'extrémité occidentale et incorporés à la roche au nord où une tribune d'honneur était aménagée. Hérode Atticus le dota au IIe siècle av. J.-C., de gradins en pierre et d'une porte monumentale. Sa largeur était de 25,50m, la longueur de la piste (raccourcie à l'époque romaine à 177,41m ou 600 pieds romains) était de 178,35m et il pouvait alors accueillir jusqu'à 7.000 spectateurs. Le gymnase fût construit vers 330 av. J.-C. sur des installations préexistantes. Les athlètes s'y entraînaient avant les épreuves publiques du stade. Le gymnase était également le lieu où se formait, tant au plan physique qu'intellectuel, la jeunesse de la ville. Sur la terrasse supérieure nous avions le xyste, longue galerie couverte, large de 7m et adossée au mur de soutènement. Nous y trouvions également la paradromis, piste parallèle au xyste, destinée à l'entraînement à la course, tout comme le xyste qui protégeait les athlètes du soleil ou des intempéries. La terrasse inférieure supportait la palestre, affectée aux lutteurs, comprenant également des salles de repos et le loutron, un établissement de bains disposé autour d'une piscine circulaire.
L'oracle Le sol de la région laissait échapper des vapeurs sulfureuses que l'on interpréta comme émanant des divinités de la terre. L'abondance des sources qui y jaillissent et les orages fréquents avaient achevé de donner à ce coin de terre un caractère mystérieux et sacré. Dans la suite, Apollon chassa les dieux souterrains et devint le maître de Delphes. La pythie, assise sur un trépied au-dessus des émanations souterraines, entrait en transes et donnait la réponse du dieu.
Le pouvoir divinatoire était censé tenir au lieu lui-même : une faille dans le sol par où s'exhalait un souffle (pneuma) surgissant des profondeurs de la terre et donnant l'inspiration à qui le possédait. On sait qu'Apollon fut le dernier occupant d'un lieu où l'avait précédé Gè-Déméter l'ayant elle-même confié à sa fille Thémis. Selon la légende, ce fut un jeune berger à la recherche d'une de ses chèvres qui le premier découvrit les pouvoirs miraculeux de l'endroit. Au-dessus de la faille fut installé, à l'époque apollinienne, un trépied sur lequel prenait place la femme, jeune tout d'abord puis vieille, devant prêter sa voix à l'oracle : la pythie. Choisie parmi les femmes de Delphes, elle ne devait pas être particulièrement cultivée, elle n'était en fait que le porte-parole de l'oracle qui s'exprimait par sa bouche et que des "prophètes" étaient chargés de mettre en forme et d'interpréter. A l'époque classique, Apollon ne rendait son oracle qu'une fois par mois sauf pendant les trois mois d'hiver durant lesquels il se retirait dans la vallée de Tempé pour se purifier du meurtre initial du dragon qui avant lui gardait le lieu. Quiconque voulait interroger l'oracle doit acquitter une taxe donnant au consultant le droit d'approcher le grand autel d'Apollon pour y accomplir un sacrifice. On immolait le plus souvent une chèvre. L'examen de la victime décidait si la consultation était agréée. Avant de la sacrifier, on l'aspergeait de quelques gouttes d'eau sacrée : si la bête exprimait un tremblement, c'est qu'Apollon acceptait de rendre l'oracle. Les consultants pouvaient alors pénétrer dans la salle précédant le manteion (ou adyton), chambre souterraine où officiait la pythie. Les pèlerins étaient si nombreux qu'il fallait procéder à un tirage au sort pour déterminer leur ordre de passage. Du moins pour ceux qui n'avaient pas obtenu de la cité de Delphes l'honneur de la promantie, c'est-à-dire celui de passer avant tous les autres. Cette faveur pouvait être accordée à des hommes illustres ou à des cités. S'étant purifiée avec l'eau de la fontaine Castalie, la pythie pénétrait dans le temple et procédait au-dessus du foyer de la cella à des fumigations de feuilles de laurier et de farine d'orge, sans doute en présence des prêtres et peut-être des consultants. Elle descendait ensuite l'escalier qui conduisait au manteion et gagnait le lieu prophétique. A l'intérieur du manteion, les pèlerins découvraient la statue en or d'Apollon, le tombeau de Dionysos, le trépied sur lequel prenait place la pythie pour prophétiser, et enfin l'omphalos, pierre sacrée passant pour indiquer le centre de la terre. Après avoir accompli des rites préliminaires au-dessus d'un foyer perpétuel, la pythie puisait de l'eau de la source Cassotis sourdant non loin et peut-être dérivée jusqu'à l'intérieur du temple à l'époque classique. Elle prenait ensuite place sur le trépied, buvait l'eau et mâchait des feuilles de laurier, l'arbre sacré d'Apollon. Elle tombait ainsi en état de possession divine dans lequel certains auteurs anciens voyaient une sorte de transe délirante mais qui n'était peut-être qu'un profond et sincère recueillement. Inspirée par Apollon, la pythie répondait alors aux questions des consultants déposées dans une coupe, questions qui n'avaient pas trait à la destinée personnelle de chacun (cela eût offensé Zeus, maître du destin) mais concernaient l'opportunité de telle ou telle entreprise. Les réponses, le plus souvent inintelligibles, étaient ensuite mises en forme par les prêtres d'une manière qui n'était pas non plus dépourvue de toute ambiguïté. D'où le surnom de Loxias, c'est-à-dire l'Oblique, donné à l'Apollon de Delphes. On se souvient qu'au roi Crésus qui interrogeait l'oracle sur l'opportunité d'une campagne contre les Perses, il fut répondu qu'à l'issue de la guerre, un royaume serait détruit. La pythie avait tout simplement omis de préciser qu'il s'agirait du sien.
Le site archéologique
Marmara Marmaria signifie « lieu où se trouve du marbre » (donné par les habitants au premier sanctuaire que découvraient les pèlerins lorsqu'ils arrivaient par l'Est) et est situé à côté du site de Delphes. Sur la terrasse se trouve un temple d'Athéna appelée Pronaia par les Anciens, c'est-à-dire « celle qui habite avant le temple », détruit au Ve siècle par des blocs de rochers tombés lors d'une violente tempête. Un nouveau temple a alors été construit plus à l'abri de telles chutes. Nous y trouvons aussi quelques vestiges du trésor de Marseille, monument ionique (VIe), et le tholos, temple dorique de forme circulaire dont on ignore la destination exacte. La terrasse sur laquelle s'étend le sanctuaire d'Athéna était protégée des glissements de terrain du côté nord par un grand mur de soutènement en bel appareil régulier encore conservé sur plusieurs mètres de hauteur. En montant sur le terre-plein se trouvant au-dessus du mur, on découvrira de belles vues plongeantes sur le sanctuaire. Le côté opposé (Sud) était délimité par un mur du péribole en appareil polygonal dont plusieurs tronçons sont encore conservés (l'accès vers l'extérieur du péribole peut se faire commodément par un petit escalier, face au trésor de Marseille). Sur la seconde terrasse située plus à l'ouest, nous avons les vestiges du gymnase avec quelques traces à peine visibles du bassin de natation. C’était le lieu d'entraînement des athlètes prenant part aux Jeux Pythiens. Le grand nombre de statuettes votives (période mycénienne) trouvées sur le site laisse croire que se dressait là, dans des temps reculés, un temple dédié à une première divinité propriétaire du lieu, sans doute la déesse Gè. Les plus anciens édifices visibles aujourd'hui sur cette terrasse, longue d'environ 150 m et ceinte d'un mur, remontent au VIIe ou au VIe s. av. JC. Nous pouvons également voir des thermes en ruine.
Ancien temple d'Athena Élevé en tuf à la fin du VIe s. av. JC, il occupait l'emplacement d'un temple plus ancien (VIIe s.) dont on peut voir parmi les ruines éparses les chapiteaux doriques caractéristiques en forme de galette. Dans la cella était conservé, nous dit Hérodote, un bouclier en or, don de Crésus, le richissime roi de Lydie. Du côté nord subsistent en place trois colonnes du péristyle.
Autels Au Sud du temple s'étendait la zone des autels : tout d'abord un grand autel autour duquel ont été retrouvés de nombreux débris d'os calcinés. Ensuite viennent d'autres plus modestes tels ceux consacrés à Athéna Erganè (patronne des artisans), Athéna Zostéria (prête au combat), Zeus Polieus (protecteur de la cité) ou encore Hygie (déesse de la santé), et Ilithyie (patronne des accouchées). Derrière les autels se trouvent les soubassements de deux petites constructions rectangulaires appartenant sans doute au sanctuaire consacré à Phylakos, un héros local ayant pourchassé les Perses dispersés par une avalanche déclenchée par Apollon afin de protéger son sanctuaire.
Trésors Peu après le temple d'Athéna subsistent les restes de deux trésors, l’un de style dorique (attribution inconnue) érigé entre 490 et 460 av. JC, l'autre de style éolique (variante du style ionique, avec chapiteaux à palmes) consacré entre 540 et 500 av. JC par les Massaliètes, les Marseillais. Au Sud des deux trésors subsistent deux bases rectangulaires dont la plus grande, en calcaire, portait le trophée de bronze qu'érigèrent les Delphiens (l'un des rares ex-voto offerts par les habitants de Delphes) pour commémorer la déroute des Perses devant l'intervention divine d'Apollon. L'autre, plus petite, servait de piédestal à une statue d'Hadrien dédiée en 125 de notre ère selon l'inscription gravée sur la face antérieure de la base.
Tholos Le Tholos est peut-être le monument le plus caractéristique de Delphes, dominant le sanctuaire d'Athéna Pronaia entre le temple le plus récent d'Athéna et le trésor de Marseille. C'est un chef-d'œuvre de l'architecture classique (entre 380 et 370 av. JC), mais dont on ignore l'usage. Un temple dédié à Artémis (dont on sait qu'elle était honorée près de ce site en compagnie d'Athéna) ? Une hoplothèque, c'est-à-dire un sanctuaire où étaient exposées des armes rituelles offertes à Athéna ? Pour l'heure, les archéologues se perdent en conjectures mais il a cependant été associé au culte chthonien, même si au IIe s. IIe apr. JC le voyageur Pausanias n'en parle pas comme d'un temple. Il fut partiellement relevé en 1938. Plusieurs éléments architecturaux et les sculptures survivantes ont été restaurés et sont maintenant exposés au musée archéologique de Delphes. Le tholos est une synthèse de la plupart des styles d'architecture classique. Il repose sur un podium à trois marches et les vingt colonnes doriques du péristyle extérieur supportaient une frise dorique de triglyphes et de métopes à décor en relief, représentant la bataille des Amazones et la bataille des Centaures. Ce péristyle encerclait une cella circulaire en marbre s'ouvrant au Sud, également couronnée par une frise dorique avec des triglyphes et des métopes en relief de plus petite taille. A l'intérieur pavé de calcaire, courait contre le mur une banquette de marbre bleu supportant 10 demi-colonnes en marbre d'ordre corinthien appuyées contre le mur. Une variété de matériaux ont été utilisés afin d'obtenir un effet multicolore. La toiture probablement conique, en marbre également, portait une somptueuse décoration d'acanthes et de gargouilles en forme de lion dont quelques-unes sont visibles au musée. Le toit était également décoré de capes en forme de femmes, dans une posture presque dansante. Malheureusement, la décoration en relief du bâtiment a été défigurée par les chrétiens au cours des années suivantes. L'architecte Théodoros Phocaeus (de Phocée ou de Phocide?) fut à juste titre si fier de son chef-d'oeuvre, innovation architecturale, qu'il en écrivit un traité comme nous apprend Vitruve.
Nouveau temple d'Athéna Malgré son état de ruine avancé, cette construction en beau calcaire a livré tous ses secrets architecturaux aux archéologues. La cella était prolongée d'un pronaos lui-même précédé d'une façade à six colonnes. C'est une configuration rare dans l'ordre dorique auquel l'édifice appartient. Autre singularité: le passage du pronaos à la cella s'effectuait par une ouverture à trois baies délimitées par deux demi-colonnes ioniques adossées à un pilastre. Si ces particularités ont ravi les spécialistes, elles ne leur ont pas permis en revanche de déterminer de façon certaine l'attribution exacte de l'édifice élevé vers 360 av. JC. L'hypothèse du nouveau temple d'Athéna reste toutefois la plus vraisemblable.
Gymnase L'établissement fut construit vers 330 av. JC sur la pente raide entre la fontaine Castalia et le temple d'Athéna Pronaia sur le rebord de la gorge du Pleistos, sur des installations préexistantes. C'est l'un des complexes les plus complets de l'Antiquité, comprenant le gymnase proprement dit, une palestre et des bains, où s'entraînaient les athlètes avant les épreuves publiques du stade. Plus tard, le gymnase était aussi le lieu où se formait, tant au plan physique qu'intellectuel, la jeunesse de la ville. Sur la terrasse supérieure se trouvait une longue galerie couverte, le xyste, large de 7m et longue de 178,35, adossée au mur de soutènement ainsi qu’une piste, large de 6m, qui lui était parallèle. Cette piste découverte était destinée à l'entraînement à la course, tout comme le xyste protégeant les athlètes des intempéries ou du soleil. A l’origine, la façade possédait une colonnade dorique en calcaire, remplacée par une façade ionique en marbre à l'époque romaine. Le xystos doit son nom au fait que son sol devait être régulièrement gratté et nivelé (xystos=gratté). La terrasse inférieure supportait la palestre affectée aux lutteurs, une cour carrée de douze mètres entourée d'une colonnade et de pièces sur les quatre côtés, qui comprenait également des salles de repos ainsi que le loutron, un établissement de bains disposé autour d'une piscine circulaire. Des inscriptions dans chacune de ces salles précisent leur utilisation : terrain de balle, vestiaire, fosse de lutte et éventuellement sanctuaire d'Hermès ou d'Hercule. La lutte ou la boxe se pratiquaient dans la cour. À l'ouest de la palestre se trouve un bassin circulaire (froid) de dix mètres de diamètre et 1,80 mètre de profondeur. Une série de douches pour les athlètes, constituées de robinets qui versaient l'eau de la source Castalienne dans dix bassins communicants en terre cuite, se trouvent dans le mur de soutènement à l'arrière. Les bains chauds à l'ouest sont un ajout romain (120 ap. JC). Quelques siècles plus tard, la zone du gymnase fut occupée par un monastère byzantin dont le catholicon était construit sur la palestre et démoli en 1898 pour laisser place aux fouilles. Lors d'une visite à Delphes, Lord Byron inscrivit son nom sur l'une des colonnes doriques réutilisées dans le monastère. Le complexe a subi diverses transformations et réparations au fil des siècles et son utilisation s'est poursuivie jusqu'à l'époque romaine, lorsque les thermes ont été ajoutés.
Fontaine Castalie Entre les deux sites se trouve la source sacrée de Castalie. Dans le temps, un arrêt préliminaire à la fontaine était obligatoire avant d'accéder au sanctuaire (purification). Elle est située au débouché d'une gorge séparant les Phaedriades, aux pieds du rocher appellé aujourd'hui Flembukos mais autrefois Yambeia. Chantée par les Grecs pour la pureté de ses eaux et la douceur de son chant, considérée par les poètes latins comme le refuge d'Apollon et des Muses, la fontaine Castalie est célèbre depuis l'Antiquité. Son eau servait aux ablutions de la pythie, des prêtres et du personnel du temple ainsi qu’au nettoyage temple d'Apollon, celle de la fontaine Cassotis ayant, elle, des vertus divinatoires. Il existe en fait deux fontaines, l'une au bord de la route moderne, l'autre à une centaine de mètres plus loin dans la gorge. L'accès en est souvent interdit de crainte des éboulements. Apollon continuerait-il à protéger ainsi son sanctuaire des importuns ? Toujours est-il que les chrétiens ne semblent pas avoir oublié la puissance de l'ancien culte. Aussi peut-être pour le conjurer ont-ils érigé au débouché de la gorge une petite chapelle en l'honneur de saint Jean-Baptiste, un autre prophète qui sut lui aussi faire bon usage de l'eau. Le bassin le plus proche de la route fut découvert fortuitement en 1957. On peut voir le dallage d'une cour avec des bancs en pierre qui précède la fontaine proprement dite où coulait l'eau de la source acheminée par un canal d'adduction. C'est le bassin le plus ancien qui date de 600-590 av. JC. La cour était accessible par un escalier de 3-4 marches. Au cours des siècles jusqu'à l'époque romaine, la fontaine fut rénovée et réparée à plusieurs reprises. Sa forme la plus récente remonte au Ier siècle av. JC et est celle décrite par Pausanias. Elle est située environ 50 m plus haut que l'archaïque et plus proche de la source. Pour sa construction, il a fallu creuser la roche jusqu'à une largeur de plus de 11 m et une hauteur de 12,50 m. Des niches y ont été créées, où étaient déposées les offrandes votives des fidèles pour la nymphe Castalia. La plus grande d'entre elles, à droite, a été transformée en petite église d'Agios Ioannis le Précurseur (Saint-Jean-Baptiste) pendant les années de l'occupation turque. Sous les niches, un bassin oblong de 10 m de long et 0,50 m de large était creusé dans la roche, auquel arrivait l'eau de source par un conduit fermé. Le bassin était couvert et doté à une extrémité d'une ouverture permettant son nettoyage. Sur le devant de la fontaine se trouvaient sept becs en bronze, séparés par sept colonnes taillées dans la roche. Devant la fontaine se trouvait une cour pavée entourée sur trois côtés de bancs de pierre. On y descendait par un escalier de huit marches.
Sanctuaire d’Apollon Le sanctuaire était dominé par le temple d'Apollon (IVe s. av. JC - 3ème temple), point central et le plus important du site, protégé par un peribolos (enceinte), avec une entrée principale dans son angle sud-est. L’espace du sanctuaire, en pente, était organisé en niveaux successifs, flanqués d'arcades (Attale, Aitolon, Athénaion) et accessibles depuis les portes correspondantes de l'enceinte. On accédait au temple par la Voie Sacrée bordée de chaque côté d'élégants monuments (Trésors), de portiques (par ex. le Portique des Athéniens), de bâtiments officiels (le Bouleutérion, le Prytanée, la Lesché de Cnide, etc) et de centaines d'ex-votos. Les cités grecques, après chaque événement heureux, se faisaient un devoir de venir y remercier Apollon par leurs offrandes, des « trésors » (sortes de petits temples où l'on consacrait les présents apportés). Les sculptures décorant les Trésors de Sicyône, de Siphnos et des Athéniens étaient particulièrement remarquables. Ces œuvres représentent le savoir-faire technique et le progrès artistique des hommes de cette époque, du fin fond de l'Orient jusqu'aux rives du bassin méditerranéen, tout en témoignant de la solidité financière des commanditaires. Le trésor des Athéniens a été remarquablement relevé de ses ruines par l'Ecole française d'Athènes. Plus haut que le temple, vers le nord-ouest, se trouve le théâtre (IVe s. av. JC) fort bien conservé et servant toujours, où se déroulaient les compétitions dramatiques et musicales des Pythiens. Plus haut encore, en dehors de l'enceinte du sanctuaire, se trouvait le stade qui accueillait les compétitions sportives. Autour du sanctuaire se trouvent les vestiges de la colonie de Delphes, qui s'est développée principalement aux périodes classique et romaine, ainsi que les tombeaux des nécropoles respectives. La piété des cités grecques avait enrichi le sanctuaire d'Apollon de multiples témoignages (temples, statues, objets précieux) mais, suite aux guerres et aux pillages, à la rafle de 500 statues par Néron et à l'hostilité de l'empereur chrétien Théodose, il n'en reste pas grand chose.
Voie Sacrée La Voie Sacrée (appellation moderne que l'on ne connaissait pas à Delphes durant l'Antiquité) monte en lacets à travers le sanctuaire jusqu'au temple d'Apollon. Elle avait un caractère rituel et processionnel, guidant les pèlerins et les visiteurs à travers l'enceinte sacrée. Les theopropoi (ceux qui venaient consulter l'oracle) montaient par la Voie Sacrée le neuvième jour de chaque mois, sacrifiaient un animal sur l'autel situé au sommet et se voyaient attribuer une place dans la file d'attente. Les citoyens de Corinthe, Naxos, Chios et Thèbes, ainsi que quelques personnalités illustres, comme Philippe II de Macédoine, avaient bénéficié de la promanteia, ou droit de consultation préalable, et n'avaient donc pas à attendre leur tour. Elle a conservé son tracé primitif sauf à la hauteur de l'aire qu'elle traverse depuis l'urbanisation paléochrétienne (à l'origine, elle devait éviter celle-ci en la contournant par le sud). Son origine remonte à l'époque archaïque et elle a été pavée à l'époque romaine tardive avec des dalles provenant de bâtiments voisins abandonnés, à une époque où les maisons occupaient l'enceinte sacrée. Les visiteurs du site archéologique empruntent toujours ce même itinéraire, qui zigzague à flanc de colline sur deux cents mètres jusqu'à atteindre l'autel monumental. De chaque côté de la Voie Sacrée se pressaient des monuments votifs ou des trésors construits par les cités de la Grèce pour abriter leurs offrandes. II s'agissait là d'une manifestation de leur piété, mais aussi de leur richesse et de leur puissance, et commémoraient généralement un événement important comme une alliance politique, une victoire importante dans les jeux sportifs de Delphes ou encore une bataille victorieuse contre des étrangers ou des Grecs, alors que certains étaient seulement destinés à remercier le dieu pour l'oracle ou pour sa faveur envers toute la ville, une famille ou un personnage éminent. Dans la première partie de la rue étaient disposés les ex-voto sculptés et dans la seconde, plus grande, dominaient les trésors des cités grecques, tandis que dans la dernière section, devant le temple et l'autel, de grands offrandes de riches particuliers ou de cités-États furent érigées, ainsi que le monument offert par tous les Grecs après leur victoire à Platées. Les emplacements les plus en vue, le long de la Voie Sacrée ou près du temple d'Apollon, étaient évidemment les plus recherchés. Ils furent lotis très tôt. Les dernières villes arrivées (au IVe s. av. JC), telles Cyrène (en Cyrénaïque) ou Thèbes, durent se contenter de sites assez modestes et mal placés. Cet impression d'entassement quelque peu anarchique fut à son comble lorsque les cités, affaiblies, laissèrent leur place de bienfaitrices du sanctuaire aux rois d'Asie (ceux de Pergame par exemple) ou à de simples particuliers, les évergètes. Ces derniers eurent à coeur de voir figurer dans le sanctuaire leur statue-portrait, voire celles de leurs nombreux ancêtres. A quelques exceptions près, les monuments commémoratifs érigés par les cités et les rois sont réduits à leurs fondations.
Peribole Lors de la construction du grand temple, un mur d'enceinte (péribole) fut également érigé, protégeant du côté nord des chutes de pierres et maintenant du côté sud le terrain, tout en délimitant la zone d'Alos au nord-ouest. Construit en petit appareil polygonal, le premier péribole remonte probablement au VIIe s. av. JC et un pan est visible à l'ouest de l'Asclépiéion. Il servait à délimiter l'espace sacré d'Apollon, le téménos (littéralement « ce qui est détaché ») et correspondait en gros au tracé du mur actuel élevé après l'incendie de 548 et seulement repoussé d'une dizaine de mètres plus au sud, englobant ainsi la première portion de la Voie Sacrée allant de l'entrée actuelle au trésor des Athéniens. La construction de ce mur en maçonnerie polygonale de style lesbien, avec des blocs irréguliers emboîtés avec des joints courbes, et le nivellement requis du terrain ont mené à la destruction de certains bâtiments archaïques entourant l’ancien temple, retrouvés sous un amas de remblais. En plan, il est en forme de Pi et sa face principale est longue de 90 mètres. Les quatre ou cinq assises supérieures étaient constituées de maçonnerie isodomique, c'est-à-dire avec des couches de pierres rectangulaires de même hauteur, aujourd'hui disparues. La hauteur initiale du mur est estimée à environ 2 m de plus. Il fut réparé après le glissement de terrain de 373.De nombreuses inscriptions ont été gravées sur sa surface (environ 800 textes) dont la majorité sont des résolutions pour la libération des esclaves et datent principalement du IIIe-IIe siècle av. JC. Restauré récemment, on peut en voir de larges portions grimpant à flanc de colline à droite de l'entrée actuelle, ainsi que du côté sud parallèlement à la route moderne.
Temple d'Apollon Le temple d'Apollon est le bâtiment le plus important du sanctuaire, le dominant depuis sa position centrale. En plus des statues, des offrandes au dieu et du « registre d'or » où étaient conservées les listes des vainqueurs des jeux pythiques (détruits en 373 av. JC), il abritait l'omphalos, le centre du monde pour les anciens Grecs. Dans une chambre souterraine y prophétisait la pythie à qui les cités grecques puis les grands du monde antique venaient demander la grâce d'un oracle. Dans le vestibule de ce temple étaient gravées les devises des Sept Sages comme « Connais-toi toi-même », « Rien de trop », ou « Si tu t'engages, voilà le malheur » proposant à elles seules une sorte de résumé de la sagesse classique. Selon la mythologie, le premier temple d'Apollon construit à Delphes était une cabane faite de branches de laurier, le deuxième était fait de cire d'abeille et de plumes et le troisième était fait de cuivre, tandis que le quatrième a été construit par les architectes mythiques Trophonius et Agamides avec l'aide d'Apollon lui-même. Il s'agit probablement du temple en pierre détruit par un incendie en 548 av. JC. Le temple qui lui succéda fut construit grâce aux contributions recueillies dans toute la Grèce et auprès de dirigeants étrangers. L'édifice que l'on découvre aujourd'hui est celui du IVe siècle av. JC (achevé vers 510 avant JC), découvert extrêmement ruiné. C'était un temple à péristyle dorique comportant 6 colonnes en façade et 15 sur les côtés. Construit en pierre recouvert de marbre, il était somptueusement décoré de sculptures du célèbre artiste Antenora. Le fronton oriental représentait l'épiphanie d'Apollon lorsqu'il arriva à Delphes avec sa sœur Artémis et sa mère Léto ; le char des dieux occupait le centre de la scène et était encadré de figures masculines et féminines. Du fronton occidental représentant une Gigantomachie, seules les figures d'Athéna, un géant déchu, une figure masculine et les parties antérieures de deux chevaux ont survécu. Le tremblement de terre de 373 av. JC détruisit le temple et le sanctuaire recourut pour la seconde fois à une collecte de fonds panhellénique pour sa reconstruction. Il ne fut achevé qu'après la troisième guerre sainte, en 330 av. JC, par les architectes Spintharos de Corinthe, Xenodoros et Agathon. Il a le même plan et à peu près les mêmes dimensions que son prédécesseur, avec six colonnes sur quinze, à la fois prodomos et opisthodomos en antis. La cella, accessible par deux immenses portes plaquées d'ivoire, était divisée en trois nefs par deux colonnades de huit colonnes ioniques chacune. L'Hestia, un feu perpétuel de bois de sapin, y brûlait. La cérémonie de divination avait lieu dans l'adyton, ou sanctuaire intérieur, une chambre souterraine à laquelle seuls les prêtres interprétant les paroles de la Pythie avaient accès. Les sculptures fronton en marbre de Paros sont l'œuvre des sculpteurs athéniens Praxias et Androsthène. Le fronton est représentait Apollon et les Muses, et l'ouest Dionysos et les Ménades. On sait peu de choses sur la disposition de l'intérieur du temple. Il y avait une effigie en bronze d'Homère et un autel de Poséidon, et, dans l'Adyton, une statue d'Apollon et de l'omphalos. Le temple a été partiellement restauré. Des fragments des sculptures fronton des temples archaïque et classique/hellénistique sont exposés au musée archéologique de Delphes.
Trésor des Athéniens C’était l’un des bâtiments les plus importants et les plus impressionnants du temple d’Apollon, dominant la Voie Sainte immédiatement après son premier virage vers le nord, à côté du bouleutérion (parlement de la ville de Delphes) et face aux trésors de Cnidia et de Syracuse. Il abritait des trophées d'importantes victoires athéniennes et d'autres objets votifs dédiés au sanctuaire. C’est un petit bâtiment dorique en forme de temple (comme la plupart des trésors), avec deux colonnes dans l'antis et une riche décoration, construit en marbre de Paros par la république athénienne à la fin du VIe ou au début du Ve siècle av. JC. Une description de Pausanias affirme que le trésor commémorait la bataille de Marathon en 490 av. JC, lorsque l'armée athénienne repoussa les Perses. Il était précédé d'une terrasse où l'on a découvert de nombreux socles qui portaient stèles et colonnes commémoratives, ainsi qu’une place triangulaire donnant sur la Voie Sacrée et où les Athéniens exposaient le butin de la bataille de Marathon et d'autres trophées conservés dans le trésor lors des grandes fêtes et processions. Les reliefs qui l'ornent sont des exemples de grande plasticité de la dernière période de l'ère archaïque et peuvent facilement être comparés aux premiers vases à figures rouges en termes d'élégance des formes, de proportions légères, de mouvements intenses et solides, mais aussi les poses audacieuses. La frise (métopes) représente les exploits d'Hercule (façade arrière et nord) et de Thésée (façade avant et sud). La juxtaposition des deux héros symbolise le changement de régime et l'instauration de la démocratie à Athènes. En effet, Thésée est devenu un sujet prédominant dans l’iconographie du Ve siècle av. JC, tandis qu’Hercule dominait l’art du VIe siècle. En bonne place sur le fronton de la façade principale, étaient représentées des scènes de la guerre des Grecs contre les Amazones. Outre l'inscription « Les Athéniens à Apollon en prémices du butin pris aux Mèdes à la bataille de Marathon » gravée sur le rebord de la terrasse sud, de nombreuses inscriptions furent incisées à partir du IIIe s. sur les murs du trésor. Il s'agit principalement de décrets relatifs aux fêtes et concours de Delphes, notamment à la Pythaïde, le pèlerinage des Athéniens. On a également retrouvé deux hymnes à Apollon accompagnés de notations musicales (déposées au musée). Ce sont les seuls textes grecs anciens accompagnés d'une notation musicale. Le Trésor des Athéniens était le seul monument delphique qui conservait encore une grande partie de ses matériaux anciens au début du XXe siècle pour pouvoir être entièrement reconstruit par l'École française en 1906 grâce aux fonds accordés par le maire d'Athènes, Spyros Merkouris. La frise originale se trouve au Musée archéologique de Delphes, les sculptures in situ étant moulées.
Devant le trésor des Athéniens, on distingue les soubassements du trésor des Etrusques sur lequel fut construit ultérieurement un sanctuaire dédié à Asclépios doté d'une belle fontaine (dont le bassin est encore visible) où l'eau coulait à travers es gueules de lion en bronze (exposées au musée). Selon la légende, Asclépios fut foudroyé à Delphes par Zeus, sur l'injonction d'Hadès, le maître des Enfers qui craignait de voir son royaume ne plus se peupler à cause de l'habileté du suprême guérisseur. Les successeurs d'Asclépios jouissaient à Delphes de privilèges particuliers. Sur la terrasse même, on verra les bases d'un petit édifice sans doute très ancien (et recouvert lors de la reconstruction du VIe s.) que l'on considère comme étant un sanctuaire à Gè. Un peu plus loin se trouve le départ d'un escalier conduisant à une fontaine souterraine, dite fontaine des Muses. Peut-être s'agissait-il d'un bassin où étaient recueillies les eaux de la fontaine Cassotis que la pythie buvait avant de prophétiser et dont la résurgence devait se trouver plus haut sur la pente. Son emplacement exact reste encore à préciser.
Portique En regardant à gauche hors du mur d'enceinte (accès interdit), on découvre les vestiges du portique. A en croire la dédicace retrouvée sur le site, il fut consacré par les Etoliens après leur victoire sur les Gaulois (278) et servit à exposer les armes prises à l'ennemi. A l'époque paléochrétienne, l'endroit accueillit des habitations et des bains. A droite de la passerelle, en contrebas, s'ouvre la niche dite « de Cratèros » (fin du IVe s.), un espace à ciel ouvert où était déposé un groupe de statues de bronze illustrant une chasse au lion au cours de laquelle Alexandre fut sauvé par son compagnon Cratèros. Un peu au-delà fut découvert en 1896, dans une fosse, le célèbre aurige de Delphes.
Autel des Chiens L'autel des Chiens est un grand autel situé face au temple d'Apollo, payé et érigé par les habitants de Chios au Ve siècle av. JC selon une inscription gravée sur la corniche. Le monument a été construit en marbre noir, excepté la base et la corniche qui étaient en marbre blanc, ayant pour résultat un contraste impressionnant de couleur. L'autel a été reconstitué en 1920.
Trésor des Siphniens Le trésor dédié à Delphes par les habitants de Sifnos était l'un des bâtiments les plus brillants et les plus richement décorés du sanctuaire d'Apollon. C'était l'un des premiers trésors que l'on rencontrait en remontant la Voie Sacrée et abritait les précieux votifs que les Sifniens offraient au sanctuaire. Selon Hérodote et Pausanias, Siphnos tirait une grande richesse de ses mines d'or et d'argent et, dans la seconde moitié du VIe siècle av. JC, elle était la plus prospère des îles grecques. La décoration sculpturale permet, suivant le style artistique, de dater le monument à environ 525 av. JC, juste avant que Siphnos ne fut pillée par les Samiens en quête d'argent. Le Trésor de Siphnie est un petit bâtiment en forme de temple, entièrement réalisé en marbre de Paros coûteux, contrairement à la plupart des bâtiments contemporains constitués de poros. Déjà à l'époque d'Hérodote, il était réputé tant pour sa beauté unique que pour son opulente décoration sculpturale constituant un chef-d'œuvre de l'art archaïque tardif. Sur la façade, entre les pilastres, au lieu de colonnes, ont été placées deux statues de filles, soutenant le portique, exemples typiques de l'art ionique de cette période. La joie des archéologues fut à son comble lorsqu'ils mirent au jour une importante partie de la frise datant de la même époque que l'édifice. En effet, l'architrave est décoré d'une vague ionique et d'une frise entourant l'ensemble du bâtiment. Du côté ouest, la frise représente le jugement de Pâris, au sud l'enlèvement des Leucippides par les Dioscures, au nord, la mieux conservée, la Gigantomachie et à l'est, sur la façade du monument, le rassemblement sur L'Olympe des dieux observant la guerre de Troie. Le fronton est a conservé ses sculptures représentant le mythe de la dispute entre Hercule et Apollon au sujet du trépied de Delphes. Le fronton est couronné de trois acrotères, la centrale représentant un sphinx et les latérales une paire de Victoires. Les traces de peintures que portait encore la pierre rendirent possible la restitution de la polychromie des parties sculptées autant pour les fonds et les motifs décoratifs que pour les personnages eux-mêmes : bleu, rouge, vert, à quoi s'ajoutait l'éclat du bronze des armes et des cuirasses de guerriers fixées à la pierre. L'ensemble conservé est aujourd'hui visible au musée dont il constitue l'une des pièces maîtresses. Du Trésor des Siphniens, seules les fondations et l'une des astragales décorant la base sont in situ.
Stoa des Athéniens Elle occupait une position centrale, au-dessous du grand temple, devant l'imposant mur polygonal de la terrasse (utilisé comme mur arrière) et face au Halos où étaient jouées des pièces en l'honneur d'Apollon, et était utilisée pour stocker le butin de guerre des Athéniens, principalement issu des victoires navales contre les Perses. Le portique fait partie du programme de construction de Périclès et remonte à 478 av. JC, année où les Athéniens détruisirent le pont flottant construit par Xerxès sur l'Hellespont pour traverser avec son armée jusqu'à la côte européenne. Une inscription sur la marche supérieure de la base relate la dédicace athénienne de la stoa, ainsi que des câbles (du pont) et des figures de proue (des navires perses). D'autres vestiges de navires provenant de batailles navales, notamment celles de Mykale, Sestos, Salamine et Hellespont, ont été ajoutées au cours des années suivantes. La stoa est un long espace couvert se composant d'une base en pierre calcaire à trois marches supportant une colonnade ionique de sept colonnes monolithiques cannelées en marbre du Pentélique avec des bases en marbre de Paros et d'une rangée de piliers engagés appuyés contre le mur de la terrasse. Le toit était en bois. À l’intérieur, un podium en pierre présentait des offrandes votives. Seule la partie inférieure du monument est aujourd'hui conservée et a fait l’objet d’une restauration.
Théâtre Situé à l'intérieur du peribolos (mur d'enceinte) du sanctuaire d'Apollon, dans l'angle nord-ouest, le théâtre de Delphes est l'un des rares théâtres de la Grèce antique dont on connaît à la fois la datation exacte et les formes qu'il a eues au fil des siècles. C'est ici que se déroulaient les concours musicaux (chant et musique instrumentale),dans le cadre des jeux pythiques et autres fêtes religieuses, faisant de ce théâtre l'équivalent intellectuel et artistique du stade sportif d'Olympie. La forme originale du théâtre est inconnue. Il est possible que les spectateurs étaient assis sur des sièges en bois ou à même le sol. Le premier théâtre en pierre a été construit au IVe siècle av. JC dans le calcaire gris du Parnasse et a ensuite été rénové à plusieurs reprises. La forme actuelle du théâtre, avec son orchestre pavé de pierre, ses sièges en pierre et sa scène décorée, est le résultat d'une restauration romaine de 160/159 av. JC parrainée par Eumène II de Pergame. La cavea, construite en partie sur le terrain naturel rocheux (au nord et à l'ouest) et en partie sur du remblai (au sud et à l'est), est divisée horizontalement en deux sections inégales (vingt-sept rangées de sièges dans la partie inférieure et huit dans la partie supérieure) par un diazoma pavé ou palier, et verticalement par une série d'escaliers en six tribunes dans la partie supérieure et sept dans la partie inférieure. Le théâtre avait une capacité de cinq mille spectateurs. L'orchestre en forme de fer à cheval est entouré d'un conduit fermé ; son trottoir et son parapet sont romains. Des inscriptions relatives à l'émancipation des esclaves sont incrustées dans les murs des parodoi (couloirs), mais leurs textes sont devenus illisibles à cause de l'usure. La scène, dont il ne reste que les fondations, était probablement divisée en avant-scène et scène proprement dite ; sa façade était ornée d'une frise en relief représentant les travaux d'Hercule. Depuis le dernier étage du gradin nous avons une vue panoramique sur le site.
Agora romaine Le chemin donnant accès aux ruines du sanctuaire d'Apollon aboutit à une place rectangulaire dallée. A en croire les conclusions les plus récentes des archéologues, cet espace, tel qu'on le voit actuellement, fut aménagé pour servir de marché à l'époque paléochrétienne après l'urbanisation du sanctuaire. Une partie de la colonnade d'un portique a été remontée ainsi que les soubassements des boutiques qu'il précédait. Néanmoins, des sondages ont permis de montrer que cet espace abritait déjà un marché à l'époque classique. On peut imaginer que se tenait là une foule de marchands qui proposaient des objets de piété aux pèlerins.
Bouleuterion C'est là que siégeait une assemblée restreinte de la cité de Delphes, se réunissant tous les six mois puis une fois par an seulement à partir du Ier s. av. JC. Immédiatement après le Bouleutérion (toujours à gauche de la voie) s'ouvre un espace semé de plusieurs rochers dont l'interprétation reste confuse. D’après Plutarque, il faudrait voir le rocher de la Sibylle (prophétesse distincte de la pythie) dans le roc fendu d'une crevasse. Il existait dix Sibylles de par le monde antique, dotées de dons divinatoires d'origine mystérieuse. Le rocher à droite du précédent serait celui d'où Léto, la mère d'Apollon, aurait crié à son fils de tuer le dragon pour s'emparer de l'oracle. Il faudrait également localiser, en arrière à gauche du rocher de la Sybille, contre le mur de soutènement du temple d'Apollon, l'antique sanctuaire de la Terre, propriété de Gè. Sur le rocher situé à droite de ce sanctuaire, une dalle carrée supportait la colonne des Naxiens surmontée du célèbre sphinx retrouvé lors des fouilles. Elle constitue l'un des chefs-d'oeuvre du musée. L'ensemble, construit vers 570-560, en marbre de l'île de Naxos, s'élevait à une hauteur totale de 12 m. La colonne resta debout jusqu'à la destruction de la ville par les Slaves au VIIe s. de notre ère.
Aire Cette place circulaire de 16m de diamètre était l'un des endroits les plus importants du rituel delphique. C'est de là que partaient les processions lors de certaines cérémonies. C'est également là que tous les 8 ans était représenté le drame sacré de la prise de possession du sanctuaire par Apollon. A cette occasion, un jeune adolescent (Apollon était encore un enfant lorsqu'il vint à Delphes) enflammait une construction figurant la demeure du dragon avant de prendre la fuite pour aller se purifier comme le fit Apollon. Sans doute dévalait-il alors les degrés de l'escalier partant de la place. C'est là, enfin, qu'en 1939, P. Amandry découvrit dans deux fosses creusées sous l'Aire, un riche matériel votif archaïque mis au rebut dès le Ve s. av. JC (exposé au musée).
Grand Autel d'Apollon L'autel fut en partie reconstitué en 1959. C'est du sommet de cette plate-forme que l'on sacrifiait la chèvre propitiatoire offerte par les pèlerins allant consulter l'oracle. Le prêtre et ses desservants y accédaient par un escalier partant des abords est du temple et sacrifiaient l'animal sur une table d'offrande dont on a pu retrouver quelques encoignures. On y remarquerait des croix chrétiennes gravées, plus nombreuses que partout ailleurs sur le site : nul doute que l'endroit fut le premier objet de la vindicte chrétienne. L'autel que l'on voit aujourd'hui fut consacré par les habitants de Chios, sans doute peu après 246, année durant laquelle ils entrèrent dans l'Amphictyonie. Une inscription gravée sur l'une des assises inférieures du monument (sud) rappelle que les Delphiens leur avaient accordé la promantie, probablement à cette occasion. D'autres autels plus anciens le précédèrent au même endroit. Ils devaient adopter peu ou prou la même configuration. A gauche de l'autel, en regardant le temple, dans une encoignure du mur de soutènement, une base soutenait peut-être le pilier de Paul-Emile en souvenir de sa victoire sur le dernier roi des Macédoniens à Pydna en 168 av. JC.
Stade L'ancien stade de Delphes est l'un des monuments de ce type les mieux conservés de Grèce. Il est situé au nord-ouest du théâtre, au point culminant du sanctuaire d'Apollon et de la ville antique de Delphes, sur une esplanade artificielle entourée d'un bois de pins. Le stade est étroitement lié à l'histoire des jeux panhelléniques pythiques, puisque les compétitions sportives s'y déroulaient, d'abord tous les 8 ans puis tous les quatre ans. On sait par des inscriptions que certains concours musicaux y trouvaient également leur place. Comme dans l'Antiquité, un chemin en montée partant de l'allée gauche (parodos) du théâtre mène à son entrée. Le stade originel remonte au Ve s. J.-C. comme en témoigne l'inscription retrouvée incrustée dans son mur de parapet sud. On imagine les spectateurs de cette époque assis par terre ou sur des tabourets en bois. Il fut remanié à plusieurs reprises et pour la dernière fois à l'époque romaine. Il n'acquiert des bancs monumentaux en pierre qu'au IIe s. ap. JC, grâce à une donation d'Hérode Atticus, un riche sophiste athénien, qui commanda pour leur construction du calcaire du Parnasse (et non du marbre blanc, comme le mentionne Pausanias). Puis fut créé l'arc de triomphe monumental décorant l'entrée, unique dans un stade antique en Grèce. A cette époque, la piste fut légèrement raccourcie, passant de 178,35m à 177,41 m afin de correspondre exactement à 600 pieds romains (largeur 25,50m). Le stade est construit sur la pente naturelle du terrain avec son côté nord creusé dans la roche et le côté sud formé d'un remblai artificiel, retenu par un mur de soutènement. Son entrée se trouve du côté oriental et est formée par un triple arc soutenu par quatre piliers, dont les deux centraux possédaient des niches pour abriter les statues. Sous ces arcs de triomphe, les juges des jeux et les athlètes entraient dans le stade sous des acclamations du public. Derrière l'entrée, sur le rocher, a été sculptée un podium à cinq marches appartenant à une configuration plus ancienne du stade, tandis que l'on peut également voir les vestiges d'une fontaine. Le stade est en forme d'épingle à cheveux, avec deux blocs de sièges parallèles et un sphendone semi-circulaire à l'extrémité ouest. Les bancs reposent sur un socle de 1,30 m de haut. Le côté nord comporte douze gradins de sièges, tandis que le côté sud n'en compte que six en raison de la forte pente du terrain. Les deux côtés sont divisés par des escaliers facilitant la circulation des spectateurs. Du côté nord se trouve également une tribune rectangulaire où les juges siégeaient sur des bancs à dossiers. On estime que le stade avait une capacité de 5.000 spectateurs. Les extrémités de la piste sont traversées par la ligne de départ (aphésis) et la ligne d'arrivée (terma), munies d’appuis en pierre avec des cavités pour les pieds des athlètes et pour les poteaux en bois qui les séparaient. Dans l'angle N.-O., peu avant l'hémicycle, subsistent les restes d'aménagements hydrauliques.
Quartier Nord-Est Comme le montre la disposition de la terrasse d'Attale 1er enjambant le péribole, ce fut la dernière partie du sanctuaire à être aménagée à l'époque consacrant l'affaiblissement définitif des cités grecques. De fait, la plupart des édifices sont dus aux libéralités de rois étrangers ou à de riches particuliers, dont la Lesché de Cnide et le monument de Daochos II. Plus loin gisent les restes du monument des Corcyréens derrière lequel fut mise au jour la base de la célèbre colonne d'acanthe ou « les Danseuses », donation athénienne de la seconde moitié du IVe s. av. JC, dont on peut voir des vestiges ainsi que la reconstitution au musée. Ce monument commémoratif était le plus haut du site. Vient ensuite un ensemble construit par les rois de Pergame, dominé par ce que les archéologues ont nommé la terrasse d'Attale 1er (roi de Pergame de 240 à 197 av. JC). Un escalier partant des environs du char des Rhodiens donnait accès à cette immense terrasse de 1.000 m² dominant de plus de 3m celle du temple. On rencontrait tout d'abord deux piliers dont les bases sont encore visibles et qui portaient chacun une statue : celle d'Attale 1er et celle de son successeur Eumène II ajoutée ultérieurement. On accédait ensuite à une longue base, la plus longue de Delphes avec ses 27m. Soutenait-elle un groupe de statues monumentales illustrant la victoire du roi contre les Galates ? Ou s'agissait-il d'un autel dont la majesté a incité certains archéologues à penser qu'il fut consacré à Néoptolème, le fils d'Achille assassiné par les habitants de Delphes et dont on sait par ailleurs qu'un culte lui était rendu dans le sanctuaire d'Apollon ? Au-delà s'élevait enfin un vaste portique orné de peintures, à douze baies doriques. Il fut creusé à l'époque chrétienne pour servir de citerne.
Lesché de Cnide / Club Knidia L'un des monuments importants du site archéologique de Delphes, non pas tant pour la construction architecturale que pour la riche décoration picturale, était le club de Knidia. Il s'agissait d'un bâtiment situé le long du péribole et dédié par la municipalité de Knidia à Apollon. Cnide était l'une des villes importantes de la côte sud d'Asie Mineure, face aux îles de Kos et de Nisyros, avec une histoire importante, des colonies en Sicile et Naucrati en Égypte, développa une grande culture, et possédait une importante école de médecine. Les Cnidiens entretenaient des relations particulières avec le sanctuaire d'Apollon à Delphes. Pendant les guerres perses, Cnide était l’une des villes d’Asie Mineure attaquées par les Perses. Les Cnidiens tentèrent de se défendre, créant un fossé et isolant la péninsule du continent. Cependant, lors de la construction des douves, de nombreux Cnidiens furent blessés et décidèrent d'envoyer des représentants à l'Oracle de Delphes pour demander conseil à Apollon. La réponse d'Apollon fut négative, car il leur dit que Zeus n'approuvait pas les travaux de la tranchée et pour cette raison ils arrêtèrent les travaux et placèrent tous leurs espoirs dans l'aide du dieu. Lorsque les Cnidiens aidèrent plus tard Cimon dans la grande victoire contre les Perses sur le fleuve Eurymédon (468 avant JC), Apollon avait tenu sa promesse. Le club fut dédié au dans la première moitié du Ve s. av. JC, quelques années après les luzernes, batailles victorieuses des Grecs contre les envahisseurs perses. Les vestiges du bâtiment rectangulaire d'environ 19 m sur 9,5, avec deux rangées de quatre colonnes à l'intérieur, probablement en bois sur des bases en pierre, se trouvaient presque contre l'enceinte délimitant l'emplacement du Temple d'Apollon, à son extrémité nord-est. Il était utilisé pour les réunions, les discussions et le repos mais probablement aussi pour le sport car l'espace central entre les colonnades était inhabité. Sur le soubassement est conservée l'inscription votive "Knidios o damos to analamma Apolloni" et les inscriptions honorifiques pour Knidios. Le club était célèbre pour sa riche décoration picturale qui, selon Pausanias, fut réalisée par l'un des peintres les plus importants de l'Antiquité, le célèbre peintre thasien Polygnotos vers 475-460 av. JC. Au IIe s. ap. JC, Pausanias décrivit en détail les fresques ayant pour thème la chute de Troie (Ilio Persis) et la descente d'Ulysse aux Hadès (Nekyia) en divers épisodes.
Vœu de Daochus / Offrande votive des Daochos Le vœu de Daochus était l’une des dédicaces privées les plus riches et les plus impressionnantes du sanctuaire de Delphes, situé dans la zone nord-est du temple d'Apollon, sur un piédestal de pierre long et étroit où avaient été déposés d'autres ex-voto des Étoliens, des Phocéens et des Déinoménides. Daochos II de Pharsala, était tétrarque de Thessalie et hiéromnémon, c'est-à-dire représentant de sa patrie dans l'amphictyonie de Delphes, de 339 à 334 av. JC. Ses relations avec le sanctuaire delphique l'ont probablement amené à consacrer ce monument en l'honneur de sa famille, dont plusieurs membres furent de brillants athlètes et vainqueurs aux jeux delphiques. Le monument a probablement été consacré vers 337 av. JC. Le monument, attribué au célèbre sculpteur Lysippe ou à son école, se compose d'un grand socle sur lequel se dressaient neuf statues de marbre. Le groupe est identifié grâce aux inscriptions conservées sur le socle et mentionnant les noms et les réalisations de chaque personnage. La succession de statues commençait à droite par une figure d'Apollon assis sur un omphalos (nombril) puis viennent six statues des ancêtres de Daochos, à commencer par le géniteur Aknonios présentant sa famille au dieu : d'abord ses trois fils, Agias, athlète du pancrace, plusieurs fois victorieux dans les jeux grecs, le lutteur Télémaque et le plus jeune, Agelaos, un coureur. Tous les trois ont été vainqueurs dans leurs épreuves respectives des jeux Pythiens la même année. Ils sont suivis de Daochos Ier, fils d'Agias, et de son fils Sisyphos Ier, père du dédicateur, qui, selon l'inscription, était célèbre pour sa carrière militaire. Les statues de Daochos II lui-même et de son fils Sisyphos II complètent l'ensemble. Les cinq statues survivantes et la base de ce monument bien conservé se trouvent au musée archéologique de Delphes.
Musée Le premier musée archéologique de Delphes, composé de deux ailes, a été construit en 1903 selon les plans de l'architecte français Tournaire pour abriter les découvertes de la grande fouille française commencée en 1892. Il fut ensuite remanié et agrandi à plusieurs reprises et est aujourd'hui l'un des plus importants de Grèce. Il présente l'histoire du célèbre sanctuaire delphique et de l'oracle le plus célèbre du monde grec antique. Ses riches collections comprennent principalement des sculptures architecturales, des statues et des œuvres de micro-art, des dédicaces de fidèles au sanctuaire, reflétant son activité religieuse, politique et artistique tout au long de son parcours historique, depuis la fondation du temple apollonien au VIIIe s. av. JC. jusqu'à son déclin dans l'Antiquité tardive. Pour mieux comprendre Delphes, il est préférable de commencer par le musée, qui vous aidera à situer plus justement vos découvertes. Il présente les bas-reliefs des temples et des "trésors" des différentes cités, mais surtout leur ancien contenu.
Village de Delphes La ville classique entourait largement le périmètre sacré, descendant sans doute assez bas vers le sud en direction du ravin si l'on en croit Pausanias qui relevant le caractère très escarpé des rues de la ville. A l'époque paléochrétienne (fin IVe s.-Ve s.), alors que l'espace urbain se rétrécissait comme une peau de chagrin, le téménos fut transformé en zone d'habitation. On pava la Voie Sacrée avec des matériaux empruntés aux édifices antiques (c'est ce dallage que l'on voit aujourd'hui) tandis que le temple d'Apollon, le premier démantelé de manière systématique, servit de carrière principale aux nouvelles constructions chrétiennes. Ce qui n'était plus qu'un village fut gravement saccagé par les Slaves au VIIe s. Il survécut pourtant puisqu'il fut la patrie de saint Luc, fondateur du monastère du même nom. Dès le XVe s., des voyageurs européens signalèrent l'existence d'un hameau semé de vestiges antiques, que les habitants appelaient Kastro et dont ils ignoraient tout du prestigieux passé jusqu'à son nom de Delphes. A la fin du XIXe s., le village fut déplacé à l'endroit de l'actuelle localité pour mener à bien la grande fouille de l'école française. Le village moderne de Delphes offre une vue imprenable sur le golfe d'Itéa, de nombreux restaurants et magasins de souvenirs. La maison d'Angelos et d'Eva Sikelianos a été transformée en Musée des fêtes de Delphes. Si vous n'êtes pas pressés, vous pouvez emprunter l'un des chemins de randonnées qui sillonnent la montagne et les environs.
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