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Dodoni

 

Situé à 22 km au sud de Ioannina, Dodoni était le site du plus ancien oracle de Grèce et second oracle de la Grèce antique (après Delphes) dédié à Zeus. Les prêtres interprétaient les volontés du dieu d'après le bruissement des chênes dans la forêt voisine. Le chêne sacré a été apporté par les Selloi, une branche de la tribu de Thesprotiens, entre les XIXe et XIVe siècles av. J.-C. et est rapidement devenu le centre du culte du sanctuaire. L'origine est un sanctuaire panhellénique dédié à la déesse mère mais il en reste que peu de vestiges si ce n'est le théâtre de 17.000 spectateurs, parmi les plus grands de l'Antiquité.

 

Au mois d'août des représentations dramatiques sont jouées dans le théâtre. Le site archéologique de l'ancienne Ephyra porte le nom de Nekromanteion et existe depuis le VIIe siècle av. J.-C. Le sanctuaire était dédié à Perséphone et était l'entrée de l'Hades, la rivière Achéron donnait accès au monde souterrain des ténèbres. On peut aussi y voir des vestiges mycéniens.

 

Dodone dans l'histoire

Les vestiges les plus anciens remontent à l'âge du bronze (vers 2500), époque à laquelle Dodone abritait, semble-t-il, un sanctuaire dédié à une déesse de l'abondance et de la fertilité. Après l'arrivée des premiers Hellènes (vers 2000), son culte coexista avec celui de Zeus, avant que cette divinité préhellénique ne soit assimilée à Dionè, l'épouse de Zeus, qui possédait elle aussi son temple à Dodone. Bien que l'endroit ait été considéré par les Grecs de l'Antiquité comme le siège de l'oracle le plus ancien, les constructions durables n'apparurent qu'au IVe s. av. notre ère, et se développèrent dans le courant du siècle suivant: sanctuaire de Zeus, temples des divinités associées et, au-dessus du périmètre sacré, une acropole fortifiée dont les dimensions restreintes ne lui permettaient guère d'abriter plus d'un millier de personnes. Stade et théâtre accueillaient des concours gymniques et musicaux (l'hippodrome n'a pour l'heure pas encore été repéré), les Naïa, qui se déroulaient encore au milieu du IIIe s. de notre ère. La plus belle période de Dodone fut le demi-siècle qui précéda le pillage des Romains par Paul Emile en 167 av. J.-C. Dodone se remit difficilement d'un tel désastre et, à la fin du 1er s. av. J.-C., Strabon décrit la région comme un pays désert livré aux loups. Sous l'empire romain, Dodone retrouva un peu de son lustre. Ainsi son théâtre pouvant contenir jusqu'à 20 000 spectateurs fut remanié pour accueillir des spectacles de gladiateurs. A la fin du IVe s., l'édit de Théodose imposant la fermeture de tous les sanctuaires païens fut fatal à l'oracle millénaire. On continua pourtant à prier à Dodone, mais les prières s'adressaient au dieu des chrétiens cette fois. Dodone devint au Ve s. le siège d'un évêché, et des églises s'élevèrent au-dessus des temples païens comme celle qui recouvre le temple d'Héraclès dans le périmètre archéologique.

 

Dans son Enquête, Hérodote donne les deux versions qu'il entendit sur la fondation de l'oracle de Dodone. Il tenait la première des prêtres de Thèbes d'Egypte. A les en croire, deux prêtresses égyptiennes auraient été enlevées par des Phéniciens puis vendues, l'une en Libye, l'autre en Grèce. Chacune fonda un oracle dans son pays « d'accueil » : l'une celui d'Amon, dans l'oasis de Siwa, celui-là même qu'Alexandre consulta et où lui fut révélée son origine divine ; l'autre celui de Dodone, en Grèce. Mais voici ce que le père de l'histoire entendit à Dodone même que ce n'étaient pas deux prêtresses mais deux colombes qui étaient parties de Thèbes d'Egypte. La première, blanche, s'en fut dans l'oasis de Siwa. La seconde, noire, se rendit à Dodone où elle se percha sur un chêne et s'adressa avec une voix humaine aux habitants des lieux, leur enjoignant d'établir un sanctuaire dédié à Zeus. Le scrupuleux Hérodote rapporte les deux versions, tentant même d'en suggérer une synthèse. Une prêtresse, que les Grecs appelèrent « colombe », était effectivement venue d'Egypte. Pour eux, sa langue étrangère restait aussi incompréhensible que le pépiement des oiseaux. De plus, cette colombe ne pouvait être que noire, en raison de ses origines africaines. Sitôt qu'elle eut appris suffisamment le grec, la prêtresse ordonna de construire un temple consacré à Zeus.

Les premières offrandes de Grèce méridionale datent de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. mais l'activité du bâtiment a commencé au IVe siècle av. J.-C. Le sanctuaire a atteint son apogée au IIIe siècle av. J.-C. mais a été détruit par les Etoliens en 219 av. J.-C. Il a été rapidement reconstruit pour rester en service jusqu'à sa destruction par les envahisseurs romains en 167 av. J.-C. Lors de la période romaine il a eu une fonction différente jusqu'au IVe siècle. Le site du sanctuaire a alors été recouvert par une basilique chrétienne (VIe s.). Aujourd'hui le théâtre (**) est employé pour des représentations. Les premières fouilles du site datent de 1873-1875. Le travail systématique de restauration du théâtre, du stade, et d'autres monuments du site commencèrent en 1961 selon l'étude de l'architecte B. Charissis. Les monuments les plus importants du site sont :

La Chambre sacrée (temple de Zeus, bâtiment E1) a eu au moins quatre phases architecturales mais la forme originale demeure inconnue. Il semblerait qu'au début ce fut un espace ouvert avec des chaudrons en bronze sur trépied entourant le chêne sacré. Le premier temple a été construit au début du IVe siècle av. J.-C. et a été graduellement agrandi et réparé aux IVe, IIIe et IIe siècles av. J.-C. La dernière construction (et la mieux conservée) mesure 20,80m sur 19,20.

Autour du sanctuaire de Zeus s'ordonnait une série de temples consacrés aux divinités secondaires : Dionè, sa parèdre, qui disposa de deux temples successifs, Aphrodite, Apollon et Héraclès. Avant d'atteindre le sanctuaire principal, on laissera les vestiges infimes des temples d'Aphrodite et de Thémis. La première maison sacrée -le temple de Zeus- ne fut construite qu'au VIe s. Il faut auparavant imaginer un culte en plein air autour du chêne sacré, entouré sans doute d'un cercle de trépieds supportant des chaudrons. On construisit tout d'abord un petit temple, entouré à la fin du IVe s. par un mur d'enceinte. C'est probablement lors de ce remaniement que disparurent les chaudrons. Les vestiges actuellement visibles remontent à l'état de la fin du IIIe s. Le temple primitif avait été augmenté à l'avant d'un vestibule tétrastyle et à l'arrière d'un opisthodome. L'enceinte surélevée S'ornait sur trois côtés d'un portique ionique, le dernier côté étant celui où poussait le chêne sacré, à l'endroit où les archéologues ont replanté un nouvel arbre. A l'extrémité du périmètre archéologique se trouve le temple d'Héraclès, recouvert en partie par une basilique paléochrétienne. Devant la basilique gisent les vestiges informes des deux temples successifs de Dionè.

Le théâtre est un des plus grande de Grèce, avec environs 18.000 places. Il s'appuie contre la pente naturelle de la colline. Toutefois, pour lui donner la hauteur souhaitée, il fallut creuser pour aménager l'orchestra et surélever artificiellement la partie haute de la cavea. Les deux ailes du théâtre sont épaulées par deux véritables tours en maçonnerie et il comprend une stoa dorique et une avant-scène en bois. Il a été construit au début du IIIe siècle av. J.-C., pendant le règne de Pyrrhus et a été détruit en 219 av. J.-C. par les Etoliens et remanié à plusieurs reprises. À la fin du IIIe siècle av. J.-C. notamment avec la suppression des premiers gradins afin de hausser les parois de l'orchestra. On y donnait alors des combats de gladiateurs et de bêtes fauves. Il a été de nouveau démoli par Aemilius Paulus en 167 av. J.-C. Au Ier siècle av. J.-C. il a été transformé en arène. On pourra aisément grimper jusqu'aux dernières rangées, d'où l'on découvrira une vue d'ensemble sur le site et sa belle vallée verdoyante. Au mois d'août des représentations dramatiques y sont jouées.

Du côté extérieur, le théâtre était bordé par un portique répondant à celui du Bouleutérion, à treize colonnes octogonales avec chapiteau dorique.

Les vestiges du Bouleuterion (bâtiment E2) comportent un grand hall (mesurant 43,60m sur 32,35) et un stoa dorique à l'avant. Il a été érigé à la fin du IVe siècle ou au début du IIIe siècle av. J.-C. et a été reconstruit deux fois, après sa destruction par les Etoliens en 219 av. J.-C. et par les Romains en 167 av. J.-C. Il a été de nouveau réparé par Augustus et servit jusqu'à la fin du Ier siècle av. J.-C. La grande salle du Conseil était construite en hémicycle à flanc de colline, comme le montrent quelques colonnes qui s'élèvent à mi-pente à leur place originelle. Les membres du Conseil siégeaient sur une estrade dans la partie basse, tandis que les Bouleutes prenaient place sur les gradins. Dans la partie basse ont été retrouvées plusieurs bases de statues qui honoraient la mémoire d'hommes de guerre du IIe s. av. notre ère.

Du côté opposé, des fouilles récentes, conduites par le professeur Sotirios Dakaris, ont permis de mettre au jour les vestiges d'un édifice identifié au Prytanée (fin du IIIe s. av. notre ère). Entre les deux bâtiments se trouvent les restes de la porte monumentale (IVe s.) qui ouvrait sur le périmètre des temples.

Le stade n'a pas été complètement fouillé. C'est l'un des quelques stades antiques avec des sièges en pierre (21 ou 22 rangées de gradins), contemporain à la seconde phase architecturale du théâtre (fin du IIIe siècle av. J.-C.). Seuls les gradins de la partie gauche sont encore visibles, s'appuyant sur la pente de la colline et viennent buter sur la tour de soutènement du théâtre. Du côté opposé, les gradins s'appuyaient sur un mur de maçonnerie mais l'ensemble a aujourd'hui disparu. C'est là que se déroulaient les compétitions athlétiques lors des concours des Naïa. Dans la première décennie du IIe s. de notre ère, ces jeux égalèrent en dignité ceux d'Olympie et de Corinthe et l'on venait des quatre coins du monde antique pour y concourir. Au bout de la piste, une porte double donnait accès au théâtre et au périmètre des sanctuaires.

L'acropole occupe le sommet de la colline et est entourée par un mur polygonal (long de 750m) daté du IVe siècle av. J.-C. Le mur est renforcé avec les tours rectangulaires et possède trois portes principales. À l'intérieur des murs sont préservées les bases de bâtiments et un réservoir souterrain à eau, taillé dans la roche.

Le Prytaneum (bâtiment H) est rectangulaire (17,30m sur 10.70) daté du IVe siècle av. J.-C. C'est la première structure du sanctuaire après la Chambre sacrée. Il a servit de lieu de repos aux prêtres de Zeus ou aux chefs de la ligue. Il a été détruit par l'Etoliens en 219 av. J.-C.