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Dafni

Le monastère fortifié byzantin de Dafni(os) est situé au bord de la nationale reliant Athènes à Corinthe, au pied du mont Aigaleo à Haidari, presque à mi-chemin sur l’antique voie sacrée menant à Eleusis, probablement sur le site de l'ancien sanctuaire de Daphnéios ou Daphnios Apollon détruit lors de l'invasion des Goths en 395, Intéressant pour les amateurs d'art, c'est le monument byzantin le plus important de la capitale grecque et de ses environs. Le premier monastère consacré à la Dormition de la Vierge a été érigé à cet endroit au VIème siècle et était protégé par de puissants murs défensifs dont subsiste encore une partie significative. Les quatre côtés sont renforcés intérieurement par de grands pilastres, sur lesquels reposaient de larges arcs formant une arcade, dont peu ont été conservés à ce jour. Trois tours carrées renforçaient le mur nord, côté de la Voie Sacrée. Une autre tour renforçait la porte ouest, encore conservée en ruines, tandis qu'une autre porte avec une tour intérieure existait à l'est, en dessous de la porte post-byzantine par laquelle le visiteur entre aujourd'hui.

Parallèlement aux quatre côtés de l'enceinte fortifiée, mais à une courte distance de ceux-ci, sont conservés les vestiges de bâtiments, peut-être des cellules d'origine. À l'intérieur du fort domine le catholicon (église du monastère), tandis qu'au nord se trouvent les ruines du réfectoire. Sur le côté sud du Katholiko se trouvait une cour carrée avec des arcs, des ailes de cellules et des bâtiments auxiliaires rénovés ou reconstruits à plusieurs reprises au cours des mille ans d'existence du monastère.

La seconde phase, datée de la fin du XIème siècle (vers 1080) et transformé en 1207 par les moines cisterciens de Belleveaux après le mis à sac par les croisés en 1205 ainsi qu’en 1458 par les moines orthodoxes, est celle visible aujourd’hui. Après l'occupation d'Athènes par les Turcs, en 1458, les moines orthodoxes construisirent des bâtiments à deux étages avec des cellules et une salle à manger, des réserves et une galerie périphérique dans le petit cimetière au sud du Catholicon. Les vestiges architecturaux découverts lors des fouilles au sud et à l'ouest du cimetière appartiennent probablement à des bâtiments à usage auxiliaire de l'époque byzantine.

Pendant la Révolution grecque de 1821, le complexe monastique fut parfois utilisé comme garnison. Après la fondation du Nouvel État hellénique (1830), le monastère fut déserté et finalement abandonné, après avoir abrité, pendant une courte période, la caserne des troupes bavaroises (1838-1839) et françaises (1854) ainsi que l'hôpital psychiatrique public ( 1883-1885). Depuis 1990, le monastère de Dafni est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, avec le monastère d'??sios Loukas à Steiri de Béotie et Nea Moni à Chios, car ils partagent le même type architectural et esthétique. caractéristiques d’un art exceptionnel.

Le catholicon dédiée à la Dormition de la Vierge, située au centre de la cour, appartient au type caractéristique de l'église hellénique octogonale à croix en carré, adoptée par certains monuments très importants de la période moyen-byzantine, Sa principale caractéristique réside dans les grandes dimensions de la coupole et dans la façon dont elle s'appuie sur huit piliers, disposés symétriquement, sur les côtés de l'espace central spacieux et de plan carré. Quatre chapelles latérales occupent les angles de l'édifice. Le narthex du côté ouest est contemporain du temple, tandis qu'un peu plus tard, un exonarthex ou porche avec un étage a été ajouté, qui couvrait également le narthex et une partie du temple principal. L'accès à l'étage se fait par un escalier en forme de tour, dans l'angle NO du catholicon. À la suite d'un tremblement de terre majeur qui a causé de graves dommages pendant la période d'occupation franque, les moines de l'ordre cistercien, auquel le monastère fut concédé en 1207 par le duc d'Athènes Otto de la Roche, entreprirent d'importants travaux de restauration à l'exonarthex, donnant sa forme actuelle, avec les arcs brisés sur la façade et les créneaux à l'étage supérieur. Sous le narthex se trouve une crypte non ouverte au public. À l'ouest de l'exonarthex, une chapelle avec l'arc du sanctuaire au nord, construite par la Guilde des Boulangers, fut annexée à la fin de l'occupation turque.

La simple maçonnerie cloisonnée du catholicon est enrichie par de simples ornements en briques autour des fenêtres, tandis que l'intérieur est décoré de mosaïques de haute qualité sur fond d'or (fin du XIème siècle), de revêtements en marbre et de décorations sculptées, dont très peu d'exemples sont conservés de nos jours. Le type architectural et la luxueuse décoration en marbre et en mosaïque relient les fondations du monument aux cercles de la cour impériale de Constantinople. Les mosaïques qui décorent les parties supérieures des murs illustrent la doctrine de l'église, suivant le programme iconographique établi de la période moyen-byzantine. Les personnages élancés, avec leurs visages doux, leurs proportions excellentes et leurs mouvements modérés, font référence aux anciens exemplaires classiques et hellénistiques. Les fresques des parties basses de la nef, en partie conservées aujourd'hui, ont été peintes au XVIIe siècle, à la place des revêtements en marbre détruits.

Le réfectoire au nord de l'église est également décoré de fresques.

Notons les vestiges de mosaïques du temple de Daphnéos ou Apollon Daphnéos (IIe) sous l'église byzantine. Seulement une colonne ionique du temple est toujours existante dans le vestibule du narthex alors que d’autres vestiges ont été enlevés par Elgin au XIXème siècle. La construction du premier monastère servit peut-être à détourner des anciens cultes les quelques païens qui s'obstinaient à parcourir la Voie Sacrée jusqu'au sanctuaire de Déméter.

À environ 100m se trouve le cimetière du monastère et la chapelle d'Agios Nikolaos construite au IX siècle. Sous l’église se trouve une crypte contenant des ossuaires le long des deux côtés.

On peut s'y rendre en prenant le bus de la place Eleftherias (nord de Monastiraki) et descendant à l'arrêt Venizini, juste devant le site. En dehors des heures de pointe, le trajet dure environ 30 minutes. Ne prenez pas les bus à destination de Daphni partant de la place Syntagma car ils aboutissent à un faubourg du même nom au sud-ouest de la capitale.