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Amphiareion

 

En tant que port particulièrement important en raison de sa communication avec Eubée, Oropos fut une cause de conflit entre les Béotiens et les Athéniens. L'habitation à Oropos a été confirmée depuis la période hellénique moyenne à l'emplacement de Nea Palatia. Les vestiges céramiques des périodes helladique moyenne, mycénienne, protogéométrique, géométrique et archaïque proviennent de la zone plus large d'Oropos. Jusqu'à la fin de l'époque archaïque, la ville a dû être sous l'influence, sinon l'occupation, d'Érétrie. Vers 506 av. JC après la campagne victorieuse des Athéniens contre les Béotiens ou un peu plus tard après la luzerne, Oropos passa entre les mains d'Athènes. D'après quelques paroles de l'orateur Lysias, il est attesté que l'Athénien Polystratos commandait Oropos avant 411 av. JC. Les propriétaires de la ville ont longtemps alterné, jusqu'après 367/366 av. JC environ puis elle semble avoir acquis son autonomie plusieurs années.

De 338 av. JC au début du IIIe siècle av. JC il y a une période de divers changements. Philippe de Macédoine ou son fils Alexandre cède Oropos aux Athéniens. Les Athéniens réorganisent les fêtes et jeux du sanctuaire, offrent des hommages à Amphiaraos et construisent des bâtiments. En 313 av. JC, Oropos est conquise par le général d'Antigone le Polémée borgne. En 287 av. JC Oropos devient membre du Commun des Béotiens et s'ensuit un épanouissement de l'Amphiareion qui dure jusqu'en 146 av. JC. Des foules de personnes venues de toutes les régions du monde grec, des îles et de l'Asie Mineure se rendent désormais dans son sanctuaire. Il existe également de nombreux dons et avantages que le sanctuaire reçoit. Les ports de l'État - Skala et Delphinio comme on les appelle aujourd'hui - où débarquaient les pèlerins du sanctuaire contribuèrent à l'augmentation des revenus d'Oropos. Les grands monarques de l’Est tels que Ptolémée IV Philopator favorisaient matériellement la petite cité-État.

Durant l'Empire romain (à partir de 146 av. JC) Oropos est « autonome » et l'épanouissement du sanctuaire au Ier siècle av. JC peut avoir lieu grâce à la bienfaisance du général romain Sylla. Au début du Ier s. ap. JC, Oropos devint définitivement la propriété d'Athènes. Des inscriptions votives des premières années chrétiennes trouvées à Amfiarium nous informent que les Athéniens offraient des offrandes au dieu vénéré du sanctuaire. Le culte d'Amphiaraus s'est éteint avec la montée du christianisme.

Sous Skala Oropos se trouvent les vestiges de la ville antique.

 

Près de la ville se trouve le sanctuaire le plus important du dieu et héros Amphiaraos (une des divinités des enfers) avec un oracle et des vertus curatives, dans la petite vallée de Mavrodilesi traversée par une rivière asséchée que les anciens appelaient Charadra. Il fut fondé à la fin du Ve s. av. JC quand Oropos, une des plus anciennes villes de la Grèce antique, était aux mains des Athéniens, et durant toute la durée de son activité il fut le sanctuaire national de la ville. C'est un site très important suite aux nombreuses inscriptions trouvées à cet endroit et ayant appartenu aux archives de la ville (décrets de la vie politique). Elles datent du IVe siècle av. JC (apogée) comme bon nombre de bâtiments. Dès le début du IVe s. av. JC et jusqu'en 338 av. JC (bataille de Chéronée) le sanctuaire est organisé et sa renommée se répand dans toute la Grèce. Des bâtiments y sont construits et des statues y sont érigées. Le sanctuaire semble fonctionner selon une réglementation fixe. Selon une liste des noms des gagnants de l'époque, chaque année la Petite Amphiaria et tous les cinq ans la Grande Amphiaria étaient organisées. La Grande Amphiaria comprenait des compétitions musicales, sportives et équestres auxquelles participaient des athlètes, des érudits et des acteurs de toute la Grèce, de l'Italie et de l'Asie Mineure. Les fouilles archéologiques ont été effectuées par la société archéologique d'Athènes en 1884 - 1890.

 

Amphiareio est construite sur les rives du ruisseau avec, sur la rive gauche se trouvent les bâtiments officiels, le temple, l'autel, le portique, le théâtre et sur la droite le quartier d’habitation avec les bureaux, les magasins et les hôtels, le marché et la Klepsydra (horloge hydraulique). Dans l’Antiquité, l’entrée du sanctuaire se faisait par son bord oriental où se trouvaient les bâtiments officiels du sanctuaire. Le premier bâtiment que le visiteur voit vers l'ouest sont les bains du sanctuaire. A l'ouest des thermes se trouvent les ruines de la « grande galerie du sanctuaire ». Derrière le grand portique se trouve le théâtre. À l’ouest du portique se trouve la rangée de socles de statues bordant la route menant au temple. Devant les derniers socles se trouvent les ruines du « grand autel du sanctuaire ». Vers le côté nord de l'autel se trouvent les restes de trois marches du Théâtre devant l'Autel. À l'endroit où se dresse le dernier piédestal, nous avons les murs d'un petit temple du IVe s. av. JC. Au sud-ouest de l'autel fut construit le grand temple du sanctuaire dédié à Amfiaraos. Au sud de l'autel se trouve la source sacrée. À côté de la source, il y avait des bains.

Sur l'autre rive de la rivière se trouvaient les maisons et les installations nécessaires au fonctionnement du sanctuaire.

 

Les monuments les plus importants sont :

 

A demi-enfouies dans la végétation, gisent les ruines de thermes dont les premières constructions furent élevées au IVe s. Grâce aux auteurs anciens, nous savons que les bains étaient célèbres dans l'Antiquité et éclipsaient même la réputation du sanctuaire.

 

Comme dans toutes les villes grecques, le grand portique du sanctuaire (110 m de longueur, IVe s. av. JC) servait à la promenade et au repos à l'abri de l'ardeur du soleil ou des intempéries. A l'Amphiaraion d'Oropos, sa fonction était également rituelle : c'est là, sur des banquettes de marbre courant tout le long du mur des deux chambres situées aux extrémités est et ouest, que les pèlerins désireux de recevoir l'oracle passaient la nuit, couchés sur la peau du bélier qu'ils venaient de sacrifier. Dans les environs on trouvait les maisons, les magasins et les bureaux privés.

Le stade devait se trouver le long du grand portique. Il était dépourvu de gradins et les spectateurs se contentaient d'assister aux compétitions debout, ou assis sur des sièges à l'abri du portique.

 

Au théâtre antique (3.000 spectateurs, IIe s. av. JC) on peut voir une décoration sculptée et des inscriptions. Outre quelques gradins, on verra sur la périphérie de l'orchestra cinq sièges en marbre dont les inscriptions nous apprennent qu'ils furent offerts par le prêtre du sanctuaire au Ier s. av. notre ère. Ils étaient destinés aux prêtres et aux spectateurs officiels des manifestations théâtrales. L'un d’eux a survécu intact. Le théâtre servait de cadre à une partie des jeux de l'Amphiaraion. Ces compétitions panhelléniques se déroulaient tous les 4 ans avec la participation d'athlètes, de poètes et de musiciens. La colonnade à été restaurée.

 

Le temple (38 X 14m) est situé à proximité d'une source citée dans le mythe d'Amphiaraos. Il a été construit au IVe siècle av. JC selon le style dorique. La cella était précédée d'un pronaos à six colonnes doriques en façade. L'intérieur de la cella, divisé en trois nefs par deux rangées de colonnes dont on voit encore quelques bases, abritait une statue en marbre du dieu. Devant elle les fidèles déposaient leurs ex-voto, représentations de personnages ou de membres guéris, comme on le voit de nos jours devant les icônes des églises. Dans le mur du fond se trouvait une porte menant à une petite pièce qui servait peut-être de trésor au sanctuaire ou avait un rapport avec le culte. Aujourd'hui l'ouverture et le seuil de cette porte sont conservés.

Les ruines autour du temple datent du VIe siècle av. JC. 10m en avant du temple gisent les fondations du « grand autel du sanctuaire » sur lequel les pèlerins sacrifiaient le bélier rituel. Dans l’Antiquité, il avait des dimensions monumentales. Un peu en contrebas à droite, un bassin d'origine romaine recueillait les eaux de la source sacrée dont l'eau ne pouvait pas être utilisée pour la purification ou pour se laver les mains. Lorsqu'on guérissait quelqu'un, on jetait des pièces d'argent ou d'or dans la source, car on croyait qu'Amphiaraos sortait comme un dieu après avoir été plongé dans la terre par la foudre de Jupiter. À côté de la source, il y avait des bains pour hommes dont seuls subsistent un réservoir, deux grands bassins, le sol et la partie inférieure des murs de certaines salles de bains.

A proximité, un espace tout en longueur, délimité vers l'Ouest par un puissant mur de soutènement au pied de la colline, abritait une rangée de statues d'illustres citoyens d'Oropos ou de bienfaiteurs du sanctuaire. On n'en voit plus que les 24 bases alignées de part et d’autre de la route menant au temple.

Vers le côté nord de l'autel se trouvent les restes de trois marches semi-circulaires. Selon une inscription du sanctuaire, les marches appartenaient à un bâtiment qui s'appelait en réalité le Théâtre devant l'Autel. Datant du Ve ou IVe s. av. JC, ce théâtre était destiné aux spectateurs des sacrifices qui avaient lieu sur l'autel.

 

Sur l'autre rive de la rivière (accessible par un gué au niveau du bâtiment du musée), se trouvaient les maisons et les installations nécessaires au fonctionnement du sanctuaire. Les fouilles du début du siècle permirent de mettre au jour les vestiges d'une petite localité avec une agora entouré de colonnes, des hôtelleries, des boutiques où les fidèles pouvaient acquérir des objets de piété, de la nourriture et même des chaussures comme permet de le penser la découverte d'ateliers de cordonniers. Laissé pratiquement à l'abandon depuis sa découverte, ce secteur est aujourd'hui recouvert d'une épaisse végétation d'où émergent par endroits quelques blocs de pierre informes.

Près de la rive de la rivière se trouvait un petit bâtiment souterrain, le Sablier, doté d'un escalier étroit et d'un couloir vers l'extérieur. Au fond se trouve un robinet d'où l'eau se vidait très lentement. Le Sablier servait de grande horloge hydraulique pour le sanctuaire.