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Le Keramikos (***)

 

Le Cimetière du Céramique est situé au croisement des routes venant du Pirée, d'Elefsis, de Béotie et de l'Académie de Platon. Le site archéologique n'est qu'une petite partie de l'ancienne municipalité attique de Keramea, l'une des plus grandes de l'Athènes antique, située à la périphérie nord-ouest de la ville. Comme son nom l'indique, c'était une zone d'implantation de potiers et de peintres de vases et le principal lieu de production des célèbres vases attiques. La zone riveraine du Kerameikos était constamment inondée et n’était pas propice à l’habitation. Il commença ainsi à être utilisé comme lieu de sépulture et devint progressivement le cimetière le plus important de l'Athènes antique. Les artisans se sont installés dans la région du Kerameikos grâce aux sols argileux entourant la petite rivière Iridanos, propices à la fabrication de poteries. Les vases athéniens les plus importants de l'époque ont été trouvés dans les tombes du Céramique, dont le célèbre « vainqueur de Dipylos » avec la plus ancienne inscription alphabétique grecque (seconde moitié du VIIIe siècle av. JC).

L'Iridanos, qui traverse aujourd'hui le site archéologique, avait disparu depuis des siècles, enseveli par des remblais de 8 à 9 m jusqu'au niveau actuel de la rue Ermou. Il est resté enterré jusqu'en 1960 et a été mis au jour lors de fouilles. Les tombes les plus anciennes remontent à l'âge du bronze ancien (2700-2000 av. JC) et le cimetière semble s'être continuellement agrandi à partir de la période submycénienne (1100-1000 av. JC). Durant les périodes Géométrique (1000-700 av. JC) et Archaïque (700-480 av. JC), le nombre de tombes augmente, elles sont incluses dans des tumulus ou marquées de monuments funéraires. De la période hellénistique (338 av. JC) jusqu'aux premiers temps chrétiens (environ VIe siècle ap. JC), l'exploitation du cimetière dans la même zone s'est poursuivie sans interruption.

Le site comprend les vestiges d'un tronçon des anciennes murailles d'Athènes, le Thémistocléien, avec le Dipylon et la Porte Sacrée, ainsi que l'ancien cimetière d'Athènes, le Céramique. Le Dipylon, ancienne porte principale d'entrée de la ville d'Athènes, était le point d'aboutissement de la route de l'Académie de Platon, et la Porte Sacrée celui de la Voie Sacrée d'Eleusis. Entre les deux portes se trouvait le Pompéion, bâtiment d'où partait la procession des Panathénées. Le cimetière du Céramique s'étendait au-delà du Dipylon. Sa partie la plus importante est l'Allée des Tombeaux, bordée de chaque côté de tombes ayant appartenu à de riches familles athéniennes. Parmi les plus intéressantes, citons celles de Déxiléos, la concession de famille d'Hégéso Proxénos et la tombe de Démétria et Pamphilé. En dehors des murs de ville, de part et d’autre des deux routes s’étendait le cimetière officiel de la ville utilisé sans interruption du IXème siècle av. JC à la fin de la période romaine. Des fouilles systématiques eurent lieu dès 1870. Les principales pièces sont exposée au musée et seulement des copies ornent le terrain. Parmi les monuments les plus importants notons :

- En 478 av. JC, la construction du mur de Thémistocléien, encerclant toute la ville antique et construit à la hâte après le départ des Perses en raison du danger spartiate, divise l'espace entre le Céramique intérieur et extérieur. La partie intérieure des murs est utilisée pour une installation résidentielle, tandis que la partie extérieure un cimetière. Une partie du mur traversant le Céramique du nord au sud est aujourd'hui préservée. Le mur fut remanié en 394 et doublé d'un mur érigé en 338-326.

- Le Dipylon (ou Porte Double, 478 av. JC), la plus grande porte de la ville d'Athènes et la plus officielle, était constituée de deux portes jumelles, une côté campagne et une côté ville, où passait la route menant à l'Académie de Platon. La cour intérieure, enserrée entre deux épais remparts, était munie de tours à ses quatre coins. En entrant dans la cour, les assaillants ayant forcé la première porte se trouvaient lardés de traits par les assiégés, comme cela arriva aux soldats de Philippe V de Macédoine en 200 av. JC. Construite sous Lycurgue en même temps que le mur de doublement, la porte extérieure était séparée en deux baies par un pilier auquel se trouvait adossée la base en marbre d'un monument votif. Du côté de la ville, devant le pilier central, on remarque un autel rond dédié à Zeus Herkéios, Hermès et Akamas, et, à gauche, les restes d'une fontaine. Le Dipylon, remplaçant l'ancienne porte de Thria percée dans l'enceinte de Thémistocle et de Conon, s'ouvrant du côté de la ville sur une large artère (39m jusqu'au temps de Sylla), bordée de portiques, qui se dirigeait vers l'Agora. Cette avenue, ou dromos, traversait le quartier du Céramique intérieur et débouchait sur la grande place publique athénienne entre le portique des Hermès et le Portique royal. C’est de cette porte que partait le cortège des Panathénées, le festival le plus important de l'Athènes antique.

- La porte sacrée ou Porte Sainte (478 av. JC), une des portes du mur de la ville construit par Themistocles et permettant le passage du fleuve Eridanos descendant du Lycabette et canalisé dans un aqueduc. Elle donnait accès à la voie sacrée menant à Eleusis. Protégée par deux tours carrées, elle possédait une cour divisée en deux et présente un mélange de maçonneries de diverses époques.

- C'est par la Route de l’Académie, appelée simplement « dromos » dans l'Antiquité, que l'on rejoignait l'Académie, 1,5 km plus loin. La largeur exceptionnelle de cette artère (39m) s'explique par son caractère officiel. C'est en effet sur ses bords que reposaient, regroupés par dèmes, les Athéniens morts au combat ainsi que leurs alliés et leurs généraux. C'est ainsi que Périclès et Clisthène y furent inhumés. A ce jour, leurs tombes, qui doivent se trouver selon Pausanias à proximité de l'Académie, n'ont pas été retrouvées. Chaque année Athènes rendait hommage à ses héros lors de cérémonies officielles, les Epitaphia, au cours desquelles des orateurs de renom tels Périclès ou Lysias prononçaient des oraisons funèbres. Parmi les monuments funéraires identifiés le long de la route de l'Académie figure, à gauche, celui où furent inhumés plusieurs officiers lacédémoniens qui combattirent les démocrates athéniens soulevés contre les Tyrans en 403 av. JC. Devant le monument des Lacédémoniens se dresse une des bornes qui jalonnaient le dromos.

- La Voie Sacrée, aussi appelée route d'Eleusis, conduisait au célèbre sanctuaire et au-delà vers Corinthe et le Péloponnèse. Sacrée, elle le devenait lorsque le cortège des pèlerins l'empruntait pour aller célébrer les Mystères d'Eleusis. Il partait du temple de l'Eleusinion, traversait l'Agora, puis sortait de la ville par la Porte Sacrée. C'est près de là que furent découverts les plus anciens monuments funéraires. Après avoir dépassé le sanctuaire des Tritopatores, on s'engage à droite en laissant à gauche à l'intersection un tumulus ayant servi de sépulture à une famille aristocratique entre le VIe et le Ve s. Les niveaux inférieurs ont révélé, au cours des fouilles, des offrandes funéraires de l'époque géométrique. De part et d'autre de la voie on découvrira des restes de monuments funéraires dont la stèle d'Antidosis élevée sur un mur polygonal suivie du monument d'Aristomaque, monumental lécythe de marbre. De l'autre côté, presqu'en face du précédent monument, se trouve la stèle funéraire de Plathanè (copie), accompagnée de son serviteur et de son chien.

- Situé à côté du Dipylos, juste derrière les murs, le Pompeion (fin du Vème siècle av. JC) était un bâtiment spacieux avec une cour péristyle utilisée pour la préparation des cortèges. Les articles sacrés utilisés lors du cortège des Panathénées y étaient gardés. A noter les traces laissées par les roues des chars. Le bâtiment proprement dit, aujourd'hui réduit aux fondations, date en partie du temps d'Hadrien (IIe s. apr. JC) mais fut bâti sur le site du Pompéion grec. Au Ve s. av.JC on y remisait déjà les chars et les machines employés dans les processions.

- La célèbre stèle d’Hégisos (Hégéso, 410 av. JC)

- Le Taureau de marbre (345-338 av. JC)

- Le « Demosion Sema », cimetière public de la ville, se trouve à l’extérieur de la porte Dipylon. Les tombes ont été construites le long des deux côtés de la route devenue très large (jusqu'à 40m). C'est ici que Périclès prononça sa célèbre oraison funèbre pour ceux qui moururent au cours de la première année de la guerre du Péloponnèse (430 av. JC). Une partie de ce cimetière a été mis en évidence en 1997.

- La fontaine hypostyle (307-304 av. J.-C.), située à gauche de l'entrée de la porte Dipylon, offrait un approvisionnement continu en eau aux habitants de la ville et aux voyageurs.

- Un bain public du Ve s. (soubassement circulaire) et à côté, un tumulus marquant l'emplacement d'un tombeau du VIe s. Un second, en bordure du ruisseau Eridanos, servit de sépulture du VIIe s. à la fin du Ve s. sans doute à une vieille famille aristocratique athénienne.

- Le sanctuaire des Tritopatores (Ve s.) était dans l'Antiquité entouré d'un mur de briques (on a retrouvé une inscription qui en interdisait l'entrée aux passants). Quant aux Tritopatores, leur identification reste controversée. Il s'agissait peut-être des ancêtres auxquels on rendait un culte.

- Dans l’Allée des Tombeaux, les concessions furent attribuées à de riches familles athéniennes et métèques à partir de 394 environ. De chaque côté, des enclos renferment plusieurs tombes de formes variées : petites chapelles à frontons ornées de sculptures, stèles à palmettes, sarcophages de brique peints, lécythes ou loutrophores (vases que l'on déposait sur les tombes des célibataires), modestes cippes sur les tombes des esclaves enterrés près de leur maîtres. Les monuments les plus luxueux sont bien entendu antérieurs au règlement de Démétrios de Phalère qui, en 317 av. J.-C., imposa la simplicité.

Un chien couché en marbre de l'Hymette (il devait y en avoir une paire) marque la concession de Lysimachidès (seconde moitié du IVe s.), un bas-relief montre Charon, le passeur convoyant les âmes des morts sur l'Achéron, fleuve des Enfers, un ex-voto représente le banquet funèbre de deux couples aux Enfers (addition d'époque romaine).

Le monument de Dionysos Kollytos est orné d'un magnifique taureau en marbre pentélique.

La concession de Kroibos de Mélité s'orne d'une loutrophore et d'une stèle. Ce tombeau familial est flanqué d'une copie de la stèle d'Hégéso (l'original étant exposé au Musée national).

La concession des frères Agathon et Sosikratès (vers 350) d'Héraclée du Pont (il s'agissait donc de métèques) comprend la très petite chapelle d'Agathon, les stèles à palmettes d'Agathon et de Sosikratès et l'émouvant bas-relief de Korallion qui, dans une scène d'adieu, s'accroche au bras de son mari et lui tient la main.

La concession de Lysinias de Thorikos, avec un héroon en arc de cercle formant le cénotaphe de Dexiléos, le plus glorieux des fils de Lysinias tué à 20 ans en 394 à la guerre de Corinthe. Son nom se retrouve sur le monument public (où il était enterré) élevé au Céramique en l'honneur des cavaliers morts à Corinthe et à Chéronée.

Le petit musée à l'intérieur de l'espace héberge uniquement des découvertes issues des recherches menées à Kerameikos.