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Ancienne agora (***)
Ce site était le coeur de l'Athènes antique, le centre de l'activité politique, commerciale, administrative et sociale, le centre religieux et culturel, et le siège de la justice. L’évolution des bâtiments au fil du temps reflète l’évolution du régime démocratique au cours des cinq siècles d’existence de la cité-État. Le site a été occupé sans interruption lors de toutes les périodes de l'histoire de la ville. Dès le néolithique tardif (3000 av. JC) il a été utilisé comme quartier résidentiel et d'enterrement. De cette époque, des tessons de poterie artisanale ont été trouvés dans des puits et des fosses. Au cours de la période mycénienne (1550-1100 av. JC) et à l'âge du fer (1100-700 av. JC) s’y développe un cimetière avec des tombes voûtées et à chambres pour la première période, et des crémations et enterrements pour la seconde. Parallèlement, un petit habitat géométrique se développe. Au début du VIe siècle (époque de Solon), l'agora est devenue un quartier public. Les premiers édifices publics, la fontaine du sud-est et l'autel des 12 Dieux, apparurent en 520 av. JC, sous la tyrannie des Peisistratides. Avec le retour du régime politique à un régime démocratique, en 508/7 av. JC. une intense activité de construction a commencé. Le sac de l'Agora par les troupes perses en 480/479 av. JC a transformé nombre de ses bâtiments en ruines. Au 2e quart du Ve s. JC, une intense reconstruction fut observée, qui se poursuivit jusqu'au IVe s. av. JC et est directement lié à la prospérité de la République. Le déclin politique d'Athènes provoqué par l'ascension d'Alexandre le Grand au royaume de Macédoine fut suivi par l'épanouissement culturel du IIe av. siècle. A cette époque, l'Agora d'Athènes prend une nouvelle forme avec la construction des trois grands édifices stoïciens : la Stoa moyenne, la Stoa sud II et la Stoa d'Attale, cadeau du roi de Pergame Attale II au berceau de philosophie. Un grand coup porté aux bâtiments de l'Agora a été causé par leur pillage par les troupes de Sylla en 86 av. JC, en guise de punition parce que les Athéniens se sont rangés du côté du roi Mithridate et non du côté des Romains. Malgré les désastres, la ville connut une nouvelle prospérité sous les empires d'Octave-Auguste (27 av. JC - 14 ap. JC) et d'Hadrien (117-138). En 267, l'invasion par les Hérules détruisit les fondations des bâtiments de l'Agora. Dans la phase suivante de la reconstruction de la ville, la zone se trouvait en dehors des nouvelles fortifications et les complexes luxueux des demeures urbaines des Ve et VIe siècles y furent développés. Les attaques successives des barbares de la fin du IVe à la fin du VIe siècle, avec l'invasion slave en 267, entraînèrent à nouveau la destruction des bâtiments de l'Agora et menèrent au déclin définitif de la région. De la période byzantine jusqu'en 1834, moment où Athènes devient la capitale de l'état grec indépendant, l'agora a été de nouveau développée comme quartier résidentiel.
Les bâtiments de l'agora antique se sont développés autour d’une cour carrée traversée du nord-ouest au sud-est par la Voie Panathénaïque, l'une des artères les plus importantes de la ville antique, large de 12 à 20 m, suivie tous les quatre ans par la célèbre procession des Grands Panathénées, lors du festival organisé en l'honneur de la déesse patronne de la ville, Athéna. Près de l'angle nord-ouest se trouve l'Autel des 12 Dieux et sur le côté ouest, le long de l'ancienne « rue de l'Ouest », une des routes les plus fréquentées de l'agora, se sont progressivement développés les bâtiments administratifs et sanctuaires les plus importants d'Athènes : la Tholos, le Bouleuterion, le Métroon, le Monument des Héros éponymes. De ce côté se trouvent également le temple d'Apollon Patroos, le temple à nef unique de Zeus Phratrios et d'Athéna Phratria (350 av. JC, dédié aux divinités patronnes des phratries religieuses des Ioniens), la Stoa de Zeus Eleftherios et la Stoa Basileios (Stoa royale). Surplombant l'agora depuis la colline à l'ouest (Kolonos Agoraios), se trouve le temple d'Héphaïstos et d'Athéna. A l'angle SO, une borne en marbre (vers 500) portait l'inscription suivante: « Je suis la limite de l'Agora. » Il fallait en effet en connaître clairement le périmètre puisque certains criminels n'étaient pas autorisés à y pénétrer et qu'il était interdit d'y construire des maisons particulières. Immédiatement à l'0uest de cette borne, des vestiges pourtant insignifiants ont passionné les historiens. Dans les ruines de ce qui dut être un atelier, on a en effet retrouvé des oeillets d'ivoire et de petits clous de bronze qui suggèrent l'existence d'une échoppe de cordonnier. Mais la découverte majeure fut celle d'un fragment de céramique (le pied d'un verre, déposé au musée du site) portant incisé le nom de son propriétaire : Simon. Or, les textes anciens font mention d'un cordonnier célèbre du nom de Simon. Socrate aimait à venir converser dans son échoppe en compagnie de certains de ses illustres disciples, tel le riche Alcibiade, l'enfant gâté de la démocratie athénienne. Au-delà vers le Sud-ouest s'engageait une rue bordée d'ateliers de tailleurs de marbre menant la vallée menant vers la Pnyx. Cette zone résidentielle et commerciale est appelée « quartier industriel ». C'est là également (à dr. de la rue après 120m environ) que s'élevait la prison de la ville (desmoterion, Ve siècle av. JC) dont on a retrouvé les soubassements. C'est dans cette prison que Socrate fut emprisonné après sa condamnation et qu'il fut contraint de boire la ciguë. Du côté sud de l'Agora, des édifices à caractère public furent érigés, comme la fontaine Sud-Ouest (340-325 av. JC), l'Aiakeion du début du Ve siècle av. JC (anciennement identifiée à l'Heliaia, siège du tribunal), la Stoa Sud I (430-420 av. JC) et la Stoa Sud II plus tardive (IIe siècle av. JC), la fontaine du sud-est (530-520 av. JC) et l'hôtel des Monnaies (argyrokopéion, 400 av. JC) où étaient frappées les « chouettes » d'Athènes, ces belles monnaies d'argent répandues dans tout le monde grec et reprise sur les pièces de 1 euro. C’est de ce côté que se trouve également l’église d’Agioi Apostoli. Au milieu de l'espace ouvert de l'agora se trouve la Stoa du Milieu (IIe siècle av. JC) essentiellement destinée au commerce. Elle divisait la vieille place en deux moitiés inégales. Dans la moitié nord de l'ancienne place de l'agora se trouve l’Odéon d’Agrippa. Au nord de l'Odéon se trouvent les ruines du temple périphérique dorique d'Arès, ramené en morceaux de Pallini et reconstruit dans l'agora à l'époque romaine. La Stoa d'Attale domine le côté oriental de l'agora. Du côté nord, de l'autre côté de l'actuelle rue Hadrien, les fouilles ont révélé une autre grande stoa identifiée comme la Stoa Poikile (à savoir la Stoa peinte, d'après les peintures sur panneaux qui l'ornaient autrefois) et construite en 475-450 av. JC. Au niveau des n°72 à 84 de la rue Adrianou nous pouvons voir les fondations d'un immense temple du IIe s. ap. JC que l'on identifie avec le panthéon d'Hadrien décrit par Pausanias.
Les monuments les plus importants du site sont :
Autel des douze dieux (-) C’est un terrain clôturé avec un autel au centre construit en 522/521 av. JC. Le sanctuaire était un endroit populaire d'asile et a été considéré comme le cœur de la ville, point de départ permettant le calcul des distances par rapport à d'autres lieux.
Tholos (-) Erigé vers 460 av. JC sur un complexe immobilier préexistant du milieu du VIe siècle av. JC ayant un objectif fonctionnel similaire, ce bâtiment circulaire avec six colonnes à l'intérieur, un propylon à l'est (ajoutée au Ier siècle av. JC) et un foyer sacré en son centre, est un des bâtiments publics les plus importants de l'Agora. C'était le siège du corps des cinquante recteurs, c'est-à-dire les cinquante députés d'une des dix tribus, créées par les réformes politiques de Clisthène en 508/507 av. JC. Les recteurs exerçaient l'administration pendant une période de 35 ou 36 jours, après quoi ils étaient remplacés par un nombre égal de recteurs d'un autre clan, de sorte qu'à la fin de l'année, les députés des dix clans alternaient dans l'administration. Les dirigeants dînaient au Tholos et un tiers d'entre eux (soit 17) y passaient toute la nuit pour faire face aux urgences. Dans la Tholos se trouvaient également les poids et mesures officiels de l'État athénien. Il fut abandonné vers 400 ap. JC.
Bouleuterion (-) C’est dans ce bâtiment prostyle rectangulaire que le Conseil de 500 (Boule) tenait ses réunions régulières. En tant qu'organe législatif, le Sénat préparait les projets de loi qui étaient ensuite votés par l'assemblée de tous les citoyens (Ekklesia of the Demos). Le bâtiment a été érigé à la fin du Ve siècle av J.-C., remplaçant l’ancien Bouleuterion devenu trop petit et dont les ruines ont été retrouvées sous le Metroon. Un certain temps les deux parlements ont fonctionné en même temps. La conservation partielle du nouveau Bouleutérion au niveau des fodations rend difficile l'établissement de la disposition des bancs à l'intérieur. Dans la seconde moitié du IVe s. av. JC, l'entrée acquit un propylon monumental d'ordre ionique, se dressant immédiatement au sud du vieux Bouleutérion.
Metroon (-) Ce bâtiment de quatre pièces au propylée ionique érigé au IIe siècle av. JC servait à la fois de sanctuaire de la mère des dieux et d’archives d'état où étaient conservés les démarches des réunions du Conseil des 500 et de divers documents officiels, protégés par la déesse.
Monument des héros d'Eponymous (-) Du monument (350 av. JC), il reste un piédestal allongé inclus dans une enceinte, sur lequel se dressaient les statues en bronze des héros mythiques des dix tribus athéniennes ayant donné leurs noms aux dix tribus d'Attique. En plus de sa fonction honorifique, le monument a servi de panneau de notification officiel de la ville. Il est daté à la deuxième moitié du IVe siècle av. JC.
Temple d'Apollon Patroos (-) Ce petit temple ionique (325 av. JC), avec quatre colonnes ioniques sur sa façade, prit cette appellation car il était le père d'Ion, fondateur des Grecs ioniens, une des tribus d’Athènes. À l'intérieur de la cella se tenait la statue de culte du dieu, conçue par le célèbre sculpteur Euphranor.
Stoa de Zeus Eleutherios (-) La stoa (479 av. JC), au N-E du temple du temple d'Héphaistos, a été dédiée au “dieu libérateur” qui, lors de la bataille de Platées, aida les Grecs à chasser les Perses. On dit que Socrate rencontrait ses amis dans cette stoa.
Stoa royal (Stoa Basileios) (-) La Stoa royale (Stoa Basileios), construit vers 460 av. J.-C., était le siège de l'archonte royal (Basileus Archon), responsable des affaires religieuses et des lois. Dans cette stoa les lois de Solon étaient exposées et le Conseil de l'Aréopage y tenait ses réunions.
Temple d'Héphaistos (***) L'Héphaïstéion (460-420 av. JC), plus connu sous le nom de Théséion, s'élève sur la colline basse de Kolonos Agoraios (Butte de L'Agora) et est le mieux conservé des temples grecs en partie grâce à sa conversion en église chrétienne. Construit par le même architecte inconnu qui érigea le temple de Poséidon à Sounion et le temple de Némésis à Ramnonte ayant une construction similaire, c'est un temple dorique périptère long de 32m et entouré de 34 colonnes (6 en façade et 13 sur les côtés), dont le pronaos (antichambre) et l'opisthodome (partie arrière), tous deux distyle (à deux colonnes) en antis, sont ornés d'une frise intérieure. La frise ne décore pas les quatre côtés de la cella. L'ensemble du bâtiment, de sa base en pierre au toit, était réalisé en marbre produit dans les carrières de la montagne Pendeli (en Attique), tandis que les sculptures architecturales ornant le temple étaient en marbre produit dans les carrières de l'île de Paros. Le temple avait une riche décoration sculpturale comportant des métopes très intéressantes ornant les côtés est et ouest de la colonnade extérieure. Seules les métopes du côté oriental et représentent les neuf travaux d'Hercule, présentent un intérêt particulier. Sur les côtés nord et sud sont représentés quatre des exploits de Thésée, qui sont probablement la raison pour laquelle les gens ont nommé ce temple « Thision ». La frise du pronaos représente la lutte victorieuse de Thésée contre les prétendantes au trône, les cinquante fils de Pallas, avec la participation de six dieux. L'opisthodomos représente le combat des Centaures raconté sur le mur qui fait face à la cella. Des représentations sculpturales remarquables garnissaient jadis les frontons : à l'ouest, la bataille des Centaures, et à l'est, la venue d'Hercule sur l'Olympe ou la naissance d'Athéna. Le temple a été consacré à deux dieux, Héphaïstos, patron des métallurgistes, et Athéna Ergani, protectrice des potiers et des industries artisanales, dont les statues de culte en bronze étaient abritées à l'intérieur de la cella à l'extrémité d’une colonnade formant la lettre pi. Selon le voyageur et géographe Pausanias. Ces statues auraient été créées par le sculpteur Alcaménès, probablement entre 421 et 415 av. JC. Durant la période hellénistique, des buissons ou de petits arbres en rangées parallèles étaient plantés dans des pots de fleurs autour du temple. Ces pots ont été découverts lors des fouilles. L'identification du temple comme "volcan" a été confirmée par les fouilles avec la découverte d'ateliers métallurgiques dans la zone plus large de la colline, éclipsant ainsi les vues antérieures, qui reconnaissaient Thésée, Héraclès ou Arès comme divinités vénérées. Au VIIe siècle ap. JC, le temple fut transformé en église dédiée à Agios Georgios Akamas et resta ainsi utilisé jusqu'à la libération de la Grèce de l'occupation turque et l'entrée du roi Othon à Athènes. Près du temple sont exposés des sarcophages et des reliefs. Au cours du XVIIIe siècle, de nombreux protestants éminents morts à Athènes furent enterrés dans l'édifice, tandis qu'en 1834, il accueillit la cérémonie de la première réception du roi Otton. Le temple fut utilisé comme musée archéologique jusqu'en 1930, lorsque l'École américaine d'études classiques d'Athènes commença des fouilles dans l'Agora antique. Entre 1972 et 1975, des travaux de restauration et de conservation ont été menés à bien à l’Hephaisteion : le quartier a été nettoyé de la végétation et le toit du temple réparé en 1978 par le service archéologique.
Eglise byzantine des Agioi Apostoli Tou Solaki (**) Cette église des Saints Apôtres de Solakis, située en partie sur un Nymphée romain du IIe s. au sud du Portique d'Attale, est l'une des plus anciennes églises d'Athènes (1000-1025). Minuscule édifice en forme de croix, avec narthex, c'était le centre d'un quartier byzantin qui s'était développé dans la région mais c’est le seul monument médiéval de l'agora qui subsiste. Le coupole était soutenu par quatre colonnes. Quatre phases de construction peuvent être trouvées dans le bâtiment, car au fil des années, le temple a été réparé et agrandi à plusieurs reprises. Elle a été restaurée dans sa forme originale dans les années 1954-1957. Les murs, en briques dans leur partie supérieure, s'appuient sur une assise de grosses pierres de taille. Dans la maçonnerie extérieure, des ornements en céramique élaborés de bandes dentées horizontales et de motifs « coufiques » (du nom à l'écriture arabe développée dans la ville de Kufa) sont conservés. Les quelques fresques survivantes dans le bas-côté central de l'église datent du XVIIe siècle. Des peintures murales provenant d'autres temples de la région ont été placées dans le reste du temple comme celles post byzantines provenant de l'église Agiou Spiridona (détruite). Le Saint-Autel et le sol du temple étaient en marbre.
Odéon d'Agrippa (*) Il a été offert aux Athéniens par Marcus Vipsanius Agrippa vers l’an 15 av. JC et était composé d’une salle de concert (odeion) pouvant accueillir environ 1000 personnes et d’un portique. Il a été détruit par un incendie en l’an 267 et remplacé vers l’an 400 par le gymnase. Son côté nord était orné de quatre figurations colossales de géants et de tritons érigés sur de massifs piédestaux récupérés parmi les vestiges de l'Odeion.
Stoa d'Attale (**) Situé près de la chaussée des Panathénées, le portique fut offert en 159-138 av. JC par Attale II, roi de Pergame, comme l'indique une inscription sur le portique de la colonnade inférieure, conservant en fragments : "VASILEUS ATTALOS ATTALOS ET VASILISS APOLLONIDOS" (« Le roi Attale, fils d'Attalos et de la reine Apollonis »). C'est un bâtiment à deux étages, long de 116m, doté de colonnades intérieures et extérieures, doriques et ioniques, derrière lesquelles s'ouvraient, à chaque étage, 21 magasins. Au rez-de-chaussée, la colonnade extérieure était dorique et la colonnade intérieure ionique. À l'étage supérieur, la colonnade extérieure était ionique et l'intérieur avait des chapiteaux de type pergaméen. La Stoa d'Attale était pour les Athéniens un lieu de rencontre, de promenade et un centre commercial de l'époque. Il a été détruit par les Hérouls en 267 ap. JC et incorporé dans le mur romain tardif d'Athènes. Restauré dans sa forme originale en 1953-1956 sur la base des études de l'architecte Ioannis Travlos, il sert actuellement de musée à l’agora où sont exposées les découvertes des fouilles, accessible par la place Théséion et par la rue Adrianou.
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