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ARKADI

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Evaluation : **/***

Remarque : C'est plus beau qu'imaginé. Le détour en vaut la peine. L'entrée est à 500 drachmes (+ 1,50 eur - 60 bef - 10 frf).

 

 

Situé à 24 km au Sud-Est de Rethymno (environs 500m d’altitude), c'est le plus fameux monastère historique de Crète. On ne connaît pas la date exacte de sa construction. Pour certains (tradition), il aurait été fondé par l'empereur byzantin au Vème siècle, pour d'autres, son fondateur est le moine Arcadius dont il tient son nom, mais c'est le XIVème siècle qui reste la date la plus acceptée, peut-être par un moine appelé Arkadios. Le monastère d’Arkadi est un symbole historique des luttes pour la Liberté.

Ce n’est qu’au XVIème siècle (1587) que l'église dédiée au Christ Sauveur (Transfiguration du sauveur) et aux saints Constantine et Heleni, probablement construite sur les vestiges d'une église du XIVe siècle, acquerra sa forme finale de style baroque. Au XVIIIème siècle, le monastère est très riche, ses magasins sont bien remplis et il est connu pour son excellent vin. Sa bonne bibliothèque est aussi fameuse ainsi que l'hospitalité de ses moines. Même si c’est davantage une forteresse qu’un couvent, sa cour intérieure ressemble au style architectural des monastères occidentaux. L'architecture et la fonction du monastère ressemblent aux palais minoens : dans tous les deux, les activités sociales, économiques et religieuses sont combinées. Dans la section nord se trouvent les chambres d’hôtes, les chambres des moines étant localisées à l'étage et celles des serviteurs au rez. C’est aussi à l'étage que se trouve le grenier à grain. Le réfectoire, large pièce où les moines se réunissent pour manger, est situé à côté de la cuisine, de la boulangerie et des magasins. Avant 1866, la salle pour la poudre à canon se situait à l'extrémité sud, mais pour des raisons de sécurité, a été déplacée aux magasins à vin. Au XIXe siècle, le monastère est déjà en déclin et un voyageur australien ne mentionne plus qu'une vingtaine de moine et un état d'abandon général. L'entrée centrale est raffinée et a été restaurée quatre ans après l'explosion de 1866. Par un passage voûté, elle mène à la cour intérieure au centre de laquelle se trouve l'impressionnante église, avec ses deux nefs consacrées à Saint Constantin, à Saint Helen et au seigneur. Terminé en 1587, sa façade montre clairement les différents courants du développement de l'art crétois durant les XVIèmes et XVIIèmes siècles. Dans le coin sud-ouest de l'église, on peut voir un morceau d'icône brûlée ayant survécu à l’holocauste de 1866. L'église est entourée par une grande et spacieuse enceinte et les passages voûtés, avec leurs arches, ont maintenu leur grandeur. Ce monastère demeurant un lieu de pèlerinage, il joua déjà au XVIème siècle un rôle important dans la vie culturelle de Crète grâce à ses nombreux moines copistes, sa riche bibliothèque et son école. L'invasion turque a réduit ses activités culturelles pendant un moment, mais il a pu récupérer promptement et a reçu des turcs un privilège unique parmi les monastères grecques: ils ont permis de sonner les cloches.

En plus d’avoir été un centre culturel remarquable, le monastère a également joué un autre rôle important dans la guerre de l'indépendance crétoise contre les Turcs. Lorsque la révolution est déclarée en 1866, tous les leaders ont choisi Arkadi pour sa position stratégique et s’y sont rendus. Ishmael Pasha envoie un message aux moines et à l'évêque de Rethymno notifiant que le comité révolutionnaire veut que le monastère soit quitté sous peine d’être détruit. Mais le chef des moines refusa d'obéir et l’armée turque (15.000 hommes) assiégea le monastère où beaucoup de femmes et d'enfants étaient rassemblés. Le 9 novembre 1866, alors que les murs sont devenus dégringolant et que les Turcs ont commencé le massacre, un des rebelles, Kostis Giamboudakis, rassembla toutes les femmes et enfants dans l'entrepôt des explosifs et le fit sauter. L’extrêmement violente de l'explosion a ramené le monastère à une pile de blocaille où les rebelles abattirent encore autant de Turcs que possible, jusqu'au dernier Crétois abattu ou fait prisonnier. Par ce sacrifice, les morts d'Arkadi suscitèrent une large prise de conscience dans le monde de la lutte pour l'indépendance en Crète. Des écrivains et politiciens prirent à cœur la cause crétoise, et contribuèrent à forcer les Turcs à quitter l'île 30 ans plus tard. Le bilan se chiffrera à 114 hommes et femmes prisonniers, 864 tués et trop peu de survivants. Les ossements et crânes des martyrs sont aujourd'hui conservés dans l'herôon où l'on peut y lire cette inscription : "Rien de plus noble et de plus glorieux que de mourir pour la foi et pour la patrie. Pour elles, il faut savoir affronter fer, épée et tous les maux". Cet exploit héroïque est considéré comme un des plus grand dans l'histoire de la Crète et a transformé le monastère d'Arkadi en un des monuments européens à la liberté et comme le monastère le plus célèbre de l’île. Comme témoin de la bataille, nous retrouvons encore des trous de balle et des coups d'épée dans la porte et certaines tables du réfectoire.

 

Dans le monastère se trouve un musée où sont exposées d’impressionnantes reliques de l’holocauste et quelques belles icônes. Ces dernières années, beaucoup d'efforts ont été faits pour la restauration du monastère où vivent encore deux moines.

 

 

La gorge d'Arkadi commence au nord du monastère. Certaines parties le long du lit de la gorge sont inaccessibles en raison des cascades et de la végétation très dense. Il est donc possible de marcher le long des rives. La randonnée se termine près du village de Pikris où elle se confond avec la gorge de Gypofarago. Une partie étroite de la gorge peut également être admirée depuis la route menant au monastère d'Arkadi. Vous pouvez ainsi vous faire une idée de ce à quoi cela ressemble simplement en visitant le monastère.