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Eleusis

 

Evaluation : ***

Remarque : Très beau site archéologique aux nombreux vestiges.

 

 

Elefsis (Eleusis, Elevsina) signifie "arrivée". Situé à 23km à l'Ouest d'Athènes, près de la mer, c'était un des centres religieux les plus célèbres de l'antiquité. On y trouve le Sanctuaire de Déméter (Cérès) et de Coré (Perséphone) (plus grand chose), précédé d'un important propylée. Il comprend le fameux Télestérion où étaient célébrés les Mystères d'Eleusis, le temple d'Artémis Propyléa, le puits Callichoros, des «maisons sacrées» et des vestiges de murailles datant de différentes époques. Le sanctuaire était relié à la ville d'Athènes par la Voie Sacrée aboutissant à la Porte Sacrée, dans le quartier du Céramique (Kéramikos). Le musée d'Elefsis renferme des pièces intéressantes provenant non seulement du sanctuaire mais également de toute la région.

Cette éminence naturelle qui contrôle la route entre le Péloponnèse et l'Attique abrita une place-forte mycénienne entre le XVIe et le XIIe s. Plusieurs palais se succédèrent au sommet de l'acropole, parmi lesquels il faudrait reconnaître celui de Céléos, le roi qui offrit l'hospitalité à Déméter et lui construisit son premier temple. La fin de la civilisation mycénienne n'entraîna pas celle de l'occupation du site, où survécut une cité indépendante. Elle conserva ce statut jusqu'à son intégration à la cité d'Athènes sous le législateur Solon (vers 600), qui en fit l'un des dèmes de l'Attique. Dès lors, l'histoire d'Eleusis se confondit avec celle d'Athènes. L'acropole abrita une forteresse et une garnison qui protégeaient la ville du côté de Sparte. C’est côté mer que les Athéniens remportèrent la victoire de Salamine sur les Perses. Aujourd’hui le champ de ruines est situé au milieu d’usines. Envahi par la végétation, ile est difficile à déchiffrer pour le néophyte. Toutefois, l'atmosphère du lieu justifie le déplacement. La visite préalable du musée s'avère utile pour la compréhension.

 

La ville d'Eleusis a été fondée vers 2000 av. J.-C. sur les versants de la colline et s'est développé et enrichi lors de la période mycénienne, grâce à sa position stratégique. A cette époque on y vénérait le culte de Déméter en tant que divinité liée à la nature et à la croissance des céréales. La continuité du culte de Déméter est certifiée jusqu'aux périodes romaines, par la construction de temples successifs sur le versant est de la colline. Pendant plus d'un millénaire les pèlerins affluèrent à Eleusis afin d'être initiés aux Mystères qui garantissaient le bonheur dans l'au-delà. Au VIIIème av. J.-C., le sanctuaire acquière un caractère panhellénique et lors de la période de Solon, les mystères d'Eleusis ont été établis en tant qu'un des festivals athéniens les plus importants. Sous la tyrannie de Peisitratos, le sanctuaire et le site ont été protégés par un massif mur de fortification renforcé de tours. De splendides bâtiments ont été érigés lors des périodes classiques et romaines mais le sanctuaire a été abandonné avec la diffusion du christianisme et plus particulièrement après l'invasion de l'Ostrogoths. Les fouilles commencèrent dès la fin du XIXème siècle. Les trouvailles sont exposées au musée d’Eleusis et au musée archéologique national (Athènes). Les monuments les plus importants du site sont :

La Cour sacrée était l'endroit de rassemblement des pèlerins et se trouvait à la fin de la voie sacrée menant d'Athènes à Eleusis. On y trouvait le « Eschara », structure datée des VIIIème-IIème siècles av. J.-C. avec des autels pour les offrandes aux dieux, et le temple d'Artémis Propylaea, daté au IIème siècle après J.-C.

Le grand propylée, d’ordre dorique, est une copie conforme de la section centrale des propylées de l'Acropole d’Athènes conçus par Mnésiclès. Cette entrée monumentale fut construite en marbre pentélique sous Marc Aurèle (161-180). La façade extérieure comportait six colonnes dont les éléments gisent sur l'esplanade. Sur le fronton se trouvait le portrait en médaillon de l'empereur, visible de l'esplanade à l'Ouest. Les grands Propylées coupent l'enceinte extérieure construite au début du Ve s. av. J.-C. et restaurée par les Romains. Ils doivent occuper l'emplacement d'une porte plus ancienne. A gauche se trouvent les ruines d'une tour rectangulaire qui renforçait l'enceinte extérieure.

Des grands Propylées, on débouchait sur une vaste place intérieure comprise entre deux enceintes, où les initiés étaient rassemblés avant de pénétrer dans le sanctuaire proprement dit. Cet espace, appelé les « Petits Propylées », est encombré par les ruines de logements romains, de magasins et de divers remparts. A droite du chemin, dans une fosse, tronçon du mur de Pisistrate (VIe s. av. J.-C). A gauche se trouve une profonde citerne romaine. Les petits Propylées furent bâtis vers l'an 54 av. J.-C. par le proconsul Appius Claudius Pulcher, ami de Cicéron, sur le site d'une porte fortifiée de l'enceinte du VIe s. av. J.-C. (du temps de Pisistrate). Des éléments de l'entablement gisent à terre du côté ouest : architrave portant une inscription en latin, frise dorique avec métopes ornées de rosettes, l'une d'elles étant accostée d'un triglyphe formé d'épis de blé. A gauche de la Voie Sacrée s'ouvre une profonde et large tranchée où, dans un inextricable enchevêtrement, gisent les restes de constructions ou remparts qui se sont succédé depuis l'époque géométrique jusqu'à la période romaine. Il s'agit des vestiges du mur en briques crues de Pisistrate (VIe s. av. J.-C.), des fondations du IVe s. av. J.-C., de plusieurs piliers carrés d'un grand magasin et des ruines d'une porte, aménagée sous le commandement d'une tour de l'enceinte de Pisistrate dont il subsiste encore un imposant massif de briques crues protégé par un hangar. Le grand mur au-delà de cette tour assez bien conservé, date du temps de Périclès. A droite de la Voie Sacrée sur une terrasse aménagée au pied d'une grande anfractuosité du rocher se trouvent les vestiges du Ploutonéion (cour carrée et puits).

Le sanctuaire des Grandes Déesses, dont l'accès était interdit aux non-initiés sous peine de mort, était entouré d'une haute enceinte fortifiée. Devant celle-ci partait la Voie Sacrée (tronçon sur près de 40m remontant à l'époque hellénistique) reliant le sanctuaire à Athènes. A cet endroit, cette voie traversait la plaine Rharienne, le champ sacré où avait été semé le premier grain donné par Déméter. Un sanctuaire et un autel à Triptolème s'y élevaient. A l'intérieur de l'enceinte sacrée, la physionomie actuelle du sanctuaire est celle de l'époque impériale, après les grands travaux commandités, à partir de 125, par Hadrien, qui y fut initié.

Le Telesterion ou Sanctuaire des Mystères est une grande salle carrée munie de six entrées, deux sur chacun des trois côtés, et huit rangées de sièges le long des quatre côtés où s’asseyaient les initiés (seuls leurs bases sont préservées aujourd'hui). Le centre de la salle était occupé par le « mégaron », l'adyton du culte d'Eleusis, où seuls les hiérophantes (hauts prêtres) avaient accès afin de réaliser les rites mystérieux. Plusieurs phases architecturales sont distinguées dans le bâtiment, allant du Vème siècle av. J.-C. au IIème siècle après J.-C.

Le Télestérion que l'on peut voir est pour ainsi dire la résultante de tous les édifices qui se sont succédé depuis l'époque mycénienne jusqu'à l'ère impériale romaine. Certes, le plan qu'il affectait dans son dernier état à l'époque romaine est le plus apparent mais les archéologues se sont attachés à remettre en place tous les éléments qu'ils ont retrouvés des bâtiments qui s'élevèrent en cet endroit. On verra même dans une des tranchées quelques vestiges du mégaron mycénien, temple primitif qui selon l'hymne homérique à Déméter était situé à l'ombre du palais royal, ainsi que des restes du sanctuaire d'époque géométrique. De ceci, il résulte un extraordinaire enchevêtrement de murs, grâce auxquels on peut cependant retracer toute l'histoire du monument. Pour tenter d'éclaircir la confusion de ces ruines, certaines données archéologiques doivent être précisées. Le premier édifice fut un mégaron mycénien. Ce temple primitif fut plusieurs fois reconstruit sur le même emplacement notamment durant les périodes géométrique puis archaïque. Le Télestérion de Pisistrate lui succéda (VIe s.) et son plan est beaucoup plus apparent: il se composait d'un hall carré de 27m de côté, avec des rangs de colonnes, précédé d'un portique (restes du dallage).

Après le sac du sanctuaire par les Perses (479), Cimon rebâtit la salle en longueur (27m sur 44m), c'est-à-dire la moitié du carré actuel en largeur avec sept rangs de trois colonnes, ce qui l'obligea à tailler les premiers gradins du fond et du côté nord-est. Périclès ramena le plan général au carré en faisant tailler et bâtir à côté du hall de Cimon une salle de même largeur, mais avec quatre rangs de deux colonnes seulement. On ignore si les deux salles étaient réunies ou si elles restèrent séparées par un mur. Au siècle suivant fut ajouté le portique de Philon. Les empereurs enfin unifièrent toute la colonnade intérieure et ajoutèrent des gradins dans le fond.

Les Arcs de Triomphes sont les reproductions romaines de l’Arc d’Hadrien à Athènes, construits en 129.

A gauche des grands Propylées, à un niveau inférieur à celui de l'esplanade, le puits de Callichoron serait, selon l'hymne homérique, le lieu où Déméter se serait reposée lorsqu’elle est venue pour la première fois à Eleusis. Autour de ce puits, les femmes d'Eleusis exécutaient des danses lors de la cérémonie en l'honneur de la déesse. Il est daté de la première moitié du Vème siècle av. J.-C. et existait antérieurement à la construction des grands Propylées dont la marche inférieure fut échancrée afin de ne pas le recouvrir. Derrière le puits, noter le bel appareil polygonal des assises inférieures de l'enceinte de Cimon (Ve s. av. J.-C.).

Le Ploutoneion (VIème - IVème siècle av. J.-C.) est un mur sacré de soutènement autour d'une caverne où, selon la tradition, apparu le dieu Plouto. Une représentation du retour annuel de Perséphone sur terre s’y tenait. Quelques mètres plus loin à droite, un grand escalier rupestre conduit à une petite terrasse où s'élevait un autel. On atteint alors le Télestérion.

Le Megaron Mycénien est un temple rectangulaire possédant deux colonnes sur l'axe longitudinal.

On accède au site par les grands propylées suivi des petits propylées.

Dans une fosse devant le portique de Philon, à l'Est, on verra un tronçon du mur de Pisistrate, avec son couronnement en briques crues. Pour tenir compte de l'agrandissement du Télestérion, Périclès fit reporter la muraille d'enceinte plus à l'Est et au Sud. Plus loin se trouve une base de monument d'époque romaine. Le mur de Périclès se termine par une tour ronde à l'endroit où au IVe s. lui succéda la muraille dite « de Lyrurgue ». Dans cette partie du site se trouvent les ruines de magasins et du bouleutérion du IVe s. Au-delà de l'enceinte, on distinguera un enclos en bel appareil polygonal où l'on a localisé un sanctuaire en activité depuis la fin de l'époque géométrique. Ce petit temple, parfois appelé « la maison sacrée », semble avoir été aménagé dans une ancienne demeure à l'époque géométrique (VIIIe s. av. J.-C.). Lorsque plus tard la maison fut détruite, le culte subsista à la même place et l'on construisit, non loin de là, un petit temple. Le péribole fut élevé au temps de Pisistrate (VIe s.) et une petite construction, qui était sans doute une chapelle, fut édifiée sur les ruines de l'ancienne maison.

En s'avançant vers le musée, on apercevra dans une fosse un tronçon du mur de Pisistrate et du mur de Périclès ainsi qu'un puissant massif de fondations destinées sans doute à supporter une galerie. Ces deux parties du site présentent des vestiges extrêmement parcellaires et n'intéresseront que les spécialistes. Vous pourrez néanmoins grimper jusqu'à l'acropole pour découvrir une vue d'ensemble.

 

Le musée archéologique d'Eleusis (1889) a été conçu par J. Mousis afin de loger les découvertes des fouilles faites sur le site. Le bâtiment a subi une addition postérieure. Parmi les objets les plus importants notons l'amphore d'Eleusis (650 av. J.-C.), le « korè de fuite » (début du Vème siècle av. J.-C.), la statue sans tête de Déméter (fin du Vème siècle av. J.-C.), le « korè de Kistophoros » (Ier siècle av. J.-C.), la statue de marbre d'Antinoos (IIème siècle), la statue sans tête d'Asclépios (IVème siècle av. J.-C.) et le Sarcophage en marbre (IIème siècle).

 

A voir encore à Eleusis.

L’acropole : Par un escalier partant de la terrasse rupestre au pied de l'acropole, on gagnera une esplanade occupée par la chapelle de la Panagia sur le site d'un mégaron romain (belle vue sur le Télestérion). A gauche du campanile on notera les ruines d'un établissement mycénien. Au-delà, ce petit chantier de fouilles est limité par un rempart médiéval qui défendait le sommet de l'acropole.

Le prytanée et la maison des Hérauts : Pour visiter cette partie du sanctuaire, prendre à gauche en sortant des Grands Propylées. Près des vestiges d'un arc de triomphe du IIe s. apr. J.-C. on remarquera un tronçon du rempart de Pisistrate, à l'appareil polygonal très caractéristique. Sous le commandement d'une tour qui renforçait cette muraille, une poterne marque le point d'aboutissement d'une rue antique en usage dès l'époque mycénienne. Elle menait à l'acropole. Suivre la rue en longeant à gauche un bâtiment identifié avec le prytanée et le local (pompéion) où l'on remisait les chars sacrés qui servaient à transporter à Athènes, lors des Grands Mystères, les objets sacrés de Déméter et la statue d'Iacchos. Un peu plus loin, la rue antique s'infléchit vers la droite. Tourner à gauche le long de la maison des Hérauts qui faisait partie des dépendances du sanctuaire. C'est là que se réunissaient les membres de la famille chargée d'assurer la direction des Mystères.

En continuant à droite, on trouvera un sentier moderne tracé à flanc de colline, juste au pied de l'escarpement de l'acropole. Il longe un tronçon de mur identifié avec le mur de séparation, ou diateichisma, mentionné dans une inscription datée de l'an 329-328 av. J.-C., isolant le sanctuaire de la ville.

A l'extrémité de la maison des Hérauts, prendre à gauche pour longer un grand mur et rejoindre les Propylées. Ce mur fut élevé au temps de l'empereur Valérien (253-260) et reliait les grands Propylées au rocher de l'acropole.