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Le Keramikos (***)

 

Le Cimetière du Céramique ou Keramikos (***) est situé au croisement des routes venant du Pirée, d'Elefsis, de Béotie et de l'Académie de Platon. Il comprend les vestiges d'un tronçon des anciennes murailles d'Athènes, avec le Dipylon et la Porte Sacrée, ainsi que l'ancien cimetière d'Athènes, le Céramique. Le Dipylon, ancienne porte principale d'entrée de la ville d'Athènes, était le point d'aboutissement de la route de l'Académie de Platon, et la Porte Sacrée celui de la Voie Sacrée d'Eleusis. Entre les deux portes se trouvait le Pompéion, bâtiment d'où partait la procession des Panathénées. Le cimetière du Céramique s'étendait au-delà du Dipylon. Sa partie la plus importante est l'Allée des Tombeaux, bordée de chaque côté de tombes ayant appartenu à de riches familles athéniennes. Parmi les plus intéressantes, citons celles de Déxiléos, la concession de famille d'Hégéso Proxénos et la tombe de Démétria et Pamphilé. En dehors des murs de ville, de part et d’autre des deux routes s’étendait le cimetière officiel de la ville utilisé sans interruption du IXème siècle av. J.-C. à la fin de la période romaine. Des fouilles systématiques eurent lieu dès 1870. Les principales pièces sont exposée au musée et seulement des copies ornent le terrain. Parmi les monuments les plus importants notons :

- Une partie du mur de Thémistocle (478 av. J.-C.), mur de la ville d'Athènes traversant le site. Construit en 479-478 puis remaniés en 394, il a été doublés d'un mur érigé en 338-326. Ces fortifications se déploient encore sur une longueur de 200m coupées par la porte Sacrée à droite et la porte Double à gauche.

- Le Dipylon (ou Porte Double, 478 av. J.-C.), la plus grande porte de la ville d'Athènes et la plus officielle. Deux portes jumelles fermaient le Dipylon du côté de la campagne et du côté de la ville. Deux passages donnaient accès à une cour intérieure munie de tours à ses quatre coins. Construite sous Lycurgue en même temps que le mur de doublement, la porte extérieure était séparée en deux baies par un pilier auquel se trouvait adossée la base en marbre d'un monument votif. Franchissant cette porte extérieure, on pénètre dans une cour enserrée entre deux épais remparts, d'où les assiégés lardaient de traits les assaillants qui avaient forcé la première porte, comme cela arriva aux soldats de Philippe V de Macédoine en 200 av. J.-C. Du côté de la ville, devant le pilier central, on remarque un autel rond dédié à Zeus Herkéios, Hermès et Akamas, et, à gauche les restes d'une fontaine. Le Dipylon, remplaçant l'ancienne porte de Thria percée dans l'enceinte de Thémistocle et de Conon, s'ouvrait du côté de la ville sur une large artère (39m jusqu'au temps de Sylla), bordée de portiques, qui se dirigeait vers l'Agora. Cette avenue, ou dromos, traversait le quartier du Céramique intérieur et débouchait sur la grande place publique athénienne entre le portique des Hermès et le Portique royal. C’est de cette porte que partait le cortège des Panathénées, le festival le plus important de l'Athènes antique.

- Le Pompeion (Vème siècle av. J.-C.), bâtiment spacieux avec une cour péristyle utilisée pour la préparation des cortèges. Les articles sacrés utilisés lors du cortège des Panathénées étaient gardés à l’intérieur. A noter les traces laissées par les roues des chars. Le bâtiment proprement dit, aujourd'hui réduit aux fondations, date en partie du temps d'Hadrien (IIe s. apr. J.-C.) mais fut bâti sur le site du Pompéion grec du IVe s. av. J.-C. Ce lieu fut dès le Ve s. av. notre ère occupé par un édifice où l'on remisait déjà les chars et les machines employés dans les processions.

- La porte sacrée (478 av. J.-C.), une des portes du mur de la ville construit par Themistocles et permettant le passage du fleuve Eridanos descendant du Lycabette et canalisé dans un aqueduc. Elle donnait accès à la voie sacrée menant à Eleusis. Protégée par deux tours carrées, elle possédait une cour divisée en deux et présente un mélange de maçonneries de diverses époques.

- La célèbre stèle d’Hegeso (410 av. J.-C.)

- Le Taureau de marbre (345-338 av. J.-C.)

- Le « Demosion Sema », cimetière public de la ville, se trouve à l’extérieur de la porte Dipylon. Les tombes ont été construites le long des deux côtés de la route devenue très large (jusqu'à 40m). Une partie de ce cimetière a été mis en évidence en 1997.

- La fontaine hypostyle (307-304 av. J.-C.), située à gauche de l'entrée de la porte Dipylon, offrait un approvisionnement continu en eau aux habitants de la ville et aux voyageurs.

- C'est par la Route de l’Académie, appelée simplement « dromos » dans l'Antiquité, que l'on rejoignait l'Académie, 1,5 km plus loin. La largeur exceptionnelle de cette artère (39m) s'explique par son caractère officiel. C'est en effet sur ses bords que reposaient, regroupés par dèmes, les Athéniens morts au combat ainsi que leurs alliés et leurs généraux. C'est ainsi que Périclès et Clisthène y furent inhumés. A ce jour, leurs tombes, qui doivent se trouver selon Pausanias à proximité de l'Académie, n'ont pas été retrouvées. Chaque année Athènes rendait hommage à ses héros lors de cérémonies officielles, les Epitaphia, au cours desquelles des orateurs de renom tels Périclès ou Lysias prononçaient des oraisons funèbres. Parmi les monuments funéraires identifiés le long de la route de l'Académie figure, à gauche, celui où furent inhumés plusieurs officiers lacédémoniens qui combattirent les démocrates athéniens soulevés contre les Tyrans en 403 av. notre ère. Devant le monument des Lacédémoniens se dresse une des bornes qui jalonnaient le dromos.

- Un bain public du Ve s. (soubassement circulaire) et à côté, un tumulus marquant l'emplacement d'un tombeau du VIe s. Un second, en bordure du ruisseau Eridanos, servit de sépulture du VIIe s. à la fin du Ve s. sans doute à une vieille famille aristocratique athénienne.

- Le sanctuaire des Tritopatores (Ve s.) était dans l'Antiquité entouré d'un mur de briques (on a retrouvé une inscription qui en interdisait l'entrée aux passants). Quant aux Tritopatores, leur identification reste controversée. Il s'agissait peut-être des ancêtres auxquels on rendait un culte.

- La Voie Sacrée, aussi appelée route d'Eleusis, conduisait au célèbre sanctuaire et au-delà vers Corinthe et le Péloponnèse. Sacrée, elle le devenait lorsque le cortège des pèlerins l'empruntait pour aller célébrer les Mystères d'Eleusis. Il partait du temple de l'Eleusinion, traversait l'Agora, puis sortait de la ville par la Porte Sacrée. C'est près de là que furent découverts les plus anciens monuments funéraires. Après avoir dépassé le sanctuaire des Tritopatores, on s'engagera à droite en laissant à gauche à l'intersection un tumulus qui servit de sépulture à une famille aristocratique entre le VIe et le Ve s. Les niveaux inférieurs ont révélé, au cours des fouilles, des offrandes funéraires de l'époque géométrique. De part et d'autre de la voie on découvrira des restes de monuments funéraires dont la stèle d'Antidosis élevée sur un mur polygonal suivie du monument d'Aristomaque, monumental lécythe de marbre. De l'autre côté, presqu'en face du précédent monument, stèle funéraire de Plathanè (copie), accompagnée de son serviteur et de son chien.

- Dans l’Allée des Tombeaux, les concessions furent attribuées à de riches familles athéniennes et métèques à partir de 394 environ. De chaque côté, des enclos renferment plusieurs tombes de formes variées : petites chapelles à frontons ornées de sculptures, stèles à palmettes, sarcophages de brique peints, lécythes ou loutrophores (vases que l'on déposait sur les tombes des célibataires), modestes cippes sur les tombes des esclaves enterrés près de leur maîtres. Les monuments les plus luxueux sont bien entendu antérieurs au règlement de Démétrios de Phalère qui, en 317 av. J.-C., imposa la simplicité.

Un chien couché en marbre de l'Hymette (il devait y en avoir une paire) marque la concession de Lysimachidès (seconde moitié du IVe s.), un bas-relief montre Charon, le passeur convoyant les âmes des morts sur l'Achéron, fleuve des Enfers, un ex-voto représente le banquet funèbre de deux couples aux Enfers (addition d'époque romaine).

Le monument de Dionysos Kollytos est orné d'un magnifique taureau en marbre pentélique.

La concession de Kroibos de Mélité s'orne d'une loutrophore et d'une stèle. Ce tombeau familial est flanqué d'une copie de la stèle d'Hégéso (l'original étant exposé au Musée national).

La concession des frères Agathon et Sosikratès (vers 350) d'Héraclée du Pont (il s'agissait donc de métèques) comprend la très petite chapelle d'Agathon, les stèles à palmettes d'Agathon et de Sosikratès et l'émouvant bas-relief de Korallion qui, dans une scène d'adieu, s'accroche au bras de son mari et lui tient la main.

La concession de Lysinias de Thorikos, avec un héroon en arc de cercle formant le cénotaphe de Dexiléos, le plus glorieux des fils de Lysinias tué à 20 ans en 394 à la guerre de Corinthe. Son nom se retrouve sur le monument public (où il était enterré) élevé au Céramique en l'honneur des cavaliers morts à Corinthe et à Chéronée.